Après le succès surprise de Willard il est décidé très (trop) vite d'en faire une suite pour capitaliser sur la réussite du premier volet. Du film initial il ne subsiste que le scénariste Gilbert Raltson qui rempile sans grand enthousiasme, le dresseur d'animaux Moe De Sisso et bien sûr les rats dont Ben qui devient carrément la star éponyme du film. Le long métrage qui était envisagé comme le second volet d'une possible trilogie, va cette fois ci se gaufrer en salles condamnant un hypothétique troisième film avec encore plus de rats à l'oubli. Le film sera un tel four critique et public qu'il ne sortira que dix ans plus tard en France et uniquement en VHS.


Ben reprend exactement là ou s'arrêtait Willard d'ailleurs tout le générique du début est composé des images de la fin de Willard. La meute de rats dirigé par Ben agissant maintenant tel un général d'armée commence à se répandre sur la ville tandis que la police tente de contrer l'invasion. Ben trouve refuge et se lie d’amitié avec Danny un gamin malade de douze ans qui vit avec sa mère et sa grande sœur depuis la mort de son père.


Comme c'est souvent le cas avec les suites Ben joue la carte de la surenchère en proposant, plus de rats, plus d'action et plus de grands sentiments. Mais comme c'est également trop souvent le cas avec les suite démoulées trop chaudes le plus est ici l'ennemi du bien. Le film tente de reproduire en plus émouvante la relation intime qui liait Willard à ses rats avec ce personnage de gosse malade et solitaire souffrant de problèmes cardiaques. Sauf que cette fois ci les rats ne représentent pas grand chose de manière symbolique et l'on se retrouve avec une simple histoire d’amitié animale limite un peu gnangnan à la Disney. Le gosse qui est tout de même bien tête à claques joue avec les rats qu'il transporte dans son petit train électrique, fait un spectacle de marionnettes pour son ami Ben, lui joue de l'harmonica en dansant et lui compose même une petite chanson sirupeuse au piano. Si vous n'avez jamais vu un profond désespoir dans le regard d'un rat contraint d'écouter un gosse lui faire une chanson en forme de slam maladroit ou quand il est obligé de regarder un spectacle de marionnettes, alors rien que pour ça, Ben mérite le coup d’œil. J'ai vraiment cru déceler dans le regard du rongeur l'envie de pendre le gosse avec ses propres cordes vocales. Le jeune comédien Lee Montgomery n'est pas forcément responsable, mais son personnage bien plus agaçant qu'attachant est loin d'avoir la prestance et la richesse du Willard interprété par Bruce Davison. La relation entre Ben et Danny est juste une banale amitié qui fait que l'un tente de veiller et protéger l'autre et inversement. Ben joue aussi la carte de la surenchère au niveau du nombre des rats présents à l'écran puisque l'on parle de 4000 rongeurs contre 500 pour Willard. Pourtant, hormis quelques séquences spectaculaires comme le saccage d'une supérette par les rongeurs venus se nourrir, ce sentiment d'une menace multiplié par huit ne se fait pas trop ressentir à l'écran. La faute peut être à une mise en scène qui ne donne pas assez d'ampleur à son cadre pour que la masse des rongeurs semble à ce point conséquente.


Ben semble également un peu hésiter dans ce qu'il souhaite vraiment raconter aux spectateurs entre d'un coté l’amitié entre Ben et Danny et de l'autre ces rats qui tentent de conquérir et protéger leur territoire tel une armée sous les ordres du général Ben. Les deux récits cohabitent assez maladroitement sans vraiment parvenir à se nourrir l'un de l'autre ni se compléter en une thématique plus vaste et surtout commune. Et si le réalisateur nous sort l’artillerie lourde lors du dernier acte avec policiers, pompiers, lance flammes et traque souterraine pour éradiquer les vilaines bestioles, l’absence de véritable propos et d'émotion fait que toute cette agitation pour faire plus, semble surtout vaine et inutile. Il reste pour l'anecdote la chanson Ben interprétée par le tout jeune Michael Jackson qui aura bien plus de succès que le film lui même.


Ben est donc une suite très décevante, sans doute trop empressé de capitaliser sur le succès de Willard le projet semble confondre vitesse et précipitation pour aboutir à un film bancal dans son écriture et peu marquant dans sa mise en scène.

freddyK
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le 8 déc. 2022

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Freddy K

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