Sur la pente savonneuse de l'orientalisme à la française

Les gens ont beau jeu de parler de Rabbi Jacob comme d'un film "qu'on pourrait plus refaire maintenant" alors qu'au fond, il possède une morale très anti-raciste, je trouve que le vrai boss du game c'est Banzaï, un film de Claude Zidi avec Coluche, dont la B.O. de Vladimir Cosma annonce directement la couleur avec sa musique orientale tellement cheap que même les pubs Obaho n'avaient même pas osés.

Le film raconte les aventures d'un employé d'une assurance de voyage (type Europe Assistance) qui doit est obligé de voyager à travers le monde à l'insu de sa petite amie hotesse de l'air. Le film aligne donc les clichés (et les contre-clichés) de carte postale sur les différents pays du monde.

C'est comme voir un mec en train de faire du slalom à grande vitesse entre les sapins : le film commence avec le personnage de Coluche qui aligne des tas de clichés sur les arabes devant ses clients... avant que ça lui revienne comme un boomerang au cours de la deuxième partie du film, avant d'enchainer une histoire se passant dans le Bronx ghettoisé (et pour être franc : New York à l'époque était craignos) et une histoire de coup d'état africain.

Et alors qu'on se dit "whaaa, bravo, il a évité plein de clichés" arrive la dernière partie où le film se prend les pieds dans le tapis et fait un roulé boulé, avec la partie à Hong Kong où s'entremêle accent asiatique infame, histoire de drogue, chinois fourbes, combattant à la Bruce Lee, Pilote kamikaze et le pire affront : ils confondent constamment les chinois et les japonais.

En vérité, c'est pas tant un film sur un personnage raciste qu'un film sur un type qui déteste littéralement les pays étrangers : les gens, la bouffe, les bâtiments, tout . Il faut dire que Coluche plante un employé de bureau d'une compagnie d'assurance-voyage dont les mésaventures des clients ont . Le film est écrit sur mesure pour vendre du Coluche : son physique de français moyen, ses mimiques marrantes, sa façon d'improviser des bobards et son côté pote sympa mais un peu grognon. Apparemment c'est un film qu'il aurait tourné à une période assez morose de sa vie, ce qui ne se voit pas trop trop au final.

Après, personne sort vraiment de son rôle habituel entre Valérie Mairesse qui joue le rôle d'une fiancée gentille mais un peu cruche Zabou Bretman en bonne copine, Marthe Villalonga en maman protectrice, Jean-Marie Proslier en figurant, etc...

Et là, on pourrait se dire que j'ai détesté, mais en fait non. J'ai même pas mal ri. Bon, on est à cette époque où les films comiques français lorgnaient un peu vers le film d'action : on a quelques scènes de cascade

et un plan de Boeing tentant de se poser sur un porte avion à la fin du film qui a du couter cher en maquette.

mais surtout où on n'hésitait pas à tourner à l'étranger et a embaucher des acteurs locaux. Et c'est une grosse plus value, tant ça transpire le décors naturel, c'est limite du plan de

Alors, oui, c'est une sorte de film à sketch où à chaque fois Coluche se retrouve dans un pays différent et se retrouve dans les embrouilles mais les galères fonctionnent entre le chien qui défonce la bagnole, le moment "grosse honte à cause d'un enfant en Tunisie", la panique dans le Bronx, la tronche d'Elephant Man, toute ces stupidités me font rire. Ajouter ça, quelques gags de culs, la gouaille de Coluche et son sens de la punchline et je passe un bon moment.

Et la scène du pilote de ligne japonais qui se croit revenu à Pearl Harbor est surréaliste tant c'est à la fois ULTRA RACISTE mais ULTRA STUPIDE : le mec balance des valises en plein ciel et rigole comme un dément en essayant de poser son avion sur une plateforme bien trop petite. Bravo donc à l'acteur Luang Ham-Chau qui signe une prestation particulièrement hallucinée.

Le film est à l'image de la bande son de Vladimir Cosma : c'est d'un orentialisme tellement outrageux que je l'aime bien au second degrés. Et comme Michel Magne avec les tontons flingueurs, Cosma reprend quasiment le même thème tout au long du film qu'il adapte selon les pays.

le-mad-dog
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le 28 mars 2024

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