Collateral beauty met en scène le fondateur d'une grande agence de marketing, Howard (Will Smith), s'effondrant complètement après le drame de la perte de sa fille de 6 ans. Ses amis proches (Edward Norton, Kate Winslet et Michael Pena) et associés dans la boite commencent à prendre peur quand la gestion de celle-ci est complètement délaissée et que les clients fuient comme des rats logeant sur le Titanic... Howard a fondé sa société sur trois concepts : l'amour, le temps et la mort qui représentent à son sens les éléments qui font que l'être humain vit et entreprend des réalisations dans sa vie. Ils vont donc engager une troupe théâtrale (Keira Knightley, Helen Mirren et Jacob Latimore) afin d'incarner ces trois concepts et de faire croire à Howard que l'univers lui répond...
Alors honnêtement je trouve que le postulat de base est génial dans sa construction d'autant plus que les trois amis entourant Howard ont chacun un problème dans leur vie qui les lie au concept incarné par les personnages de la troupe de théâtre... Edward Norton suite à un divorce épineux voudrait retrouver l'amour de sa fille tout en tombant amoureux de Keira Knightley incarnant... l'amour! Michael Pena est atteint d'une maladie mortelle et se retrouve lié à Helen Mirren pour le guider. Helen incarnant la mort bien évidemment. Et Kate Winslet fait face à un problème d'horloge biologique pour pouvoir encore répondre à son envie d'avoir des enfants. Elle se retrouve connectée à Jacob Latimore (un chanteur rnb apparemment... inconnu au bataillon pour ma part)!
Cool assemblage qui aurait pu donner une mécanique se retournant contre les personnages et les faisant se faire prendre à leur propre jeu mais malheureusement on en est loin... Pourquoi? Parce que tout a un côté faux, tout semble forcé et à aucun moment les choses ne semblent se passer naturellement. Le casting riche en acteurs 5* n'aide pas à dissiper ce côté fake, que du contraire... Le problème vient aussi du fait que les amis ne cherchent plus à aider Howard dans son deuil mais cherche à le piéger pour pouvoir vendre les actions de la société à un gros groupe et ne pas se retrouver à la rue. Alors cela ne sert au final pas à grand-chose dans le scénario mais par contre cela change terriblement le ton de l'histoire! Au lieu de se retrouver face à des amis bienveillants, on tombe dans la trahison... C'est un choix que je ne comprends pas, parce que le plan en plus est terriblement pourri. Le but est de faire péter un câble à Howard afin de le capturer sur images où l'on modifiera ces dernières en supprimant les incarnations engagées... Sérieusement les gars? C'est le meilleur plan que vous ayez trouvé???
L'aspect décevant, c'est que les interactions entre Howard et les concepts de vie régissant le cosmos sont terriblement peu marquantes. Oui, elles ont un gros côté sympathique et sont même drôles (pour le spectateur) mais terriblement courtes et au final ne sont qu'un gros échange de banalités... Alors oui, les banalités sont généralement de grandes vérités mais face au chagrin d'un homme, ce ne sont que des mots dénués de signification... J'aurais aimé, tant qu'à faire, que les concepts prennent Howard par la main et le mette face à face avec des situations vécues par d'autres (qui auraient été des trucs montés en studio avec l'aide des autres) mais qui aurait refaçonné Howard petit à petit. Ca aurait été tellement plus intéressant. Mais bon... les trois acteurs de théâtres auront gagné les 20K les plus faciles de leur carrière au final... Tant mieux pour eux, tant pis pour nous!
Alors malgré une réalisation inintéressante (aucun plan très intéressant si ce n'est des chutes de dominos, aucune esthétique particulière, pas de décor alléchant, pas de musique enivrante), le robinet à larmes s'ouvre facilement. Mort d'enfant, amour perdu, amour retrouvé, la vie, la mort, tout ça, tout ça facilite le transit et malgré les gros défauts du film, on garde néanmoins une empathie pour le drame vécu par Howard et la lente reconstruction de son acceptation face à la vie.
On pourra se poser la question finalement sur ce qu'est la beauté cachée dans cette histoire et chacun pourra y voir un peu ce qu'il veut. Pour ma part, j'ai juste vu un film qui avait un postulat de base assez incroyable mais dont une réalisation carrée aura gâché son plein potentiel...