L'origin story d'Harley Quinn dans les années 20

Bon on va commencer d'emblée par écrémer un bon paquet de lecteurs :

Ca y est, Margot Robbie me sort par les trous de nez.

Elle a décidé qu'elle serait la plus grande actrice de l'histoire, et que pour ce faire il fallait jouer h24 l'hystérique névrosée qui se dandine et grimace constamment.

Une infamie. Tout le charme qu'elle avait pu laisser entrevoir dans "Le loup de wall street" s'est effondré. Je peux plus me la voir en peinture.

Achevez-là bon sang.

Le film me paraît impuissant.

Impuissant d'abord à générer une quelconque émotion. Rien ne se dégage de ces personnages assez creux, assez génériques, assez vus et revus. Leurs interactions sont globalement nulles, leurs dialogues attendus et faiblards. 0 Alchimie entre le mexicain et Robbie. C'est une catastrophe atomique. La scène du "te amo te amo te amo" est d'une gênance absolue.

L'utilisation de la musique est faiblarde. On recycle le thème romantique de lalaland jusqu'à la nausée. A chaque fois cette musique est placée pour faire comprendre au spectateur le moment précis où enfin le film décide de prendre un semblant de pause dans son hystérie factice. En gros la musique survient pour te surligner le fait que l'on est dans un instant "intimiste" "émotionnel" "touchant" "humain.

Mais ce n'est jamais la scène, les personnages, ou les situations qui créent ce sentiment, ce qui est un constat d'échec absolu.

Le rôle de Brad Pitt est totalement foiré et en contresens complet.

Il promène une décontraction et un flegme très similaires à ce qu'il pouvait faire dans "once upon a time in hollywood". L'évolution radicale et non préparée de son personnage n'a donc aucun sens, ni aucune crédibilité.

Tarantino sait écrire des personnages et des situations qui pèsent dans le récit global. Il arrive à créer de l'empathie car les situations même farfelues paraissent vraies, sincères. Les persos de Brad Pitt et de Dicaprio sont magnifiques car ce sont des seconds couteaux qui ont admis leur position de loser et en ressortent un peu blasés. Pas besoin d'en faire des caisses avec le plan séquence final de Brad, ridicule, sentencieux et hors-sujet avec l'atmosphère globalement Baz Luhrmannienne de "Babylon".

On est dans le forçage permanent. Je veux en mettre plein la vue. Je veux impressionner. Je veux montrer que je suis le meilleur réalisateur.

On est en plein dans la doctrine de l'intensité permanente, à tout prix.

Des larmes ! De l'émotion ! Des cris ! Du drama ! Des pleurs ! Des engueulades ! Des hurlements ! Que ça vive !

Ptite chronique de Serge Bozon intéressante sur ce sujet de la dictature de l'intensité, mais qui est obligé de scinder sa vision en camps : les pro et les anti intensité. Comme s'il n'y avait pas de médiane entre l'emphase lourdingue et le non jeu/sous jeu / faux jeu bressonnien, rohmerien. Mais j'avoue que la quête d'intensité à tout prix me gave et détruit toute crédibilité. Je ne vois plus que les grimaces et l'artificialité qui horripilaient à juste titre Bresson.

Et ne surtout pas confondre baroque, surréalisme et intensité factice. Fellini, Ken Russell ou Greenaway sont souvent dans la déconnance outrancière certes, mais cela n'empêche pas le subtil, l'intelligence, la finesse pour autant.

La caméra me gave. On confond mouvement de caméras virtuoses et caméra libre de jeux vidéo. C'est même très chiant de si peu voir les films tournés dans la diégèse dans leur style d'époque, t'es obligé de faire des travelling à la Michael Bay tout le temps. Y a même des bizarreries où il te montre les rush des tournages des années 20 dans un style complètement anachronique avec cette camera qui virevolte tout le temps.

Il filme 40 fois le même plan avec ces travelling jusqu'au tube des trompettes.

Il intègre des séquences qui se veulent virtuoses mais complètement déconnectées de l'ensemble (cf la séquence fistinière) et qui du coup paraissent gratuites et inutiles. La séquence d'orgie du départ n'est pas si impressionnante que cela. On perçoit facilement les limitations du décor, finalement très restreint, et globalement tout reste bien sage et bien soft.

Le jeu des mises en abîme est complètement vain. On pompe sur "chantons sous la pluie" pour finir sur le héros qui regarde "chantons sous la pluie" qui lui rappelle les moments de sa vie pompés sur "chantons sous la pluie", en nous remontrant - au cas où on serait trop con pour piger - tous les extraits les plus insipides du film comme si ça n'avait pas suffi de se les taper une première fois. Au secours.

Des incohérences qui sortent du récit : dans "chantons sous la pluie", l'actrice est nulle et sa voix est véritablement horrible. L'acteur aussi est mauvais comme un cochon. On comprend donc la gêne de l'arrivée du parlant. Pas du tout le cas ici, Robbie parle avec sa voix normale, et Pitt fait du Pitt ce qui n'a rien de choquant, donc ça ne fonctionne pas.

On finit sur un montage youtube des scènes préférées du cinéma du real qui correspond au manuel du cinéphile assidu en 1ère année de l'ESRA, qui va te mixer du Godard, du Dreyer, du Kubrick avec du Matrix et du Avatar. Quand j'ai vu les na'vis sur les dragons volants à la con, j'ai cru mourir de honte.

Des images bleues et rouges (mais pas trop longtemps faut pas déconner) pour suffire à se sentir Guy Debord.

Quelle blague.

Sinon y a des scènes qui restent malgré tout impressionnantes et chouettes (les séquences sur les tournages au temps du muet essentiellement).

De sérieux doutes sur Chazelle en tout cas.

KingRabbit
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le 23 janv. 2023

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