Il y a quelque chose de très beau avec Belle. Au tout début du film, il est dit par la voix off, même si je ne me rappelle plus exactement des termes utilisés, que dans ce monde nous ne pouvons pas recommencer notre vie, mais que dans U tout est possible. C’est cette phrase, pourtant anodine à tout début de film traitant de monde virtuel, qui va introduire et présenter le personnage de Suzu. Sa première apparition se fait sous la forme de Belle, une Belle rayonnante, qui sort du lot, domine la foule, est acclamée. Tout le monde parle d’elle, l’idéalise. Et puis retour au réel, toutes ces phrases d’amour ne touchent pas Suzu plus que ça. Elle sort de chez elle, va au lycée, et rejoint cette foule qu’elle dominait il n’y a que quelques minutes, pour elle aussi, idolâtrer des personnes mises sur un piédestal.
Ce qui est donc frappant avec Belle, c’est que contrairement à beaucoup d’œuvres utilisant pareillement le support de l’univers vidéoludique parallèle (comme Summer War du même réalisateur qui a malheureusement trop servie d’outil de comparaison à Belle, à tord), Belle montre d’entrée de jeu son univers virtuel comme un non échappatoire, factice, en jouant avec le fait que tous les arcs entourant Suzu (sauf un) se passent dans la réalité, dans laquelle on va d’ailleurs beaucoup plus passer de temps. Mais ce choix de donner à ce monde virtuel, un bonheur peu crédible (notamment au tout début du film) sert en fait à nous présenter une Suzu endeuillée et aucunement sauvée cette nouvelle vie. Ce n’est pas pour rien que le film appuie beaucoup sur l’idée que dans la vie on ne peut pas tout recommencer de zéro. On serait même dans une condamnation de ce nouveau monde, en rendant Suzu limite schizophrénique tant le personnage de Belle si détache, notre seul lient avec U reste le lot d’horreurs balancées lors du sacrifice de sa mère. Belle a beau être une illusion, elle ne ment pas, est claire dans le fait d’en en être une, démontrant donc dès le début que Suzu n’a pas réussi à retrouver la voix (signe de lien avec sa mère) grâce à l’acceptation du deuil mais belle et bien en changeant de personne. Et cette réalité, Suzu en a intimement conscience, malgré le chant elle a toujours cette même solitude et toutes ses questions sans réponses. Un début particulièrement osé de la part du réalisateur de Belle, qui vient, à l’inverse de ses habitudes, directement détruire, la rêve, ou plutôt l’échappatoire, pour au final se concentrer sur ce qui compte vraiment : Suzu.
Suzu est un personnage complexe, et pas seulement car elle amène beaucoup d’arcs et de thématiques au film (on en reparlera), mais car elle subira la volonté de son réalisateur de ne jamais restreindre son personnage en le bloquant dans une vision. Les réponses à ses mal-êtres sont comme les réponses à la fameuse quête du bonheur : divers et floues.


L’une des ouvertures rédemptrices principales envisagées est bien sûr le personnage de Belle qui comme dit précédemment, a une relation limite schizophrénique avec le personnage de Suzu. Au lieu d’accepter la mort et l’idée de ne plus pouvoir chanter elle va devenir quelqu’un d’autre pour ne pas affronter la réalité douloureuse du deuil. Cette façon de se cacher d’une trop dure réalité provoque l’effet pervers d’une mort (en tout cas émotionnelle et sociale) de la vraie Suzu, qui s’isolera de tout le monde (notamment de son père) et se renfermera sur elle même, même quand le garçon qu’elle aime vient lui tendre la main pour l’aider à s’en sortir.
Ce dédoublement de la personnalité est aussi signifié par l’opposition totale de l’environnement dans lesquelles évoluent Belle et Suzu, un véritable bouleversement d’ambiance. D’une part, une réalité filmée de manière très conventionnelle aux animes, très stable, très quadrillée par les bâtiments même si on aura droit à quelques jolis cassages comme le concert de tuba bien ouvert avec une colorimétrie très terne, juste assez pour ne pas non plus être fade mais très traditionnelle et loin de ce que son réalisateur nous a proposé dans des films comme le Garçon et la Bête. D’un autre coté on a U, où littéralement tout est possible, avec une approche esthétique impeccable, magnifique notamment ses couleurs, féerique de par leurs nombres mais jamais en saturation de par la maîtrise de Mamoru Hosoda mais aussi une réalisation infiniment plus verticale, plus libérée plus grandie, plus rythmée pour donner à U une véritable ambiance édénique. Mais si il est évident de faire cette constatation, il est infiniment plus intéressant d’observer ce qu’on en a fait, en montrant U comme l’endroit ou on voit le vrai fond des gens, dans le but de mettre en perspective cette réalité présentée. Il y a une vraie confusion créée entre le Bien et le Mal, une Bête ennemi des hommes, héros des enfants, un justicier filmant ses exploits et financé par tout un groupe de firme multi-nationales. Cette confusion fait sûrement penser à la meilleure amie de Suzu à la fois moralement douteuse dans ses choix de vies et opportunistes vis à vis de Belle mais finalement pas si méchante. Ce n’est pas le seul pont entre les deux mondes, les groupes de troll et autre personnes énervées n’étant finalement pas bien différents de ceux des filles voulant détruire Suzu qui est selon elles, un peu trop proche d’un joli homme apparemment convoité par toutes. Tous ces ponts montrent que Mamoru Hosuda a compris son propos, que même si U a des codes différents de la réalité, il n’en change pas le fond, il ne fait que les amplifier étant donné que U est un endroit où on peut vraiment être qui on veut sans risquer le regard des autres. Belle s’amuse donc a faire le chemin opposé de n’importe lequel de ses homologues, en donnant petit à petit une vraie crédibilité à son monde virtuelle après l’avoir discrédité dans son introduction, pointant du doigt les véritable fautifs de cette virulence, de cet étouffement et surtout de cette tristesse : nous mêmes, qui, nous sentant pousser des ailes, nous sommes amusés à brûler celle des autres.


Cette évolution de la légitimité de U à incarner le réel est centrale, narrative, car elle se produit au même rythme que la réhumanisation de l’idole Belle, voir même de l’univers entier de Suzu, que ce soit les personnes autrefois mis sur un piédestal qui vont progressivement se remettre à son niveau au fil de l’aventure. Ça passe bien sûr par des scènes comme la découverte du secret de la meilleure amie de Suzu, socialement bien plus dramatique que celui de Suzu (on parle quand même d’une gamine amoureuse d’un cinquantenaire) ou cette starlette en perte de vitesse qui découvre que Belle n’est pas bien différente d’elle, permettant de montrer non seulement le caractère très éphémère d’internet mais aussi le fait qu’une star n’est factuellement pas bien différente qu’une personne dans la foule. Il ne faut pas non plus omettre la destruction du mythe de chacune des idoles de Suzu présentées dans l’intro. Le marginal fan de Kayak en a peut être quelque chose à faire des sentiments des autres, la tubiste n’a pas une maîtrise d’elle même à toute épreuve et l’ami d’enfance n’est peu être pas le prince charmant attendu. Elle vient l’utilité de commencer par le statut quo et non par le deuil, il crée le malaise chez le spectateur qui ne voit pas en cette stratification une quelconque forme de deuil. Le deuil a d’ailleurs une place centrale dans Belle, mais je trouve que c’est paradoxalement un des thèmes qui s’en sort le moins bien, car pas vraiment préparé à cette narration qui joue éparse et dans le détail, mais peut être pas assez pour qu’on puisse y croire tous du long.


Si Mamoru Hosoda donne autant cette impression de maîtrise totale de son sujet, c’est avant tout car il ne cesse de démontrer avoir embrassé l’univers internet pour en donner un véritable point de vue, notamment en tant que père, qu’on sent bien plus mature que dans son Summer War. On retrouve les résolutions de problèmes réalisés sous forme de Tactical-RPG à la Fire Emblem mais également les trolls/haters déjà présenté, mais aussi les fans étouffant Belle car le réseau créer une proximité entre l’idolâtrée et les idolâtrant. On retrouve aussi une critique du débat interminable qui ne laisse jamais place à l’action, à la résolution du problème, ainsi qu’un exutoire de la justice populaire avec de faux super héros auxquels vont se rattacher plusieurs entreprises pour améliorer leurs images. Voir même simplement le principe d’identité secrète et d’avatar mais qui ne font à aucun moment perdre de vu que le manque de vertu n’est pas une anomalie système mais bien une cause de l’homme. Monsieur Hosoda parle aussi de mondialisation, de part le jeu de chats et de la souris international, l’utilisation de mots français mais aussi d’inspiration américaine. Le revers de la médaille est bien sûr la destruction de l’identité Bell, devenue Belle qui va donc se mettre à chercher la réponse à la question tant convoité : la recherche du bonheur.


Et pourtant, le grand méchant, ou plutôt celui pointé comme grand méchant, n’a, a aucun moment de sa quête fait part d’un manque de vertu. La Bête est donc bien plus qu’un énième justicier de pacotille, bien plus qu’un héros pour enfants, il est le miroir de Belle, l’homme cherchant à se faire haïr dans un but très noble par tous là où la protagoniste est venue ici dans l’unique but de chanter, pour elle. Belle va donc devenir enquêtrice, inconsciemment dans le but de comprendre comment trouver une forme de bonheur dans sa situation, pour essayer d’appliquer la recette à Suzu. Mais cette quête va prendre une autre tournure quand Belle va découvrir que la Bête n’est pas heureuse, et essayer de faire ce qu’elle n’a jamais réussi avec Suzu : le sauver.


Quand Mamoru Hosoda établit, dans la durée, une comparaison avec le film de Disney La Belle et la Bête, ce n’est pas uniquement en raison de ses deux personnages éponymes. Au delà même de l’improbable de la référence (le cinéma d’animation japonais ne faisant que rarement référence à leurs homonymes d’outre Pacifique) montrant l’inter-connectivité mondiale qu’est U et par extension internet, il y a dans ce retour aux contes un message fort : celui que la magie n’est pas morte. En appuyant le parallèle, Belle (le film) se décharge de son genre SF qui n’est finalement que support de l’univers pour rentrer dans le fantastique, chose qu’on peut démontrer par tout l’aspect magique qu’évoque le mystère technologique de U (rien à voir avec le sous-genre du Space-Fantasy). Cet vision d’un réseau social tel que U permet d’éviter de lui donner des aspects Cyberpunk ou une mentalité d’Uchronie (sans pour autant passez sous silence les craintes et risques de ce genre de réseau).
Le parallèle sert également et en toute évidence à la narration directe avec une Belle cherchant à découvrir l’homme se cachant derrière la Bête, hideuse, difforme et détestée car paradoxalement, c’est face à lui qu’elle se sent elle même, bien plus que dans cette foule uniforme. Le château n’est pas en reste, en donnant quant à lui à redire sur le rapport avec Internet qu’entretient le film. L’idée de jardin secret avec les roses et d’un palais gothique à la beauté ténébreuse et utilisée pour parler des niches d’Internet, à la fois destructrices par le peu d’ouverture qu’elles proposent mais si belles et mystérieuses, comme une énigme qu’il faut résoudre. Ces mêmes niches détruites par l’uniformisation d’un internet par des multinationales tentaculaires. Ce n’est donc pas à cause des gens qu’on voit peu de magie dans l’univers des possibles que propose internet, mais bien à cause de son assouvissement par de puissantes et fortunées compagnies.


En fait, bien plus que les aspects bénéfiques et négatifs de U, Mamoru Hosoda vient s’attaquer aux racines de nos raisons nous poussant à aller sur internet. Si c’est un endroit où on peut être soi même alors ça veut dire que ce n’est plus le cas dans la réalité, et c’est vrai, aujourd’hui on a peur de dire ce qu’on aime, qui on a envie d’être, de peur du jugement, du regard. Et même si Belle (le film) va s’amuser à donner à cette argumentation ses louanges et ses limites, c’est bien en jouant avec ces moments gênants décriés que Hosoda met en évidence que ces moments sont beaux, qu’ils permettent de grandir et d’évoluer, mais surtout : de ne plus avoir peur. Je fais évidemment allusion à la déclaration d’amour, à la fois drôle et réaliste tant les personnages stoppent d’être eux même un bref instant pour effacer leurs défauts, qui sont pourtant une des raisons pour laquelle ils ont commencé à se plaire l’un et l’autre. Cette scène se passe un peut en parallèle de celle de Suzu qui fuit l’amour en apprenant que sa couverture de Belle a été révélée, montrant donc que c’est cette trop grande accroche au virtuelle qui la détourner de son rêve.


Mais se concentrer uniquement sur les thématiques abordées par Belle serait une erreur. On reconnaît un chef d’œuvre par un fond recherché sublimé par une forme innovante. Je pourrais donc donné en exemple la beauté de l’animation, 2D comme 3D, notamment en terme d’expression faciale (et de spatialité, et de lumière, et de décores...) qui permettent de séparées Belle et Suzu sans déshumaniser la première. Mais même plus fondamentale que l’animation, Belle par son genre principal (voir même vendeur) est une œuvre musicale, on aborde même le film par le son plus que par l’image dans sa scène d’ouverture. Mais la musicalité qui entoure Belle est bien différente de celle d’un film homologue comme Tous en Scène 2 paru dans les salles dans des dates similaires. Là où le film d’Illumination utilise des musiques pré-existantes pour rythmer son ouvrage avec des sonorités assurément aimées du public au risque de ne pas pouvoir incorporer celles-ci à sa narration ou pire, de s’y limiter, Belle choisit le chemin inverse, en créant de toute pièces les musiques assurant son propos et ses arcs narratifs qui créeront la légende Belle. Mais plus fort encore : Belle joue le jeu de la musique populaire, celui de la pop star internationale de part ses paroles aux premiers abords simplistes voir stupides, nous demandant donc un véritable effort de réflexion pour en discerner les tenants et aboutissants, en somme, le véritable sens des mots. Un effort gratifié par la compréhension du personnage finalement énigmatique de Belle, qui, malgré le dédoublement de personnalité évident de Suzu et sa position de personnage éponyme (donc le plus important), ne sera jamais vraiment traité comme telle. Pour moi ce qui symbolise le plus cette dichotomie du personnage de Belle c’est bien sûr sa scène d’intro (on y revient toujours) qui ne trouvera son sens que bien plus tard dans l’intrigue un fois le spectateur en possession de tous les éléments narratifs nécessaires.
(Je préfère prévenir que je ne parlerai que des chansons française, n’ayant pas le talent linguistique nécessaires pour parler de celles Japonaises, il est donc possible que je ne dise pas tout/dise des choses erronées vis à vis de l’intention de base, mais qui ne trahissent pas ma perception des chansons)


Cette première chanson, première véritable fois que la réalisation se libère, contraste avec le reste du premier arc, offrant une chanson festive, un moment de joie. Ou pas, Belle nous parle même de choses peu jouasses comme en témoigne les « aïe » caché dans les Lalalaï.


Lalalaï, lalalaï
Au delà des étoiles
Quand nos cœurs se dévoilent
Et battent à l'unisson
Ne détournes pas, dis-moi ton nom


Ces deux vers peuvent être pris sous deux aspects, le premier venant de la simple invitation à la danse, celui qui a du venir en tête à n’importe qui la première fois qu’il l’a écouté. Le deuxième parlant de dédoublement de personnalité, Belle étant la seule à connaître la vraie Suzu, celle avec son cœur débridée (c’est parce qu’elle est japonaise, qu’est ce que je suis drôle) et battant en même temps car ayant factuellement le même cœur, elle l’invite ensuite à ne pas se cacher et à affirmer qui elle est. On peut également ajouter que la précédente et poétique phrase « au-delà des étoiles » donne une allure beaucoup plus concrète, les deux n’évoluant pas dans le même univers, donc bien au-delà des étoiles.


Tu voudrais fuir le monde
Effacer chaque seconde
T'échapper de la ronde
Où plus personne ne te vois


Il est assez évident que Belle parle ici directement à Suzu, tant il retranscrit son état de deuil mais aussi social ou elle n’arrive plus à s’affirmer, ou plus personne ne la voit. C’est ce quatrain qui scinde définitivement Belle de Suzu, avec l’utilisation de la deuxième personne du singulier, un « tu » qui rend toute unité impossible. Encore une fois le texte avec des paroles basiques (Grégoire nous a bien prouvé qu’il ne fallait pas être un écrivain pour faire rimer ronde et monde) arrive pourtant à s’amplifier grâce à l’état mental catastrophique dans lequel se trouve Suzu, et je pense notamment au premier et dernier vers qui montre son impuissance et sa non apparente solitude.


C'est comme un jeu, entre dans la danse
Saute dans le feu avec moi
Comme ça, où tu le veux si tu deviens toi


Comparer Belle/U à un jeu à un sens bien plus profond pour Suzu que l’auditoire de Belle, car il prend en compte que comme un jeu, cette nouveauté est futile, elle endigue le problème du deuil au lieu de le résoudre. Cette nouveauté est même dangereuse comme le signal le mot feu, sauter dans le feu n’a ici rien de festif, contrairement à ce qu’essaie de faire croire le ton mélodieux de Louane. Malgré tout, il est aussi révélateur d’un début de solution, sauter dans le feu pouvant aussi dire faire face à ses problèmes.


Allez debout rejoins la danse
Danse ton futur
Oublie les voix du passé
Nous avons l'aventure
Un nouveau monde à inventer


Belle invite Suzu à rejoindre la danse, à faire partie de Belle, mais surtout à danser (à agir, chanter, être heureuse) pour son futur, et non pour combler le deuil comme l’indique le troisième vers. Elle la rassure, en parlant de ce renouveau comme d’une aventure, pour créer un monde ou elle pourra chanter. On est donc bien plus loin que de la simple invitation à la danse comme le texte se présente


Lalalaï, lalalaï
J'irai chercher ton âme
Au delà de la lune
Si tu l'as abandonnée
Je crois que c'est le moment
C'est maintenant ou jamais


Belle en plus de rassurer et d’inviter Suzu à s’imposer, vient ici se placer en sauveuse, celle qui ira chercher son âme au-delà même de la Lune dans le but de la lui rendre pour qu’elle chante de nouveau. Outre l’imposante distance Terre-Lune représentant la détermination de Belle, je ne sais pas trop où la citation de l’astre permet d’aller, cependant si on va sur Wikipédia (pas trop grosse recherche, je l’accorde) on peut voir que la Lune est symbole de rêve, de poésie mais aussi de dépression, et d’enfant en manque d’amour maternel (et plus généralement de maternité) donc je suppose fortement que ça à un sens mais sans vraiment savoir lequel. Les deux derniers vers ont une valeur de dernière chance mais en même temps d’ouverture : C’est maintenant que la fantastique histoire de Suzu commence. J’aimerai en plus parler du clip en lui même, si on a déjà abordé la position surélevée de Belle plus tôt et qu’on abordera le sens de la baleine plus tard, j’aimerai rajouter que Belle porte des fleurs, fleurs symboles du jardin secret de la Bête, laissant donc penser que Belle est le jardin secret de Suzu.


Dans la deuxième chanson (qui est la première Chronologiquement) on est face à une Suzu pas encore complètement distincte de Belle, d’où son rattachement directe à la narration. Elle porte une tenue blanche, montrant son innocence, mais aussi son coté novice vis à vis de U. Elle fait face à ce monde pour la première fois, et au lieu de rentrer dans la foule comme elle a l’habitude de faire, elle fait face à ce monde qui a condamné sa mère, et se met à chanter.


Est-ce le souffle du vent qui guide mes pas ?
Mélodie tu t’envole, emmène moi
Je rêve d’un monde
Où cette mélodie peut tout changer
Chaque jour qui passe je dois vivre sans toi
J’ai peur de ne pas y arriver


Commencer par une question affirme le doute de son personnage, qui, demandant si c’est un guide (le vent) qui est à l’origine de son voyage, espère secrètement voir en cette évolution un espoir de chanter, d’aller mieux. En parlant de mélodie qui s’envole, il y a un sous entendu fort sur la mort de sa mère, musicienne, qui pourrait en un sens, sous entendre une tentative de suicide, où tout au long du film tout du moins un moyen de fuir loin, peut-être même loin d’un corps qu’elle n’a pas l’air de tant aimé tant elle le perçoit négativement (l’évènement des tâches de rousseurs). Elle sous entends par la suite espérer que cette envie de fuir réglerait ses problème, la ferait changer de monde car sa douleur qu’elle tait à son entourage n’est plus supportable et qu’elle à peur de faiblir, et de mourir de tristesse.


Aller de l’avant, dans la foule dans le vent
Perdue sans savoir où est ta main pour me guider,
Je ne comprends plus ce monde inconnu,
Ô Vent souffle moi une mélodie pour m’envoler


Belle se présente comme perdue et étouffée par la foule, comme si le vent soufflait contre elle. Le vent a pourtant toujours eu une valeur de voyageur, de guide physique et spirituel, que ce soit celui qui pousse les navires à voilent ou celui qui attrapent les rêves dans la culture amérindienne. Comme le montre le troisième vers, en perdant sa mère qui était jusque là son repère, elle n’arrive plus à comprendre un monde qu’elle appréciait, comme toute enfant, par le prisme de ses parents, il lui est d’ailleurs inconnu, d’où son besoin de se réfugier dans un nouveau monde, en l’occurrence U. Ô sert à invoquer un élément, Belle/Suzu implore donc ici au vent de la guider pour lui donner la force d’une mélodie pour s’envoler.


Dis pourquoi ici les gens autour sourient encore
Ils ont l’air si heureux je suis seule et j’ai si mal
Dis moi, vais-je trouver le chemin sur le dos du vent
Mélodie emporte ma voix
Ô je ferai tout pour arriver à vivre


Les deux premiers vers ont une valeur de constat. Elle se rend compte qu’elle se broyait dans un monde de solitude pendant que le monde continuait à avancer (vers 1) mais remarque que cette découverte ne fait pas d’elle quelqu’un de moins seule ou moins malheureuse. Le troisième vers est sans doute le début de la séparation entre Belle et Suzu, car c’est ici qu’elle commence à lui parler, en lui demandant si U va devenir son nouveau guide, si elle va pouvoir retrouver un vent salvateur. Les deux derniers vers sont un parallèle du précédent quatrain, mais tout de même différent. On reprend effectivement l’idée de mélodie, mais là où elle espérait la trouver on la sent ici bien plus convaincu, elle est ici dans sa voix, c’est au vent de la prendre. Le Ô est aussi différent du premier, il signifie ici un sentiment vif, un hurlement de l’âme. Belle crie qu’elle fera tout pour vivre, la question est : Est-ce que Suzu chante avec elle à ce moment là ? J’aimerai rajouter en conclusion l’idée qu’Internet la condamne d’une méchanceté gratuite avant de tomber sous son charme montrant donc la frivolité faussement sentimentale de ce nouveau monde ainsi que le coté malsain se cachant derrière cette idée de miracle.


Dans cette troisième chanson, Belle va essayer de comprendre la bête, avec bien sûr cette opposition avec le film Disney la Belle et la Bête et notamment l’extrait de la valse avec sa chanson Histoire Éternelle dont on citera les paroles et analysera cinématographiquement des passages dans l’idée de comprendre la chanson dans sa totalité. Mais il faut comprendre que le topo est à ce moment là le même que que c’est dingue à quelle point les deux chansons peuvent s’échanger qu’on y verrait que du feu alors qu’elle ne traite pas forcément des même thèmes qui relient les deux œuvres


Si tu pouvais lever les yeux vers moi
Je sais déjà ce que tu dirais tout bas
Être seul n’est pas si mal
Pas si mal l’ombre est mon amie fidèle
Ma solitude est la plus belle


Le premier vers est amusant de par la physique des personnages, la bête faisant au moins un bon mètre de plus que Belle, on parle évidemment de grandeur psychologique ou Belle, même si pas encore réellement stable psychologiquement à cause de Suzu (car c’est Suzu qui est intriguée par la Bête et non Belle) là où la Bête n’a pas une stabilité d’âme. Elle parle ensuite du rapport qu’ils entretiennent avec la solitude, que là Bête aime si réfugié, alors que non, ce n’est pas si mal, l’ombre fait référence à la dépression de Suzu qui paradoxalement est rongée par la solitude malgré ses plusieurs milliards de fans (le jeu de mot avec belle étant volontaires). Cette première partie fait plus référence au début du film de Disney qu’à la chanson en elle même, même si on retrouve tout le premier morceau de la chanson originale : « Histoire éternelle, Qu'on ne croit jamais, De deux inconnus, Qu'un geste imprévu, Rapproche en secret »


Laisse moi entrer
Je veux découvrir ton visage, te montrer qui tu es
Où est la clé
Je peux me blottir contre toi je suis tout près parle moi


Cette partie jouit d’un gros sous entendu romantique, amenant à penser que l’intérêt psychologique que porte Suzu pour la Bête est amoureux pour Belle. Souvenez-vous, je parlais du monde de solitude dans lequel s’était enfermée Belle, on est ici dans un cas similaire, qu’on perçoit avec les termes entrer et clé. On a un sentiment mélange de pitié (elle veut le sauver) et de curiosité (elle veut découvrir qui il est) montrant bien les buts de Suzu et Belle. On retrouve cette idée de joie qui entoure les personnages malgré leur solitude/tristesse individuelle « Sur leur cœur en fête […] une fleur offerte », qu’il révèle le coté malsain de leur jardin secret actuel « Chanson éternelle aux refrains fanés ». Mais le mot blottir vient brisé cette position de force prise par Belle, rappelant aussi sa faiblesse. Il y a dans cette valse, quelque chose de beau, une impression de changement dans l’âme de la Belle et de sa Bête qui reprend un fois de plus la chanson éternelle : « C’est vrai, c’est étrange De voir comme on change Sans même y penser ». Là où le film Disney offre une contre plongée humanisant la Bête, Belle lui prend le chemin inverse de 2 âmes s’élevant l’une grâce à l’autre grâce à la danse, comme le prévoyait Belle durant sa première chanson. On peut aussi ajouter que dans les deux cas, c’est la femme qui pousse l’homme à la chanson, comme pour remettre les deux au même niveau de pouvoir et permettre ainsi au deux Belles de toucher émotionnellement leurs Bêtes.


Mais avant de parler des dernières chanson, reprenons le cour de la critique. J’ai pu donné l’impression depuis le début de ma critique, de ne pas maîtriser ni organiser ma critique en passant d’un thème à l’autre et en y revenant de façon presque barbare, les amateurs de Montaigne serait même tentés de dire que j’écris à sauts et à gambades. Et si j’admets ce style décousu, j’aimerais cependant faire porter le chapeau à la narration et la vision même des choses de Belle qui, s’amuse à ne pas se concentrer sur un thème particulier mais à raconter son histoire qui forcément, voit plusieurs thématiques se croiser, arriver en cour de route ou tout simplement abordées sans jamais se finaliser. Cette idée que je trouve fondamentalement réaliste rend difficile de discerner ou se situent les bases de Belle, et a déjà provoqué le désintérêt de certains submergés par une abondance de thème parfois complexe qui seront pour la plupart brièvement traités, je le conçois, mais il serait de mauvais goût de dire que Belle ne réussit pas son idée globale, en décidant de faire de ses thématiques des segments de la vie des personnages, qui ne se voient pas bloqués dans une idée narrative. Bien plus encore, tous ces thèmes sont des ouvertures d’une des questions centrales de l’œuvre : la recherche du bonheur, marqué par cette citation : "si on savait comment trouver le bonheur, nous ne serions pas des stressés apeurés". C'est à travers Suyu, une jeune fille comme tout le monde, que les thèmes sont traités, elle trouve des bouts de réponses, petit à petit, pour avancer. Le seul réel problème que j’ai à déplorer de Belle dans ce contexte, vient de certains moments où le film s’auto-submerge et se perd dans se qu'il essaie de nous dire, rien que sa conclusion qui est dans un rythme bien plus soutenue que le reste du film. Mais si le film peut par moment se perdre dans ce qu’il a à nous raconté, jamais il ne va mal traité ses thèmes, gage de narrateurs/réalisateurs de qualités.
Le seul thème se faisant un peut charcuté est le deuil qui aurait plus à gagner à être un poil plus omniprésent, pas que la souffrance du personnage soit omniprésente, mais il fallait plus montrer pour moi cette isolation de Suyu qui à la fin est même inversement beaucoup trop entourée
J’irai même jusqu’à défendre la relation entre Suzu est son ami d’enfance, auxquelles ont reproche un manque d’alchimie. Je dirais pas qu'il n'y a pas d'alchimie, juste que leur relation est traitée avec un regard impersonnel, détaché, mais qui correspond bien à l'idée de solitude de son héroïne. De plus il aurait été de mauvais goût de la faire se conclure de manière romantique, vu le peu de temps qu'il lui a été accordé.
Je dirais même que c’est Belle tout entier qui arrive à bien se conclure malgré ces moments qui je comprends, peuvent poser problème.


Mais avant de conclure, reprenons l’histoire où nous l’avons laissé parce que même si mon analyse est construite de façon décousue, il serait idiot d’omettre d’importants éléments de l’intrigue. A commencé par la mort de Belle, ou plutôt sa fusion avec Suzu en révélant sa véritable identité. D’une certaine façon Belle se sacrifie pour aider un enfant inconnu, comme l’a fait sa mère des années plus tôt. C’est de là qu’on se retrouve face à ce plan iconique d’une Suzu face à la magnifique cruauté de U. Si Suzu chante elle ne pourra, d’une certaine façon, plus jamais retrouver Belle, son paradis secret, mais elle le fait quand même, Belle meurt donc, mais Suzu pour la première fois depuis longtemps, aperçois la lumière.


Cette fois-ci je ne parlerai pas de la VF, car pour je ne sais qu’elle raison on est passé de 17 vers dans la version anglais à 4 dans la VF, ce qui est une abomination. Je ne sais pas si ça vient du site que j’utilise où de traducteur incompétents mais la version que je vais analyser est une traduction littérale de la version japonaise.


Les fleurs qui scintillent
Les joyaux de nos rêves
Ce monde est magnifique
Malgré que la peur et l’incertitude
Attachent des chaînes autour de mon cœur


On a déjà vu que les fleurs représentaient l’idée de jardins secrets, ici couverts de louanges par Suzu, qui va jusqu’à les comparer à l’idée de joyaux de nos rêves, comme si c’est moments/endroits où l’on pouvait s’exprimer sans peur du rejet était la véritable plus-value de nos âmes. Elle va ensuite, dans le vers suivant, élargir l’idée que le monde en lui même est beau, d’une certaine façon c’est comme si elle l’acceptait après s’être effondrée dans son monde de solitude, monde de solitude qu’elle souhaite quitter, malgré le fait que le monde disons commun lui fait peur et est parsemé de la présence de sa mère, ce qui l’empêche de se libérer complètement (l’idée de chaîne autour de son cœur). Tout comme le reste de la chanson, on à le droit avec un parallèle avec la deuxième chanson du film (souffle du vent) avec ici un Suzu qui essaie de convaincre avec ses mots un public que Belle avait séduit plus tôt. A ceci près qu’ici Suzu ne se pose pas de question, elle a d’une certaine façon trouvé la réponse du vent, elle ne rêve plus d’un monde où elle peut aller bien mais tente de recomposer avec l’ancien qu’elle voulait abandonné.


Je veux devenir douce et forte
[...]
Sans personne à aimer
Qu’y a-t-il à vivre ?


Cette partie mêlant cinématique et chanson montre d’une certaine façon la réaffirmation de Suzu en tant qu’être humain, dans le sens ou c’est à ce moment qu’elle devient l’égale des idolâtres de la fête de l’introduction. Elle qui ne laissait jamais rien paraître espère maintenant acquérir des sentiments mais surtout une façon de les exprimer (s’affirmer ou s’adoucir). On peut aussi laisser penser à une référence à ses parents, l’apprentissage de la force et la douceur sont, dans l’inconscient collectif, respectivement une conséquence de l’éducation d’un père et d’une mère.
On a ensuite un moment de pause dans la chanson, où on retrouve sa première grosse hater et rivale se rendre compte que ce n’est qu’un jeune fille banale, comme elle finalement, puis l’invite à chanter de toutes ses forces, car c’est comme ça qu’elle fera taire ceux qui se moquent d’elle : En montrant au monde son talent, en chantant. On est toujours dans un parallèle de la deuxième chanson avec un Belle qui chante quoi qu’en disent ceux qui l’entourent. Les deux derniers vers jouent donc sur cette interlude où on entend pas Belle chanter (ou tout du moins, pas très bien) pour donner un double sens : parle-t-elle d’un future où elle veut aimer ou d’un passé après quoi elle ne peut plus aimer et donc, ne plus vivre ?


Reviens vers moi, et reste à mes cotés
Je sens mon cœur trembler,
viens, soulage la douleur
Je suis là je te tends la main
A des millions de kilomètres
Reviens et reste


Je ne pense pas créer de désaccord en qualifiant le passage de poignant. On signifie d’abord l’absence, qui crée la douleur, douleur qui ne peut être soignée que par un être : sa défunte mère. On retrouve ici un parallèle à la musique d’intro, où Belle se dit prête à aller sauver Suzu et même d’aller la chercher au-delà des étoiles. Mais Suzu n’est pas Belle, elle n’est qu’une humaine comme vous et moi, elle aura beau tendre sa main autant qu’elle le peut, elle n’atteindra pas les milliers de kilomètres qui les séparent, quoi qu’elle fasse, sa mère ne reviendra pas, et ne restera pas avec elle. C’est d’une incommensurable tristesse, d’un fatalisme Baudelairien mais c’est le monde ou elle a décidé de vivre, ce fameux monde magnifique.


Ça n’a toujours aucun sens,
quel est notre destin
Quand je ferme les yeux,
je ne vois que toi
Reviens vers moi
A des millions de kilomètres


Le paradoxe expliqué précédemment est donc ici matérialisé dans le premier vers, avec une Suzu qui en encore du mal à concevoir que le bon chemin est celui de la douleur, même si la Bête a fait surgir cette idée en elle. On retrouve aussi l’idée de la difficulté du deuil, avec une Suzu qui ne sait pas vraiment remis de cette idée paradoxale que c’est celle qui est au près d’elle à chaque instant qui soit en réalité au plus loin, d’où le reviens vers moi complètement vain. Cette partie de la chanson se finit d’ailleurs sur cette idée d’impossibilité avec l’hyperbole de millions de kilomètres (petit cours de physique : 1M km =~3x la distance Terre Lune que voulait parcourir Belle). Là où on s’attendait à une moquerie et à la chute d’une légende, le publique, touché par l’appel de détresse de Belle, va se mettre à répéter son chant, comme s’ils étaient face à une musique qui les avaient traversés au plus profond de leurs âmes, d’un chant universel (les La-La-La peuvent être chantés même pas ceux ne pouvant pas chanter, tout en préservant le rythme de la chanson, son âme), ils se soignent tous, et vienne porter une enfant: Suzu, agissant elle aussi pour sauver un enfant. C’est l’éveil de la marée d’internet. On ne saura jamais si c’est la meilleur façon pour se sauver et tenter d’atteindre le bonheur, mais c’est celle que Suzu a choisi, et je ne me mettrai jamais face à son chemin, tant il y a de chemins possibles pour toucher du bout des doigts le bonheur utopique, je me contenterai de chanter pour porter sa chanson.


Chante, laisse ton cœur s’envoler
Cela nous rassemble
Si triste et si heureux
Les sentiments s’écoulent, maintenant
Notre monde est plein de couleurs
En fermant les yeux, je peux encore voir les étoiles
qui brillent dans le ciel et bientôt le soleil levant
Les fleurs, elles s’épanouissent, c’est magnifique
Chante ! Chante ! Chante !
Chante ma chanson, sans fin
Chante jusqu’au bout, je t’aime toujours,
Pour toujours


Ce que j’admire avec cette chanson (et qu’échoue royalement à faire la VF mais passons) c’est qu’elle n’est absolument pas une fin utopique, le mal est toujours présent, mais Belle décide d’accepter cette idée que ce monde est magnifique pour ça. C’est cette idée qui se cache derrière les vers 3,4 et 5. Triste, joyeux, il faut de tout pour être joyeux, c’est pour ça que le monde est plein de couleur, c’est même en laissant ses sentiments s’envoler, en se libérant de ses poids, que le cœur arrive à voler, et ainsi rejoindre la défunte jusque là inaccessible. De plus, maintenant cette présence ne la gène plus, elle la voit toujours en fermant les yeux mais maintenant sous forme d’étoile la guidant, étoiles cyclique qui laisse apparaître un soleil levant, un avenir meilleur, sans pour autant disparaître. Voilà pourquoi le monde est si beau, car malgré la tristesse il arrive à faire renaître la joie, à faire fleurir, nos jardins secrets.Voilà pourquoi il faut que tu chantes petit spectateur : la chanson de Suzu est universelle et sans fins car il y aura toujours de la tristesse, car nos proches finiront toujours par mourir, car la seule chose que nous pouvons faire contre ça c’est chanter qu’on les aime, et qu’on les aimera toujours.


C’est vrai, le film Belle ne se termine pas ainsi, toujours dans son idée de montrer que la vie avance d’épreuves en épreuves, allant même jusqu’à égaliser en intensité ce final de l’arc Belle en parlant d’enfants battus dans la réalité. Mais moi, je décide de m’arrêter ici, je laisse le génie de Mamoru Hosoda s’en aller en attendant qu’il me rattrape dans quelques années, je sais que je pourrais pas mieux servir son travail qu’en m’arrêtant sur cette idée que j’ai déjà tant de mal à exprimer avec mes mots. Je finirais donc par un poème pour alléger vos cœurs (et vos esprits qui ont encaissés 7000 mots sans broncher) ainsi qu’en vous révélant un secret : Belle le film, est une baleine, qui plonge dans le sombre froid pour se nourrir de cette beauté sous-marine, mais qui, comme tout un chacun, retourne sans cesse à la surface, tout d’abord pour respirer, mais aussi pour nous montrer à nous habitant de la surface, ô combien cette froideur est normale (ne dit-on pas la planète bleue ?) mais aussi, ô combien elle est belle par un jet semblable à un feu d’artifice, nous invitant par la beauté à accepter cette infinie profondeur qui inonde, par période de grandes crues, nos âmes peut être aujourd’hui trop habituées à lézarder en attendant le bonheur.


Merci au membre Amar Ndiaye pour le débat qu’il a ouvert à propos de ce film qu’il ne porte pourtant pas spécialement dans son cœur mais qui m’a permis de mieux poser mes arguments et mes idées et de fournir une critique beaucoup plus complète et claire. Cette critique est aussi pour toi, en espérant de tout cœur avoir réussi à te montrer la véritable beauté de ce film.



Calme dans le demi-jour
Que les branches hautes font,
Pénétrons bien notre amour
De ce silence profondeur



Fondons nos âmes, nos cœurs
Et nos sens extasiés,
Parmi les vagues langueurs
Des pins et des arbousiers



Ferme tes yeux à demi,
Croise tes bras sur ton sein,
Et de ton cœur endormi
Chasse à jamais tout dessein



Laisse nous persuader
Au souffle berceur et doux
Qui vient à tes pied rider
Les ondes de gazon roux



Et quand, solennel, le soir
Des chênes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera,



En Sourdine des Fêtes Galantes de Paul Verlaine.

Lordlyonor
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le 3 févr. 2022

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Lordlyonor

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