Cocorico ! Clamait le volatile bleu blanc rouge, se dressant sur ses ergots, ravi de voir qu'un animé "made in France" sortait dans les salles obscures. Et le thème retenu, la danse classique, semblait ô combien classieux. Bref, la petite touche culturelle française, le pied quoi !


Las ! La pointe ne fit pas mouche....
Bats le rythme ! Mais bats le rythme ballerine ! A t-on envie de dire au réalisateur.
En effet, si la forme s'avère fort plaisante (les graphismes, textes et autres animations n'ayant pas à rougir face à bien d'autres productions US), c'est le fond qui manque cruellement de rythme et de cohérence.
Le rythme, s'il débute de façon classique (débuts difficiles pour les héros puis envol) se fragmente de façon bien étrange au fur et à mesure que l'épilogue s'approche. Les soubresauts finaux se révélant même ridicules pour certains


(la poursuite de l'héroïne, sur la statue de la liberté en construction, par la méchante mère de sa concurrente, masse en main et toutes griffes dehors !)


, cette outrance gâche le conte.
De la même façon, les facilités scénaristiques entament lourdement la cohérence de l'ensemble. Les changements de comportements de nombre de personnages qui opèrent un virage à 180° pourront laisser perplexe :


le gardien de l'orphelinat, cerbère rougeaud qui devient un gentil papy gâteux ; la concurrente blonde qui abandonne sa place après une danse effrénée de sa rivale, l'héroïne elle-même qui se laisse aller à la facilité alors que danser est son rêve...


Tous ces écueils m'ont fait sortir de l'histoire.


Une incohérence temporelle s'ajoute aux autres : l'héroïne apprend la danse classique de haut niveau en quelques jours (!!). S'il est un domaine où le travail quotidien (voire la souffrance) dans la durée s'avère indispensable, c'est bien la danse classique. La discipline, l'endurance, la force de caractère et des muscles en acier sont indispensables pour développer cette activité... alors parvenir à être retenue dans un ballet, c'est un Everest auquel aspirent bien des jeunes filles en ballerines sans l'atteindre jamais.
Cet animé ne défendra donc pas les vertus de la persévérance (valables dans bien des disciplines artistiques, contrairement à ce que l'on voudrait parfois nous faire croire). Bon courage aux enfants qui voudront se lancer dans cette discipline, bonjour la désillusion ! Ceux qui pratiquent déjà ont dû bien rire.
Vendre du rêve est louable, de l'illusion, c'est déjà moins chouette.


Tant pis pour le thème retenu. En revanche, l'époque avait aussi son lot d’avantages à mettre en avant. Dans ce domaine, l'effort est louable avec des décors assez sympathiques (la tour Eiffel en construction pour l'exposition universelle de 1889, la statue de la Liberté (petit rappel que les USA nous la doivent même si elle était déjà installée à New-York depuis 1886) et l'opéra de Paris (Garnier), des avenues et ruelles de la capitales bien propres (trop ?) sur elles.
Au milieu de ces jolis fonds, le camarade de Félicie, Victor, s'avère attachant mais l'humour qu'il véhicule tombe souvent à plat. L'architecture dans ce domaine n'est pas encore suffisamment aboutie pour rivaliser avec Pixar.


Au final, cette représentation pleine de bonne volonté demeure encore brouillonne. C'est bien joli d'avoir de l'énergie, encore faut-il de la discipline et du travail de la part de la cheville ouvrière. Le maître de ballet aurait dû parfaire son oeuvre.

Apostille
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le 14 janv. 2017

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Apostille

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