La sortie récente de The Lost Bus m’a donné envie de revoir Backdraft, souvenir diffus mais pas désagréable de mon enfance. Parce qu’à part le très réussi Only the Brave de Kosinski et le culte Towering Inferno, on n’a pas grand chose à se mettre sous la dent en termes de soldats du feu au cinéma (Always?). Et que le feu a cette qualité esthétique fascinante, à la fois terrible et belle, et se prête parfaitement au grand spectacle par la simplicité des enjeux qu’il induit.
Et effectivement, la proposition de Ron Howard regorge de brasiers bien filmés, et avec un usage très limité de la CGI qui laisse ainsi la place à une chaleur ressentie. Ajoutez à ça quelques gueules conséquentes de l’époque, et déjà en 1991 des problèmes de coupe budgétaires dans des services essentiels (avec un antagoniste politicien, évidemment), et vous obtenez le spectaculaire escompté.
Sauf que tout ce qui lie les grandes scènes d’incendie est mauvais. On oublie le danger réel et auto-suffisant des interventions pour se concentrer sur une trame de thriller inintéressante, sur fond de deux frères séparés par leur gestion opposée du deuil : celui qui fonce (Kurt Russell , aka Bull, subtil), et celui qui fuit (William Baldwin, un des frères sans charisme). Et ce sur 2h15. C’est long pour brasser du vent, et au final livrer un film de mecs qui parlent avec leur poings parce que c’est des mecs, des vrais, et que les sentiments et la communication verbale c’est pour les lopettes.
J’ai un rapport ambivalent à Ron Howard, qui peut aussi bien sortir des perles telles que Apollo 13, Rush ou Thirteen Lives, que des navets façon adaptations de Dan Brown, Solo, ou Le Grinch. Je me réserve un droit de silence sur Willow que j’adorais enfant, mais que je n’ose pas revoir. Tout cela me fait dire qu’il est simplement un bon faiseur, mais que sa réussite tient surtout à quelques scénarios bien construits.