Akira Kurosawa... auteur de tant de chef d'œuvres, humaniste, révolutionnaire et universel... Si beaucoup considèrent, à raison d'ailleurs, Les Sept Samouraïs comme son meilleur film, son plus beau reste néanmoins Barberousse.


Yasumoto, jeune diplômé de médecine promis à une belle carrière, est envoyé en visite dans un dispensaire de pauvres, géré par le mystérieux Barberousse. Alors qu’il s’apprête à repartir, il est retenu par celui-ci, qui désire faire de lui son assistant. Réticent et opposé à la volonté de Barberousse (Yasumoto a une vision carriériste de son métier) le jeune apprenti va, à son contact, découvrir la vie, la souffrance, la mort, se délester de ses certitudes, renoncer aux plaisirs matériels… Ce parcours initiatique va alors révéler en lui sa profonde vocation : être au service des pauvres et lutter contre la misère.


Le film adopte ainsi le point de vue de Yasumoto qui va évoluer constamment tout au long de son expérience. Sa transformation intérieure, magnifiquement retranscrite par le travail cinématographique de Kurosawa, se réalise au contact des patients de ce dispensaire et de leurs aventures respectives.
Barberousse, interprété par un Toshirō Mifune plus charismatique que jamais, nous ressort en partie son rôle de Sanjuro : initialement présenté comme une sorte de Barbe Bleue aigri et autoritaire, il apparaîtra progressivement comme un héros idéaliste luttant contre la misère et l’ignorance. A travers son personnage, c’est tout l’humanisme de l'auteur qui ressort, à son plus haut point d’incandescence. Le film est en cela une véritable leçon de vie.


L'histoire est ainsi construite sous la forme d’épisodes, proches de la chronique sociale, extrêmement émouvants, alternant remarquablement les rythmes et les points de vue.
Visuellement, nous sommes là aussi dans le sommet de la carrière du maître japonais : chaque plan est un chef d'œuvre en soi (la mort du vieil homme, la scène du puits, les lumières dans les regards, etc).


Pourtant, Barberousse reste une œuvre assez méconnue et oubliée de Kurosawa. C’est dommage, car il s’agit d’un film sublime, grandiose et sobre à la fois, ainsi que d’une infinie beauté.


En gros, si vous aimez les histoires de médecins, regardez Barberousse ! Si vous aimez les parcours initiatiques, regardez Barberousse ! Si vous ne croyez plus en l'humanité, regardez Barberousse ! Si vous aimez le cinéma, regardez Barberousse ! Si vous n'aimez pas le cinéma, REGARDEZ BARBEROUSSE !

Chlorophylle
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le 4 sept. 2015

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Chlorophylle

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