Je suis venu, j’ai vu, ça m’a convaincu. Alors, qu’on se le dise tout de suite : ce film ne révolutionne en rien le genre. C’est de la super-production hollywoodienne (super-héroïque, de surcroît) comme seuls les Américains savent en faire. Discours enflammés, explosions à gogo et vannes bien senties seront donc de rigueur. Rien de nouveau sous les tropiques, me direz-vous, à ceci près que si la forme n’a rien de bien original, le fond, lui, est un tant soit peu plus soigné que les films auxquels on commence gentiment à s’habituer.


Déjà, détail majeur : on a une femme à la réalisation et une autre dans le rôle principal.
Je n’ai franchement rien trouvé à redire à la caméra de Patty Jenkins. Les combats sont bien chorégraphiés et la direction artistique est fantastique, et même si j’ai peine à déceler une véritable âme derrière tout ça, on sent que des efforts ont été faits et qu’il y a une véritable intention de se démarquer de la concurrence. Tant au niveau du rythme que des choix de mise en scène, on reste dans du classique, mais du classique bien réalisé et bien pensé. Je regrette seulement qu’il n’y ait pas eu certaines prises de risques, notamment lors de la scène où les héros arrivent au village : l’occasion parfaite-mais manquée-de faire un plan-séquence à couper le souffle. Que j’ai été frustré !


Côté casting, Gal Gadot reprend le rôle qu’elle incarnait dans Batman vs Superman en effectuant un retour à ses origines. C’est donc une Wonder Woman plus jeune, plus naïve que l’on suit tout au long de son parcours initiatique. Arès, le dieu de la guerre, a perverti et continue (semble-t-il) de pervertir le cœur des hommes : WW a donc pour tâche de le trouver et le tuer pour mettre fin à la Der des ders. Elle quitte son île natale sous le regard attristé de sa mère (Connie Nielsen (Lucilla dans Gladiator), toujours aussi magnifique) en compagnie de Steve Trevor (Chris Pine), espion américain sous commandement anglais. De là, leurs péripéties les mènent de Londres au front français, puis en Belgique. Le film se découpe naturellement selon le rythme habituel scène d’action > scène de blagues > scène d’action, etc. Certaines blagues font mouche, d’autres un peu moins, mais dans l’ensemble, l’élan du film n’accuse aucune longueur. L’intrigue prend le temps de se mettre en place, les personnages principaux sont bien développés mais les seconds rôles un peu moins (comme Robin Wright, méconnaissable sous son costume d’amazone, ou certains membres de l’équipe montée par Chris ).


Le principal intérêt du film, comme je le disais plus haut, vient de sa féminité. Par là, comprendre que c’est le premier film de super-héros à placer en tête d’affiche une femme, forte, indépendante et violente, mais une femme néanmoins. Ainsi, sous ses airs de film à grand spectacle, il ne fait aucun doute que Wonder Woman se pose en film féministe—je veux dire, vraiment féministe. Pas le féminisme bas du front qui cherche à élever la femme en rabaissant l’homme, non. Malgré son statut de super-héroïne et sa vie passée sur une île dépourvue d’hommes, Diana a un côté très humain, radicalement éloigné des conceptions sociales de l’époque qu’elle découvre. C’est d’ailleurs à travers ses réactions sur les mœurs et les conventions sociales qu’on se rend compte de l’absurdité de la lutte des genres.


Pour le reste, la musique est de bonne facture, avec un thème bien trouvé mais malheureusement assez peu présent à mon goût ; les costumes et les décors sont magnifiques, et surtout, les effets spéciaux sont très maîtrisés, à des années lumières du déluge d’éclairs et autres projectiles numériques auquel on avait assisté dans BvS.


J’aimerais qu'on assiste, dans les années qui suivent, à l’arrivée d’autres productions du même genre. Des films qui parviennent à faire prendre conscience des disparités de genre sans pour autant trop mettre l’accent dessus au risque de se fâcher avec une partie de son public. Des films qui ont quelque chose à apporter au-delà de nous en mettre plein les mirettes. Wonder Woman, c’est, pour moi, l’alliance réussie d’un blockbuster et d’un film engagé.

ArthurCamboly
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le 14 juin 2017

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ArthurCamboly

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