Un film léger et réaliste, très poétique, qui nous fait réfléchir sur notre problème de communication et de profiter de l'instant. On commence dès la première scène, dans le quotidien des transports, qui nous est tous familier. La foule du lundi matin qui se presse aux machines à tickets, les escalators qui se croisent, les gens qui se bousculent, les horaires qui nous dictent notre vitesse, la sonnerie des portes qui se ferment. Bref, on nous représente déjà les cages qui nous rendent solitaires et coupe nos ailes.
Dans le milieu de l’hôtel Hilton , ou tout est carré et calculé, Audrey, est une jeune femme de chambre, réservée et rêveuse. Le temps, aux pendules omniprésentes dans le film, est ce qui dicte la vie de la jeune fille. Elle calcule les heures qu'elle passe dans les transports, celui à faire les chambres, et au final n'a pas le temps pour elle et profiter de sa jeunesse. Elle reste enfermée dans cette spirale du quotidien et ne parle à personne, car personne ne parle aux femmes de ménage non plus.
A coté, Gary Newman, un homme d'affaire américain à Paris pour un contrat, est en pleine crise existentielle et décide de tout quitter pour tout recommencer, faire un road trip en Europe. Se libérer de tout le stress du travail : horaires des réunions, voyage d'affaires partout dans le monde, jet-lag épuisants et nuits d’hôtel seul. Il dit adieu à sa vie américaine parfaite, femme, enfants, grosse bagnole, belle baraque et jardinier. Il prends alors son temps, et réfléchit sur sa condition. Observant à l'aéroport, les gens qui courent partout comme "des poulets sans têtes".
Chacun a soif secret de liberté, de vivre différemment du quotidien construit qui les a emmurés et privés de connaitre réellement ceux qui les entourent. Le seul moyen pour eux est alors de brisé les habitudes. Audrey, plongé dans le noir, est contrainte de s'élever sur le toit de l'Hotel. Et attention je dévoile une intrigue, l'histoire brise alors les conventions mais devient d'autant plus intéressante. (spoil) Elle devient littéralement un oiseau, enfin libre et sans attaches. En moineau, elle peut observer (comme elle le faisait avant par la fenêtre de chez elle, les bouts de vie de ses voisins) mais tout en restant discrète et inaperçue. (Comme son rôle de femme de chambre, personne ne fait jamais attention aux moineaux qui les observent). Magnifique scène, ou elle se fait croqué par un client japonais, en tant qu'oiseau. Pour une nuit, elle aura volé aux cotés des géants de fer de l’Aéroport Charles de Gaulle, goûté à une vie sans responsabilités et profité de sa liberté avant de redevenir humaine, mais nouvelle.
Enfin sortis de leur cages, Audrey et Gary, deux personnes, se rencontrent et c'est le début d'une nouvelle histoire.

Créée

le 17 juin 2014

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LeCiné Calorix

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