Le sujet des attentats devient de plus en plus régulier, malheureusement influencé par l'actualité notamment en France avec une multiplication de ce type d'événements dont l'Histoire en retiendra trois principaux : Charlie Hebdo (7 janvier 2015), le Bataclan (13 novembre 2015) et Nice (14 juillet 2016). Trop récent, trop sensible et donc trop compliqué aujourd'hui pour en sortir un film. Mais c'était sans compter sur Hollywood, plus malin que tout le monde, qui a tourné des scènes où on voit une bombe explosé en plein Paris, en même temps que la France pleurait ses morts. Le pire est que cela vient d'un pays durement touché par le terrorisme, le film aurait dû alors tout simplement être interrompu en soutien à une nation en deuil. Par ailleurs, si des films traitant de près ou de loin des attentats en 2015-2016 en France doivent voir le jour, ce seront des films français (et uniquement français) : c'est à la France de s'exprimer sur ces journées noires de son histoire. Tout comme c’étaient aux cinéastes américains de traiter du 11 septembre 2001 !

Quand bien même le film serait bon … mais il est catastrophique ! Complètement déconnecté de la réalité, il enfile les perles : l'attentat en question est politique et franco-français (des militants d'extrême-gauche veulent faire sauter le siège du FN) très loin des attentats de Daech visant les valeurs de la République : un siège d'un journal satirique, une salle de concerts, la fête du 14 juillet … Le ministre de l'Intérieur est un mafieux : il participe à des interrogatoires, il menace des témoins et tue un agent de la CIA. Sans oublier les clichés des Américains : ah Paris ! ces femmes qui se baladent nues à la tombée de la nuit, ces pickpockets et ces manifestations qui paralysent la ville. La manifestation, parlons-en ! Elle doit résulté de la vision d'un Américain arriéré qui est resté bloqué au XVIIIe siècle et du désir le plus fou d'un journaliste de BFMTV. James Watkins modernise la Prise de la Bastille avec une Banque de France où il n'y a que 500 millions d'euros (apparemment, on ne fait plus partie du G7) et un dispositif de sécurité à la mesure de l'événement : une centaine de CRS et une cinquantaine de gendarmes pour bloquer environ 100 000 manifestants qui rentrent dans un des lieux les plus sécurisés du pays, comme dans l'épicerie du coin. La police est montrée comme incapable de gérer la situation alors qu'ironie du sort, c'est elle qui l'a généré : un seul agent de la CIA devance une unité spéciale du GIGN à chaque fois. La CIA n'est guère mieux : leur meilleur agent se fait avoir par un petit escroc local qui se fait la belle à la première occasion ; plus tard, il volera une voiture plaqué or d'un dealer et roule avec dans Paris. Bonjour la discrétion !

Le scénario grotesque les aligne toutes avec le coup du « tout était lié » : le ministre était un voleur, les activistes anti-fachos sont en fait les policiers qui travaillent pour le ministre et enfin la poseuse de bombes était une pauvre fille manipulée.

Pour couronner le tout, un agent de la CIA (Idris Elba), un pickpocket (Richard Madden) et une activiste (Charlotte Le Bon) arrivent à endiguer à eux seuls ce qui s'annonce comme la somme de la Prise de Bastille de 1789 et la révolte de mai 1968. Pour ne rien arranger à l'affaire, le casting franco-américain marche moyennement, à l'exception d'Idris Elba (et encore !) : Charlotte Le Bon est crispante dans son rôle de victime, José Garcia n'est pas crédible du tout en ministre et Thierry Godard ne sait faire que gueuler. Finalement, comme sur la scène internationale, les Américains jouent encore le rôle du « gendarme » en s'occupant de ce qui ne les regarde pas et en sauvant le monde. Le film – lui – n'a pas été sauvé et est mort étouffé sous une tonne d'absurdités. Et puis, pour faire des navets de films d'action, on sait faire en France : pas besoin que Hollywood vienne mettre son nez là-dedans !

Ma critique de la bande-originale du film composée par Alex Heffes :

https://www.senscritique.com/album/Bastille_Day_Bande_Originale/critique/273303552

CharlieVenco
2
Écrit par

Créée

le 29 juil. 2022

Critique lue 8 fois

CharlieVenco

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur Bastille Day

Bastille Day
Vnr-Herzog
3

Elba les couilles

Quand Idris Elba a besoin de payer ses impôts ça ne donne même pas une variation de Taken un minimum sympa, tout juste se réveille-t'on au bout de 65 minutes grâce à une baston un peu sympa (même si...

le 6 sept. 2016

15 j'aime

1

Bastille Day
pierrick_D_
2

Critique de Bastille Day par pierrick_D_

Alors que le 14 juillet approche,une bombe explose à Paris et la tension monte entre la police et les "djeuns" de banlieue.Mais un cow-boy de la CIA déboule et va mettre du désordre dans tout...

le 8 déc. 2020

10 j'aime

10

Bastille Day
Play-It-Again-Seb
5

Peur caricaturale sur la ville

L’objectif du film est clairement de cocher les bonnes cases du film d’action des années 2000 et 2010. Plans aériens de la ville, OK. Montage épileptique, OK. Bastons avec arts martiaux de tous les...

Par

le 23 juin 2022

9 j'aime

18

Du même critique

Le Nouveau Protocole
CharlieVenco
6

Le Nouveau ProtoCornillac

Raoul Kraft perd son fils dans un accident de voiture alors qu'il suivait un traitement dérivé d'un essai clinique. Il n'accepte pas la thèse de l'accident et cherche à savoir si les médicaments que...

le 14 nov. 2022

1 j'aime

Mega Shark vs. Kolossus
CharlieVenco
1

Requin ricain contre robot ruskov

Un requin géant contre un robot géant dans un nanar géant ! On dirait que la saga Mega Shark essaie de repousser un peu plus loin le niveau d'absurdité du film précédent. Le réalisateur ouvre le bal...

le 20 sept. 2022

1 j'aime

Bastille Day (OST)
CharlieVenco
4

Bastille (Bad) Day

La bande-originale du film Bastille Day est composé par le compositeur britannique Alex Heffes qui compose des musiques de film depuis Running Time de S.A. Halewood en 2000. Bastille Day est la 21e...

le 29 juil. 2022

1 j'aime