L'adaptation par Fassbinder du monumental roman d'Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz, durait plus de 15 heures ; celle du cinéaste germano-afghan, Burhan Qurbani, n'en compte que 3 mais elle n'en est pas moins interminable et plutôt ratée dans l'ensemble. Nous ne sommes plus dans la pègre berlinoise de la république de Weimar, dans les années 20, mais dans la capitale allemande d'aujourd'hui où le héros en quête de rédemption et de bonté est désormais un réfugié Bissau-Guinéen nommé Francis (Franz). La transposition à l'époque actuelle part d'une bonne idée mais il faudra bien vite déchanter. Entre visions cauchemardesques du passé (façon flash) et clubs nocturnes où s'ébattent des demoiselles courts vêtues (façon clip), le scénario tente de se frayer un chemin cahoteux dans la résistible ascension de son personnage principal, cornaqué par un mentor méphistophélique. Le film suinte la prétention par tous les pores, avec sa voix off sentencieuse et ses lumières chichiteuses, au service d'un récit qui se voudrait shakespearien. Diantre ! Le problème majeur est que la plupart des relations qu'entretient Francis (Franz), dans sa profession de truand et dans le privé, sont à peine crédibles, en tous cas peu étayées, mis à part une histoire d'amour un peu convenue mais assez touchante. L'interprétation est relativement inégale, y compris celle de Francis (Franz), certains acteurs n'en finissant pas de cabotiner. Bizarrement, même s'il est agaçant et longuet, Berlin Alexanderplatz a quelque chose de fascinant, dans sa facture comme dans le message qu'il essaie de faire passer. Il a l'attrait des entreprises qui se veulent grandioses et se fracassent par manque de modestie et excès d'effets. Sans doute est-ce approchant de ce que Truffaut appelait un grand film malade.

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le 26 déc. 2020

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