Birdman ou la renaissance d'un super-héros

Qu'est ce que Hollywood? Une industrie dont le but est de faire un maximum de profit au détriment des qualités artistiques. Une industrie qui inonde le monde de ses superproductions aux montages épileptiques, remplies d'effets pyrotechniques et de CGI. Films dans lesquels jouent des "célébrités" et non des acteurs. Voici en gros le message du film, auquel on adhère ou pas. Pour ma part, j'aime regarder des blockbusters (pas tous non plus), mais la réflexion d'Inaritu n'est pas dénuée de sens. Il évoque par son film la peur d'un Cinéma totalement stéréotypé, sans liberté pour les artistes qui le font vivre.

Mais il serait dommage de réduire ce film à cette simple idée. Birdman est avant tout une monumentale mise en abyme. On y suit un acteur, ancienne star d'une franchise de super-héros à succès recherchant sa gloire passée en montant une pièce de théâtre à Broadway. Cela a d'autant plus d'impact puisque c'est Michael Keaton qui incarne celui-ci. On le suit donc tout au long du film essayer de renouer avec le succès et d'atteindre une certaine reconnaissance artistique. Cela passe par des confrontations complètement surréalistes entre lui et son ego. Ego qui ici est un alter-ego, le super-héros du passé, Le Birdman qui souhaite comme le phénix renaître de ses cendres. Cette oeuvre fait écho à la réalité et Keaton est incroyable dans ce film fait pour lui et parlant de lui. Il nous livre une prestation qui démontre à nouveau qu'il fait parti des très grands. Le réalisateur semble d'ailleurs avoir choisi le théâtre comme lieu principal car il symbolise un retour au source pour les acteurs, celui-ci possède une certaine légitimité artistique. Il reste un lieu propice à la création et offre une plus grande liberté d'action. C'est l'exact opposé du Cinéma tel qu'Inaritu le dépeint aujourd'hui.

Narrativement le film prend le contre pied des canons actuels d'Hollywood. Nous voilà projeté dans les couloirs d'un théâtre de Broadway au moyen d'un immense faux plan-séquence d'une virtuosité hallucinante, les coupes sont tellement astucieuses que l'on y voit que du feu. Ce n'est pas sans rappeler le film "La Corde" de Alfred Hitchcock. Ce parti pris renforce ainsi le côté théâtrale du métrage.Le film est rythmé par des solos de batterie bien jazzy. La musique brise ici le 4ème mur car elle est à la fois diégétique et extradiégétique. Nous ne sommes plus assis dans une salle de cinéma mais bel et bien derrière chaque personnes au plus près de leurs peurs, doutes, échecs et succès. Tout est plus palpable. Les joutes verbales et confrontations d'égos n'en sont que plus jouissives.

Qu'on adhère ou non au message de son metteur en scène, Birdman est sans aucun doute un très grand film. Et espérons-le, l'assurance de revoir Michael Keaton dans des rôles à sa mesure.
-Jérôme-
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films vus au cinéma en 2015 et Qu'on est bien dans son canapé en 2016

Créée

le 25 févr. 2015

Critique lue 678 fois

7 j'aime

-Jérôme-

Écrit par

Critique lue 678 fois

7

D'autres avis sur Birdman

Birdman
JimBo_Lebowski
7

Rise Like a Phoenix

Iñárritu est sans aucun doute un réalisateur de talent, il suffit de jeter un œil à sa filmographie, selon moi il n’a jamais fait de mauvais film, de "Babel" à "Biutiful" on passe de l’excellence au...

le 12 févr. 2015

142 j'aime

16

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Birdman
Sergent_Pepper
4

Opening fight.

La promotion de Birdman était une double fausse piste. La bande-annonce se concentre avant tout sur les fantasmes blockbusteriens du personnage principal, qui n’occupent finalement qu’une portion...

le 6 févr. 2015

130 j'aime

45

Du même critique

Interstellar
-Jérôme-
9

Film de SF mais pas que...

Depuis le temps que je l'attends, il est enfin là! Juste avant la projection se mêle l'excitation et l'angoisse. L'angoisse d'être déçu comme un matin de Noël où l'on trouve sous le sapin une simple...

le 16 nov. 2014

6 j'aime

Jupiter : Le Destin de l'univers
-Jérôme-
3

Jupiter Descending

J'ai aimé la trilogie Matrix. J'ai aimé Speed Racer. J'ai aimé Cloud Atlas. J'ai toujours aimé le cinéma des Wachowski, un cinéma ambitieux qui sait prendre des risques. Mais là je dois dire que je...

le 17 févr. 2015

3 j'aime

Quand vient la nuit
-Jérôme-
7

Un vrai film noir

Etant un fervent lecteur des oeuvres de Dennis Lehane (on lui doit tout de même Gone Baby Gone, Mystic River et Shutter Island pour les plus connues), j'étais impatient de découvrir ce nouveau film...

le 16 nov. 2014

3 j'aime