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Big Sur
6.4
Big Sur

Film de Michael Polish (2013)

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Big Sur de Michael Polish m’a laissé dans un état paradoxal : fasciné par sa beauté, mais profondément détaché de ce qu’il raconte. J’ai traversé le film comme on traverse une forêt embrumée – les sens éveillés, mais le cœur en veille. Avec sa mise en scène contemplative et son adaptation littéraire rigoureuse, le film semblait avoir tout pour me plaire. Pourtant, passé l’envoûtement esthétique, je n’y ai trouvé qu’un récit distant, figé, qui m’a laissé sur le bas-côté.


Il faut bien l’avouer : visuellement, Big Sur est un film remarquable. Chaque plan est composé avec un soin presque pictural. On sent le respect – peut-être même la révérence – que Polish a pour la nature, pour le texte de Kerouac, pour l’errance existentielle. Mais à mes yeux, cette beauté devient vite étouffante. À force de vouloir être poétique à tout prix, le film oublie d’être vivant. C’est comme si tout était figé dans l’ambre. Et personnellement, j’ai besoin d’un minimum de mouvement émotionnel pour rester investi.


L’idée de coller au texte original avec une voix off omniprésente pourrait fonctionner si elle était incarnée avec intensité. Ici, j’ai ressenti l’inverse. Jean-Marc Barr récite plus qu’il ne vit, et cela rend l’expérience monotone, presque hypnotique – dans le mauvais sens du terme. C’est un film qui parle beaucoup mais qui communique peu. J’avais envie d’être touché par cette dérive, cette solitude, cette crise existentielle... mais le flot de mots m’a noyé sans jamais me saisir.


Le sujet – la dépression post-Ginsberg de Kerouac, sa lutte contre l’alcool, le vide laissé par la célébrité – est fort. Je m’attendais à un portrait intime, brut, peut-être même un peu chaotique. Au lieu de ça, j’ai eu le sentiment de regarder un diaporama soigné d’une âme tourmentée, sans jamais en sentir le souffle. L’émotion est absente, ou du moins trop contenue. Même les autres personnages sont traités comme des satellites : j’aurais voulu qu’ils existent davantage, qu’ils bousculent un peu cette torpeur.


Ma note de 4.5/10 reflète ce tiraillement : j’ai envie d’aimer ce film pour ce qu’il essaie de faire, mais je ne peux pas ignorer ce qu’il échoue à transmettre. Big Sur est un projet sincère, ambitieux, mais trop fermé sur lui-même pour que j’y trouve ma place. Il touche peut-être les spectateurs sensibles à la contemplation pure, mais pour ma part, j’ai besoin d’un cinéma qui, au-delà des images, me parle — et surtout, me fait ressentir. Ici, je n’ai ressenti qu’un isolement esthétique.

CriticMaster
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le 22 mai 2025

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