Lorsque Robert Kramer part du principe qu'il tournera Berlin 10/90 en un seul et unique plan-séquence d'une heure sur fond de réunification allemande le spectateur peut être en droit de s'attendre à quelque chose de passionnant et de cinématographiquement stimulant... Hélas cet essai filmique, intégralement tourné dans sa salle de bain, demeure franchement ennuyant. Pis : il est d'un hermétisme absolu.
La mise en scène, réduite à son dispositif, consiste surtout à enregistrer les réflexions de Kramer qui improvise littéralement son discours de minute en minute. Techniquement le film est pauvre, et la réalisation erratique et approximative ; on sent cette volonté de chercher et d'expérimenter, d'atteindre une certaine vérité par le biais d'une captation sur le vif. Malheureusement Berlin 10/90 laisse trop de place au hasard, et témoigne d'un manque de travail en amont.
En outre Robert Kramer choisit délibérément de monologuer avec un sens de l'apathie notoire, nous faisant décrocher dès les premières minutes. Le film ne ressemble à rien, n'intéresse jamais et se paye le luxe de complaire à l’intelligentsia, qui cherchera certainement un sens à toute cette tambouille tarte et rébarbative. J'y verrai pour ma part un objet paresseux et poussiéreux, qui partait néanmoins d'une idée intéressante mais beaucoup trop sec pour éveiller mon attention. Antipathique et suffisant.