"Light them up !"
Je ne m'y attendais pas forcément, étant arrivé un peu à saturation avec le genre du biopic musical, qui s'est multiplié ces dernières années (et pas toujours pour le meilleur), et ayant plutôt moyennement accroché au précédent film du réalisateur Michael Gracey, «The Greatest Showman», mais j'ai passé un très chouette moment devant ce «Better Man», dédié à la vie et la carrière du chanteur-compositeur de pop rock britannique Robbie Williams.
Certes, on pourrait reprocher à ce film d'être un projet un peu mégalo (comme pas mal de biopics d'ailleurs), celui-ci étant co-produit, co-interprété et narré par Williams lui-même, et de dérouler certains passages obligés de ce type de production.
Mais malgré cela, il y a quelque chose qui m'a très vite embarqué dans cette œuvre à l'énergie débordante, à l'image de son protagoniste.
Un protagoniste représenté, surprenamment, sous les traits d'un singe.
Un parti-pris qui peut paraître étrange, mais que j'ai fini assez vite par oublier, tellement le rendu de ce primate numérique (merci Weta !) s'incorpore bien à l'ensemble du film. Un "être non évolué", mais au regard bien humain (merci notamment à Jonno Davies, qui a incarné Robbie en grande partie et en motion capture), qui permet de s'accrocher et de croire à ce personnage haut en couleurs et en poils.
Une sorte de conte effréné et désabusé, alternant des séquences rêvées comme cauchemardesques, pour mieux nous illustrer l'histoire d'un artiste en lutte contre lui-même, contre ses addictions, contre ses démons.
Le portrait d'un homme sans filtre dans un exutoire sans filtre, nous montrant Williams sous toutes ses facettes, et pas toujours les meilleures, loin de là.
L'histoire d'un homme qui a longtemps eu du mal à s'accepter ("je ne m'aime pas si on ne m'aime pas"), ne se trouvait jamais à la hauteur, et qui a rempli ce vide et cette culpabilité en lui par tout ce qui lui passait sous le nez, littéralement.
Une approche assez frontale et personnelle, plutôt inhabituelle dans ce genre de film, et dans laquelle les différentes chansons du chanteur s'incorporent à merveille, et font sens avec ce que le personnage éprouve à ces différentes étapes de sa vie.
Une œuvre toujours en mouvement (parfois même jusqu'à l'overdose), traitant aussi bien des moments de gloire que des moments de désillusion, et proposant des séquences entraînantes (mention spéciale au vrai-faux plan-séquence «Rock DJ» dans les rues de Londres) comme des séquences plus émotionnelles (perso, la séquence «Angels» m'a définitivement eu), toutes très bien réfléchies en terme de mise en scène et d'immersion.
Et ayant notamment grandi avec les chansons de Robbie Williams dans mon adolescence, je me suis retrouvé à marmonner certaines d'entre elles dans mon siège.
Bref, un biopic sur les addictions et la dépression assez marquant et fort en émotions, jusqu'à parvenir à l'acceptation de soi, et dans lequel je me suis laissé prendre.
Plus que l'histoire d'un homme rêvant de devenir un chanteur (re)connu, l'histoire d'un fils qui veut devenir un meilleur homme. 7,5/10.