--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au onzième épisode de la huitième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfères juste le sommaire de la saison en cour, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/soul_s/3323463
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Bon. Eh bien nous y sommes. Tim Burton au mois-monstre. Le plus surprenant finalement c'est que ça n'arrive que maintenant. L'explication est toute simple : je ne regarde jamais au mois-monstre de film que j'ai déjà vus. Hors, Tim Burton, c'est mon premier amour du cinéma. J'ai tout vu. Enfin presque tout vu. Ce que je n'ai pas vu, c'est un accident. Beetlejuice, c'est un gros accident, je vous l'accorde. J'étais donc excitée comme une puce de découvrir ce soir ce qui est en plus à peu près le premier film de Tim Burton (c'est à dire que Pee-Wee's Big Adventure c'est très mignon mais c'est plus ou moins un film de commande, et qu'avant ça il n'y avait eu que des courts-métrages, certes dont Vincent et Frankenweenie que j'aime de l'amour le plus profond, mais bon bref), en tout cas celui qui lui donnera sa notoriété. Après ça DC lui file les rennes de Batman, et ensuite c'est Edward aux mains d'Argent et roule la filmographie du génie (jusqu'à un certain point mais là bon, on s'éloigne très fort du sujet). Et donc tout ça pour expliquer pourquoi j'ai beaucoup de mal à admettre la réalité : c'est pas très bien en fait, non ? Je veux dire, c'est encore les années 80 qui ressemblent à une parodie d'elles-mêmes, la maison pavillonnaire, le petit couple propret, les coupes de cheveux improbables. Ca devient lassant. C'est encore un film familial spooky pour Halloween. En soit je n'ai rien contre le principe, mais je commence à m'en être farci une pelletée dans ce genre là, et, navrée, mais celui-ci est en bas du classement. C'est lourdingue, grossier, sexiste (le premier qui me dit "rhooo ! mais c'était l'époque" il dégage), très souvent gênant au lieu d'être drôle, très souvent drôle au lieu d'être effrayant, bref, bref, Tim Burton, mais qu'est-ce qui se passe ? Je vais le dire, voilà, je le sais ce sera désormais ma hot take la plus compliquée à assumer mais voila : je trouve que Dark Shadows c'est mieux de Beetlejuice. Fiou, je me sens mieux maintenant que je l'ai dit.
Seul point positif au tableau : j'aime bien le renversement de l'histoire typique originale. On n'est pas du côté des humains qui tentent d'exorciser leur maison, mais de celui des fantômes qui tentent de conserver leur maison, et ça c'est malin et (à ma connaissance) inédit. Passé cette idée de base ce n'est pas très inspiré (on a déjà vu le gag des draps dans Sylvie et le fantôme, mais en mieux) ni très cohérent (je n'oublie pas, quand la conseillère dit "ah oui c'est très bien ces têtes effrayantes !" devant les têtes en pâte à modeler que viennent de se faire les deux apprentis fantômes, qu'elle a dit 15 minutes plus tôt "mais vous êtes complètement cons, ils ne vous voient pas, ça ne sert à rien de vous couper la tête pour les effrayer !"... A ce niveau là même ma conseillère Pôle Emploi est plus compétente). J'exclue quand même au désastre une Winona Ryder qui, malgré une coupe de cheveux désastreuse, crève l'écran, et un Danny Elfman déjà au sommet de son génie (mais au tout début de sa gloire). Le film est donc un tremplin, au sens propre du terme : ce n'est pas très beau ni très intéressant un tremplin, mais si c'est pour permettre à Winona Ryder, Tim Burton et Danny Elfman d'atteindre la gloire et d'avoir la carrière prolifiques qu'ils ont eu, alors on peut pardonner au tremplin laid et ennuyeux d'avoir existé.