Ari Aster continue sa petite révolution en refusant de rester dans les terrains qu'il a déjà exploré et se lance dans une comédie cryptique dont le final renoue un peu par certains aspects avec Hérédité.
Déjà, le film est drôle. Il y aura même plusieurs séquences de fous rires. Nous étions 8 dans la salle de projection et tout le monde riait aux mêmes moments, donc l'aspect comique est validé. Il s'agit d'ailleurs d'un ressort comique inhabituel qui mélange habilement les genres et qui se trouve merveilleusement exploité : on rit des malheurs de notre protagoniste, constamment malmené par une foule de personnages plus ou moins hystériques et d'un scénario vicieux qui exploite absolument toutes ses situations pour faire empirer un peu plus la situation, jusqu'à de réguliers climax où angoisse, malaise et fou rire se mélangent et nous offrent de l'inédit. Dans une catégorie où je crois que seuls des cinéastes comme Todd Solondz ou Sam Mendez ont réussis à performer. Il s'agit clairement d'un des films les plus frais de l'année et cet acharnement absurde sur ce personnage parvient à la fois à nous faire rire et à nous le rendre attachant, tout en lui faisant traverser une foule de situations qui aborderont différentes thématiques et émotions propres à remplir la séance et honorer le pacte d'expérience cinématographique. Car c'est bien une expérience, et les nombreux hommages à Gaspar Noé qui jalonnent ce film ne sont pas là par hasard. Un peu comme Midsommar qui nous offrait un film horrible en lieu d'un film d'horreur, Beau is afraid réussit à faire de l'horreur comique sans lorgner vers des références de la comédie horrifique, mais en créant sa propre atmosphère, constamment sérieuse mais donc les excès de pression culminent au point de créer le fou rire. A ce titre, l'apparition de Denis Ménochet dans un rôle absurde qui parodie nombre de ses performances de méchants est un régal, une menace aussi absurde que sérieuse.
Beaucoup de chose à dire sur les différents thèmes et ce qu'il y a à tirer du film (thématiques sur le deuil, la virilité, l'injustice, l'aspect complot où tout finit par se rejoindre...) et quelques clins d'oeil (dont une allusion à Funny Games dans ce que le film avait fait de pire), mais je deviens vieux, un peu la flemme de tout décortiquer ici sachant que le film donne beaucoup de matière et mérite surement plusieurs visionnages pour se livrer entièrement. Toutefois vous pouvez y aller serein, c'est un mélange des genres de haute volée qui réussit clairement son entreprise. Pourquoi 7/10 alors ? Je n'aime pas l'humour absurde, et la dernière heure (sur les 3 quand même) m'a nettement fatigué malgré son grand huit émotionnel.