On n'est pas dans "La grande Evasion", fini de rigoler. C'est basé sur des faits réels, en plus. Je vous défie de ne pas verser une larme pendant la grandiose bataille finale.

Je connaissais cette île juste par quelques photos fascinantes et énigmatiques vues il y a longtemps. Maintenant, je connais mieux une partie du sombre passé enfoui sous cette lugubre île bétonnée envahie par la végétation : une mine de charbon exploitée par les Japonais grâce à des milliers de travailleurs forcés coréens et chinois.

Les Japonais accusent le réalisateur d'exagérer l'aspect concentrationnaire de l'île et les maltraitances (euphémisme). Mais il y a quand même eu 120 morts, donc on se doute bien que les conditions de travail ne devaient pas être idéales. Et vu comment les autochtones étaient traités pendant l'occupation japonaise de la péninsule corénne, je ne peux pas croire que les exploitants de la mine prenaient soin de travailleurs forcés issus d'un peuple qu'ils méprisaient profondément.

L'histoire suit un schéma narratif très classique, avec les 3/4 du film occupés par la présentation de tous les personnages et leurs liens, et le dernier quart consacré à la préparation de l'évasion et la bataille. Les personnages sont eux aussi très classiques, avec les travailleurs forcés qui ne pensent qu'à survivre, un jeune partisan héroïque infiltré qui va les mener, le traître coréen qui collabore avec l'ennemi et s'enrichit de la mort de ses compatriotes et les horribles Japonais qui deviennent de plus en plus cruels à mesure qu'ils sentent que la fin de la guerre approche. Hwang Jung-min joue un père de famille débrouillard pas du tout héroïque qui ne pense qu'à protéger sa fille mais va finir par s'impliquer et jouer un rôle essentiel dans l'évasion.

C'est très violent, sanglant et la bataille finale est épique. L'irruption inattendue d'un extrait de la B.O. de "Le Bon, la Brute et le Truand" (la scène du cimetière) en pleine évasion m'a brièvement mais désagréablement sortie du film. Quelle drôle d'idée !

Sinon, comme d'habitude avec les Coréens, les acteurs sont parfaits, enfant compris.

La fin est édifiante. En enchaînant le plan ultime de l'explosion de la bombe sur Nagasaki avec un texte en début de générique rappelant l'absence d'excuse et d'indemnisation de la part du Japon, le réalisateur met Américains et Japonais à égalité face au devoir mémoriel.

Mairrresse
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le 16 avr. 2025

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