Alors que Marvel Studio inonde nos salles de ses films, DC est, de son côté, resté pour le moins très timide, se reposant sur le succès relatif de Man Of Steel, la trilogie Batman de Nolan, et quelques autres films que l'audience aura vite fait d'oublier une fois visionné. Nous voici de retour dans le monde de l'homme d'acier avec Batman V Superman : l'aube de la justice, mettant en scène son affrontement avec le Bat-Justicier. En plus de devoir développer la suite des aventures de Superman, ce film doit, au passage, développer le personnage de Batman (rien que ça...), créer les enjeux d'un affrontement au sommet, réussir à les rallier sous un seul étendard, le tout en introduisant en toile de fond tous les personnages nécessaires à la formation de l'équipe de héros DC : la Justice League. Avec cette pression colossale sur ses épaules, et une campagne de publicité des plus agressives, nul doute que ce Batman V Superman était attendu au tournant. Verdict ?


Si l'on se limite uniquement aux objectifs fixés à la base, on peut dire que le film remplit plutôt bien son rôle. Le rythme est assez soutenu, le but étant de garder le spectateur dans la course tout au long de l'aventure. Pour cela, un habile dosage d'effets visuels avec des combats filmés avec une justesse incroyable. Une chose est sûre, avec ce film, on s'en prend plein la rétine ! Dans la juste lignée de Watchmen, Man Of Steel ou 300, Batman V Superman transpire un sens de l'esthétique visuel qui lui est propre, que ce soit dans les éclairages, les partis pris de mises en scènes, les costumes, le son... Tout est agencé dans une cohérence qui frôle le sans faute. A grand renfort d'effets spéciaux, le rendu est incroyable, et donne une véritable profondeur à ce duel épique impliquant les deux légendes de l'univers DC.


Ces deux légendes qui d'ailleurs, sont sévèrement remises en question dans cet opus, constituant un aspect intéressant de Batman V Superman. Un film qui développe le personnage de Superman dans la seule direction qui lui donne une réelle profondeur : Avons nous besoin de Superman ? Déjà abordé dans Superman Returns, cette thématique est ici reprise et est même mise au cœur de l'intrigue. Muni d'une symbolique très forte, le film va transporter cette réflexion sur les épaules d'un personnage dont tout le monde doute du bien fondé, et qui va débuter un véritable parcours initiatique, lui faisant découvrir sa mission d'un œil nouveau. Ici, les deux facettes du personnages (Clark l'homme, et Superman, le héros) tendent à se développer d'une manière à pouvoir tracer une certaine ligne entre l'humain, et son alter égo. On va suivre peu à peu les effets du regard que lui porte cette société, du poids que cela constitue d'être Superman. Une démarche intéressante et qui n'est pas dénuée de sens, mais qui peine toutefois à trouver sa place au milieu de tous les développements narratifs successifs.


Parlons un peu d'un des enjeux majeurs de ce film, à savoir le Batman. Il est toujours délicat de réintroduire un personnage dans une histoire en sachant que la plupart des spectateurs connaissent déjà toutes les facettes et la complexité de ce personnage. De ce point de vue là, le film ne s'en sort pas trop mal, Batman étant peut être le personnage le plus aboutit et le plus approfondi de l'histoire. Sa personnalité presque schizophrénique et ses tourments oniriques le rendent vraiment crédible, en plus de donner au film une de ses meilleures scènes sur le plan visuel.


Il s'agit bien évidemment de la scène où Batman combat une multitude d'ennemis dans son rêve, alors que Superman est devenu une espèce d'entité régnant sur terre, symbole de la peur la plus profonde du chevalier à la cape. Dans cette séquence, tout est absolument parfait, des bruitages à la moindre chorégraphie, la fluidité étant bien évidemment au rendez-vous, et le sentiment presque chaotique qui s'en dégage épouse à merveille l'état d'esprit dans lequel se trouve Bruce Wayne à ce stade de l'histoire.


En revanche il est difficile de s'imaginer Batman s'infiltrer quelque part avec un costume pareil. L'ensemble tient plutôt du catcheur en fin de carrière aux allures de gorille, plutôt qu'au super héros masqué faisant régner la justice dans sa ville. Ben Affleck tient la route tout le long du film, rabattant le caquet de ses détracteurs les plus catégoriques.


Celui dont la prestation est en revanche beaucoup plus nuancé, c'est bien Jesse Eisenberg, incarnant ici Lex Luthor, ennemi juré de Superman. Si ses premières apparitions frôlent parfois la bouffonnerie et laissent le spectateur dans un profond malaise tant il peine à convaincre, ses apparitions plus tardives elles, sont beaucoup plus convaincantes, et parviennent à instaurer un véritable climat de terreur et d'angoisse autour de ce personnage mystérieux et profondément névrosé.


Seulement, à trop vouloir en faire, le film va, à la manière de son prédécesseur, Man Of Steel, privilégier l'exercice de style visuel au développement de son histoire. En effet, il ne pose aucun enjeux, ou alors très peu, et nous présente des séquences de combats qui s'éternisent et ne constituent pas un grand intérêt si ce n'est démontrer une certaine technique dans la réalisation. Le film aurait gagné à être plus synthétique dans les affrontements, et peut être plus bavard vis à vis de certains personnages, véritablement mis en retrait, voir même oubliés.


En un mot, le film est beaucoup trop inégal. Bénéficiant d'une véritable réalisation coup de poing, et d'une photo impeccable, le scénario est vraiment mis de côté, écrasé par un rythme qui presse beaucoup trop le pas, donnant lieu à des retournements de situations vraiment peu crédibles, et des raccourcis assez faciles. On manque presque de trébucher dans le dernier quart d'heure tant il a fallu pallier à cette surabondance d'action et de spectaculaire, dans une ultime séquence pouvant résumer à peu près toute l'histoire, et dont l'unique but est de préparer la suite des évènements.


En bref, Batman V Superman n'est pas un mauvais film en soit, mais il souffre beaucoup trop de cette volonté de vouloir concentrer toute cette "pré Justice League" en un seul film, tout en développant une véritable problématique autour du personnage de Superman. Toute cette trame aurait peut être gagné à s'étirer sur un ou deux autres longs métrages, gagnant ainsi des enjeux de taille à la création d'une équipe de héros, à l'image des Avengers. En revanche, difficile de rester de marbre devant ces images saisissantes. Amis des films de bastons bien filmés qui veulent s'en mettre plein la vue, foncez, ce film vous est clairement dédié.

Lestiboudois
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le 25 mars 2016

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Lestiboudois

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Kelemvor
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