On ne peut pas dire qu’Ari Aster se complaise dans la facilité tant ses productions lorgnent vers l’imprévisible et l’étrange. On a beau s’y préparer au vu de son passif fructueux, Beau Is Afraid est une épopée aussi absurde que dramatique, harassante pour le spectateur du haut de ses trois heures hallucinatoires et cauchemardesques. Phoenix, en quinqua en crise existentielle, donne une énorme plus-value au film, perdue dans ces séquences surréalistes. Sa paranoïa l'entraîne dans une successions de mésaventures anxiogènes et étranges, soulignant le naufrage de sa détresse mentale suffocante. Aster aime malmener son public et, malgré les réactions hilarantes de son acteur, rend ce visionnage inconfortable et terrifiant. La musique y est sinistre, et le rythme persécutant, à l'image du Mother! d'Aronofsky, au milieu d'éclats de voix, incompréhensions nerveuses, persos agressifs, et brutalité soudaine. C'est une expérience cinématographique et un véritable cheminement à travers l'esprit loufoque d'Aster (non exempt d'idées douteuses et gênantes), qui aurait pu être plus concis. En effet, certaines déambulations, comme ce segment animé parmi la troupe de théâtre, cassent le rythme en dépit d'une excentricité captivante entre Van Dormael et Anderson. On peine alors à vraiment vivre le parcours psychologique de Beau, régulièrement parasité par des éléments improbables dans cette tragi-comédie.