"Before I Disappear" de Shawn Christensen, c'est un film qui raconte beaucoup de choses, des choses tristes ou taboues, de la drogue à l'enfance, de l'amour à la violence. C'est des sujets auxquels vous allez être confronté pendant 90 minutes, impuissant face à l'enfer quotidien que subit le protagoniste, incarné par le réalisateur lui-même et dont l'interprétation est quasi-parfaite.


Il est nonchalant, gros fumeur et drogué mais dégage cette aura de bienveillance, presque de naïveté qui le rend attachant. Il possède aussi un téléphone fixe rouge, qui ne s'arrête jamais de sonner et qui a une sale tendance à le faire quand son propriétaire est dans sa baignoire, ce téléphone c'est son salut, c'est lui qui en l'espace de quelques secondes va bousculer sa vie et c'est très certainement le message que voulait faire passer Shawn, votre quotidien peut d'un jour à l'autre, sans aucune raison apparente prendre une toute nouvelle direction et vous sortir d'une routine malsaine qui vous ronge d'heure en heure.


Lorsque Richie retrouve sa nièce, après 5 ans, sa réaction est neutre, aucune émotion, un seul geste, allumer sa cigarette. C'est un choix technique qui fonctionne parfaitement, il renforce le personnage de Richie et le fait qu'il n'a aucun objectif, que si il a une raison de faire tout ça, lui-même ne la connait pas. Sa nièce, tout à fait détestable et s'adressant à lui comme à un chien vous allez la détester, c'est l'enfant "parfait", bon partout, bien organisé et faisant ses devoirs à la moindre seconde de libre. Être supérieur du haut de ses 9 ans, donnant des ordres à tout va sans aucun respect de l'autre et auquel Richie se soumet, prenant sur lui, sur ce qu'il a fait et ce qu'il mérite.


C'est fort parce que c'est sobre, parce que vos préjugés sur les personnages sont effacés à chaque minute qui s'écoule, vous les découvrez, chacun leur tour et au fond de chacun vous y retrouvez une partie de vous-même.
Chaque protagoniste possède sa façade, ce mur qui se creuse petit à petit mais qui n'éclate jamais vraiment, vous permettant de rester en haleine, de vous remettre en question.


Ainsi "Before I Disappear" malgré ses apparences de long-métrage basique, sans scénario profond ni intérêt particulier se révèle être une bonne surprise, Shawn Christensen vous confronte à la réalité, celle d'un milieu que la plupart d'entre nous ne connaissent pas, un monde malsain où vous devez quotidiennement assurer vos arrières pour survivre, jusqu'au jour où même l'amour vous abandonne et que plus rien ne vous retient dans cet environnement macabre.

Alexlel
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le 2 mai 2016

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