Trop ambitieux ?

L’annonce de Batman V Superman m’avait laissé un peu perplexe. Je ne savais pas trop quoi penser à l’idée de voir les deux héros réunis aussi tôt sur grand écran et qui plus est, de les voir « s’affronter ». Ce qui fait que je suis arrivé devant le film avec pas mal d’attentes, mais en sachant que ça risquait d’être bizarre. Et au final, c’est vraiment le terme qui me vient à l’esprit et que je trouve le plus approprié.

Le début du film, qui remet en scène le combat final de Man of Steel entre le général Zod et Superman du point de vue de Bruce Wayne, que j’ai trouvé bon, aurait pu représenter un excellent point de départ à un premier (nouveau) film solo pour Batman. Le film commence donc par introduire le personnage de Bruce Wayne/Batman, que je trouve plutôt bien incarné par Ben Affleck qui donne au personnage un visage différent de ceux de ses prédécesseurs. Même si certaines lacunes se font ressentir dans l’écriture, notamment pour le côté Bruce Wayne, il représente un Batman brutal qui nous amène à se poser des questions morales sur les justiciers, notamment par son extrême violence (il marque les criminels au fer rouge, il se retrouve plus ou moins directement amené à tuer…), tout comme Superman (rôle toujours bien tenu par Henry Cavill) qui est sujet aux interrogations de la population quant à sa « déification ». Globalement, la réflexion est intéressante.

Le problème, c’est que le film est trop ambitieux. Il y a trop de choses dans le film, et le résultat est un peu brouillon. Le scénario est un peu bancal (ce à quoi on pouvait s’attendre) ; les rêves/visions disséminées dans le film, les vidéos « teaser » des prochains films DC et le personnage de Doomsday, reparti aussi vite qu’il est arrivé, participent à l’impression de grand bazar. Sinon, le combat entre les deux héros parait un peu près crédible, grâce au contexte qui permet d’oublier un peu que Superman pourrait sans problème neutraliser le Bat, et aux incroyables gadgets indissociables du personnage de Batman. Par contre, les raisons qui les poussent à s’affronter ne me paraissent pas assez profondes pour qu’ils s’en veuillent à mort aussi vite. Et de même, la « réconciliation », même si elle n’est pas totalement absurde, me paraît bien rapide.

En revanche, la scène de combat de Batman pour aller sauver Martha est très réussie, sans doute la meilleure du film pour moi. Ses déplacements étaient déjà impressionnants dans la scène où il fuyait les deux policiers ; il l’est encore plus ici. C’est dommage qu’ensuite il paraisse ridicule et totalement impuissant dans la scène de combat finale à côté des superpouvoirs de Superman et Wonder Woman. Cette dernière fait d’ailleurs une entrée plutôt réussie, autant que possible au vue de la rapide introduction de son personnage. La musique est très réussie pour le côté épique de la scène. D’ailleurs, Hans Zimmer n’a pas perdu la main, et les thèmes, notamment celui de Lex Luthor (« Red capes are coming »), correspondent très bien à l’ambiance du film. Le personnage de Luthor, interprété par Jesse Eisenberg, est plutôt réussi en passant.

Finalement, je suis plutôt déçu par le film, même s’il y a des raisons d’être optimiste pour la suite. Il aura manqué au minimum un film solo à Batman avant de commencer à réunir les héros en vue du futur Justice League. Je pense que DC s’est un peu précipité. Le fait est qu’avec la trilogie de Nolan, il fallait réintroduire un nouveau Batman. Et DC ne voulait sans doute pas perdre plus de temps dans son duel à distance face à Marvel, qui s’y est pris bien plus tôt, et qui est maintenant bien plus avancé, tout en ayant pris le temps de préparer le terrain pour Avengers et pour les phases suivantes. De plus, même si les films de super-héros remplissent les salles en ce moment, ils ne sont pas à l’abri d’un futur sentiment de lassitude du public. En tout cas, je suis curieux de voir ce que donneront les prochains films de la franchise. Le côté plus sombre, tranchant avec l’ambiance des films Marvel, et la vision de Snyder ne sont certainement pas à délaisser et peuvent réserver de bonnes surprises à l’avenir.