"What good are words I say to you?
They cant convey to you whats in my heart
If you could hear instead
The things Ive left unsaid

Time after time
I tell myself that I'm
So lucky to be loving you

So lucky to be
The one you run to see
In the evening, when the day is through

I only know what I know
The passing years will show
Youve kept my love so young, so new

And time after time
Youll hear me say that I'm
So lucky to be loving you"

Time after Time (Sinatra, 1947)

Ultime volet de l’ambitieuse trilogie sentimentale de Richard Linklater qui consacrait l'amour de Céline et Jesse comme l'un des plus beaux et crédibles de l'histoire du cinéma, Before Midnight est aussi son meilleur. Comme un bordeaux millésimé, les acteurs se sont bonifiés avec les années depuis leur rencontre sur pellicule en 1994. Leur spontanéité et leur complicité sont encore plus palpables que dans les deux précédents opus. Cela est dû, outre au fait qu'une réelle amitié semble unir Delpy et Hawke, à l'écriture qui, là où elle pêchait en artificialité et discours accablants de naïveté, investit ici le territoire plus sobre et violent du drame. Les premiers émois amoureux, l'évocation de l'acte manqué, c'est du passé. Le couple est aujourd'hui marié (au sens amish du terme) et parent de deux adorables petites têtes blondes. Des jumelles. Malgré la gaité, la tranquillité et la douceur de la fin d'été dans le Sud de la Grèce caressé par la brise méditerranéenne, le couple commence à battre de l'aile. Le motif : Hank, le fils de 12 ans de Jesse qui vit avec sa mère à Chicago et que son père ne voit que pour les vacances. Résident à Paris avec Céline et ses filles, c'est plus qu'un océan qui les sépare ; la mère du petit s’avère être en effet une folle de compétition toujours pas guérie de sa rupture avec Jesse et campant sur des positions fermes quant à la garde de l'enfant.

L'usure du temps, les petites manies agaçantes de chacun, les reproches inhérents à la vie à deux, les compromis... Tout ça s'immisce au sein du couple, prêt à le faire exploser. Mais les tourteaux ont de la ressource et, à la faveur d'une soirée en tête à tête offerte par des amis, savent prendre le temps de se disputer et crever l'abcès... pour finalement se retrouver. Bien qu'il soit le plus long des trois films (1h45), il est incroyable qu'il arrive à brasser autant de thématiques en si peu de temps sans bâcler l'affaire. Le tour d'horizon est assez exhaustif : la paternité (et la maternité), les offres d'emplois à ne pas manquer qui chamboulent tout, la sempiternelle opposition homme-femme et ses revendications sinon féministes, du moins humanistes, l'éloignement du fils, le temps qui passe et qui ne se rattrapera jamais, le changement de stratégie parental... Tout y passe brillamment. Les dialogues sont finement ciselés et les deux acteurs, une nouvelle fois stupéfiants de charisme et naturels (Delpy est géniale évidemment, mais Hawke n'en finit pas de magnétiser ses plans, sans aucun doute l'un très grand). Et à la fin c'est l'amour qui triomphe. Merci Rawi pour le titre.

- Play it, Sam. Play "As Time Goes By."

"You must remember this
A kiss is still a kiss
A sigh is still (just) a sigh
The fundamental things apply
As time goes by

And when two lovers woo
They still say: I love you
On that you can rely
No matter what the future brings
As time goes by

Moonlight and love songs - never out of date
Hearts full of passion - jealousy and hate
Woman needs man - and man must have his mate
That no one can deny

It's still the same old story
A fight for love and glory
A case of do or die
The world will always welcome lovers
As time goes by "

As Time Goes By (Herman Hupfeld, 1931)
blig
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le 15 oct. 2014

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blig

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