Il y a plusieurs bonnes raisons d'aller voir le dernier film des écuries DC Comics :


1) Un scénario complexe qui parvient à maintenir un équilibre fragile entre développement des personnages pour qu'ils restent intéressants et respect de leurs attributs et attitudes tirés de la bande dessinée. Pas au iota près, certes, mais suffisamment pour réjouir un fan.


2) Un angle adulte du film.


Ce qui donne un Superman qui se questionne et même qui meurt (fidèle au comic donc), un Batman véritablement violent, aveuglé par ses traumas et sa rage mais qui s'auto-analyse tout de même, une sénatrice qui hésite sur ses décisions et tout un monde qui vénère un extraterrestre comme un Dieu.


3) Et à propos de Dieu, Lex Luthor soulève la question de la tribalité de celui-ci et semble donc dire que chaque ethnie, population ou civilisation à son (ou ses) dieu(x). Que c'est une question de point de vue et donc que ces dieux ethniques ne pas sont le Dieu véritable, la conscience universelle, mais une entité affiliée à un groupe précis. Comme dans l'Ancien Testament par exemple. On peut alors se demander qui est Dieu.
Il joue donc à être un homme au dessus d'un dieu qui serait Kal-El. Il réfute également qu'une entité toute puissante puisse être également toute bienveillante et inversement. Il y a donc là une sorte de questionnement philosophique voire spirituel. L'effort est louable, surtout pour un film tiré de comics.


4) Un bon mélange d'histoires de différents comics : Dark Knight Returns de Miller et La Mort de Superman, par exemple.


5)Un casting globalement en place. Le plus surprenant étant la concordance du physique de Ben Affleck avec le Bruce Wayne des bandes dessinées et des dessins animés. Son jeu minimaliste retranscrit bien l'ambiance de ceux-ci.
Le seul bémol est le rôle de Lex Luthor, qui est un peu trop hystérique. Le trait est un peu trop forcé sur le côté fou, voire loufoque du personnage qui fonctionne mieux quand il est joué plus gravement comme par le passé.


6) Des rôles féminins intéressants avec des femmes qui sauvent les hommes qui sauvent le monde. Donc elles ont un rôle central. Mention spécial au costume de Wonder Woman.


7) Des références externes à l'univers des comics bienvenues, qui renforcent le propos ou simplement amusantes :


-Référence à Excalibur, la légende elle-même mais également le film de John Boorman. En effet, nous voyons à l'arrière-plan dès le début du film, lorsque les parents de Bruce Wayne marchent vers nous, une enseigne de cinéma qui affiche "Excalibur" avec la date de sortie du film. De plus, Clark Kent et Lois Lane sont réunis dans l'eau juste après, au début du film, et une nouvelle fois quand ils doivent cherche dans l'eau la lance kryptonienne, symbole entre Excalibur évidemment et la Lance de la Destinée.
-A côté de l'affiche d'Excalibur il y a celle de Zorro, qui a toujours beaucoup inspiré les auteurs successifs de Batman
-Références à James Bond sur cinq minutes : Tout d'abord Bruce Wayne arrive en Aston Martin à la soirée de Lex Luthor, puis il pose un décodeur qui affiche une minuterie régler sur 07:00, sans raison particulière et enfin il répond à l'employée de Lex Luthor qu'il s'est perdu car il a bu un Martini de trop. Trois marqueurs du personnage de 007 qui nous sont présentés en cascade. D'ailleurs rien d'étonnant quand on sait que Christopher Nolan produit le film, adore la saga James Bond et cite régulièrement On Ne Vit que Deux Fois comme l'un de ses films préférés.


-Des références aux attentats travers le monde, avec le souvenir du 11 septembre qui plane.


On pourra objecter que l'histoire de la création de Doomsday s'écarte de l'originale du comic. C'est vrai mais il faut convenir que ce personnage est de toute façon assez limité donc l'avoir utilisé brièvement n'est pas une catastrophe artistique non plus.
L'écueil du film est ailleurs et est récurrent dans ce type de films. Il s'agit du rythme assez pataud. Des moments de l'histoire sont aussi un un peu vite expédiés comme si les auteurs préjugeaient que le spectateur sait qui est qui et qui vient de quel endroit. Si vous ne connaissez ni Krypton, ni Gotham City, ni Lex Luthor, ni même les effets de la kryptonite, vous allez avoir du mal à suivre. C'est donc un film qui s'adresse à un public qui a un minium de connaissances dans le domaine ou qui ne vient que pour avaler des images. Enfin il y a trop de séquences onirique concernant le personnage de Bruce Wayne. On a même droit à un moment ressemblant à Inception, avec un rêve dans le rêve, qui semble tout aussi forcé et inutile et surtout qui est aussi répétitif que le film dont il s'inspire.
C'est tout de même une œuvre bien ficelée ou toutes les scènes ont leur utilité propre. Il y a manque qui traverse toutefois le film, comme si le potentiel du sujet n'était pas réalisé. Le côté épique est en demi-teinte par exemple. Les auteurs ont poussé l'audace plus loin que d'habitude chez DC mais visiblement ils leur restent encore une belle marge. De ce fait, on a très envie de les voir franchir le pas dans les prochaines productions. Vivement Wonder Woman, Aquaman et Justice League.

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le 28 mars 2016

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Fiuza

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Kelemvor
4

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