Basé avec plus ou moins de liberté sur la vie de Bajirao Ier, Bajirao Mastani se focalise sur la dizaine d'années durant lesquelles le peshwa en a fait voir de toutes les couleurs à sa femme et sa famille en s'éprenant de Mastani, la fille musulmane d'un raja auquel il a prêté main forte face aux Moghols. Evidemment on est à Bollywood donc on se doute qu'on ne va pas prendre un cours magistral d'histoire en pleine face, mais le réalisateur Sanjay Leela Bhansali, notamment connu pour Devdas, prend quand même ses précautions en se dédouanant de toute acuité historique dans un message placé au début du film.


Quant à l'histoire avec un h minuscule, disons que le scénariste ne s'en sort pas trop mal. Grandiloquence bollywoodienne oblige, on ne fera pas l'impasse sur quelques passages particulièrement crétins, mais le film sait tout de même se montrer ponctuellement émouvant voire poignant, ce qui n'est pas un mince exploit lorsqu'on s'aventure sur le terrain maintes fois rebattu du triangle amoureux.


Cela dit, si Bajirao Mastani captive, c'est surtout parce qu'il fait étalage d'une flamboyance décomplexée à tous les niveaux. Même lestée de tics d'un autre âge (les ralentis à la Matrix ou 300), la réalisation se met en quatre pour offrir un faste visuel absolument étourdissant. De la première à la dernière minute, c'est un festival, que dis-je une orgie de détails, de couleurs, de décors et costumes tous plus grandioses les uns que les autres. Si mes yeux avaient des mâchoires, elles se seraient probablement décrochées à la vue de l'Aahaina Mahal, théâtre de l'une des plus belles chorégraphies du film, et qui rentre directement dans la liste des décors les plus somptueux jamais créés pour le cinéma.


Et que dire de la photographie, sinon qu'elle témoigne du soin minutieux apporté à la composition de chacune des images de cette fresque romantique. Et qu'elle sait tout particulièrement mettre en valeur des acteurs par ailleurs impeccables : tandis que Ranveer Singh impressionne par son charisme et sa classe, Priyanka Chopra et Deepika Padukone irradient littéralement le film à chacune de leurs apparitions.


A voir donc en HD ou 4K avec le cerveau éteint et en mode cynisme [off], afin de profiter au mieux de ce spectacle inouï et de sa conclusion aussi surprenante et délirante que sublime.

Créée

le 10 mars 2018

Critique lue 450 fois

2 j'aime

magyalmar

Écrit par

Critique lue 450 fois

2

D'autres avis sur Bajirao Mastani

Bajirao Mastani
abscondita
7

Film d'époque

Film d’époque grandiose comme aiment le faire les Indiens. Somptuosité des costumes, des décors, des couleurs chatoyantes ou nacrées ; musique envoûtante ; danse raffinée ou énergique des...

le 18 juil. 2021

3 j'aime

3

Bajirao Mastani
DanielOceanAndCo
4

Critique de Bajirao Mastani par DanielOceanAndCo

C'est amusant de voir comment la bande-annonce a mis en avant les scènes de batailles et les effets-spéciaux alors que ces éléments prennent à peine quinze minutes à l'écran alors que Bajirao-Mastani...

le 4 déc. 2021

2 j'aime

Bajirao Mastani
magyalmar
7

Les bacchantes de l'amour

Basé avec plus ou moins de liberté sur la vie de Bajirao Ier, Bajirao Mastani se focalise sur la dizaine d'années durant lesquelles le peshwa en a fait voir de toutes les couleurs à sa femme et sa...

le 10 mars 2018

2 j'aime

Du même critique

L'Argent
magyalmar
1

Compte dormant

Sans doute fatigué de pondre des drames chiants pour neurasthéniques masochistes, Robert Bresson s'est surpassé afin de nous offrir son ultime chef d'oeuvre, une parabole de science-fiction sous...

le 26 mars 2018

30 j'aime

3

Les Désaxés
magyalmar
5

Huston, le monde Huston

Honnêtement, je pense qu'Arthur Miller aurait pu broder une merveille de scénario en se contentant de la dernière scène dans le désert du Nevada, où tout est dit. Après tout, un bon exemple vaut...

le 2 avr. 2016

23 j'aime

2

Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising
magyalmar
1

Alors c'est ça l'enfer

Refn est un sacré déconneur. Le défi de départ était excitant : écrire un scénario en 5 minutes. Malheureusement Nicolas dut se rendre à l'évidence. Ecrire plus de deux pages en 5 minutes c'est pas...

le 4 janv. 2014

20 j'aime

1