Il est difficile de ne pas sortir frustré de Babylon. Le film est grandiose, mais il donne une impression de déjà vu qui nous laisse sur notre faim.
Damien Chazelle montre toute l'étendue de son talent. Les plans séquence, que ce soit la fête dantesque dans le manoir ou l'arrivée dans le set de tournage, sont absolument incroyables de virtuosité au point de faire passer la première scène de La La Land pour une fade bouillie. Margot Robbie est exceptionnelle et porte tout le film sur son dos. Brad Pitt a vraiment attendu la fin de sa carrière pour jouer ses meilleurs rôles, et celui-là est sans aucun doute son plus émouvant. Alors avec ça, difficile de ne pas aimer Babylon.
Oui mais. Ce film, il a déjà été vu, et pas qu'une fois. Il n'est qu'un amas de ce que Chazelle sait faire, en y saupoudrant des références cinématographiques ça et là. Babylon, c'est La La Land dans les années 1920, avec le scénario de Chantons sous la pluie et une grosse patte (ou pied) de Tarantino. Oui, c'est du La La Land : dans la musique jazz, dans la nostalgie d'une époque révolue, d'un âge d'or passé dont on n'a pas assez profité, où une joie excessive fait nécessairement place à une profonde dépression, le tout dans une histoire d'amour évidemment triste au possible. Oui, c'est du Chantons sous la pluie : le scénario est grossièrement plagié, sans que Damien Chazelle ne s'en cache puisque des extraits de ce film sont carrément diffusés. Oui, c'est du Tarantino : les effusions sanguines et d'autres fluides corporels sont légion, et le choix des acteurs ne peut faire que comparer Babylon à Once Upon a Time in Hollywood, dont certaines scènes sont encore plagiées. Margot Robbie qui va voir le film dans lequel elle joue au cinéma, en essayant de se faire offrir la place ? Check. Brad Pitt en vieil acteur blasé qui se lamente d'une gloire passée ? Check aussi. Alors pourquoi avoir fait le choix de ses acteurs ? Et autant Margot Robbie est excellente, autant elle joue le même rôle depuis Le Loup de Wall Street : the Wild Child. Babylon, c'est du réchauffé, et c'est dommage.
Jack Conrad, le personnage de Brad Pitt, s'exclame dans la première demi-heure du film que le cinéma doit se réinventer, qu'il doit trouver de nouvelles formes. On ne peut que regretter que Damien Chazelle ne suive pas les conseils de son propre personnage.