Birdman or the Unex... Unac... Unes... Peu importe !
Certainement le film le plus attendu de l'année avant le mois de Février 2015, Birdman a accédé au rang de phénomène le 22 Février 2015, avant même sa sortie dans nos contrées, quand quatre certains prix sont passés par là. Pour des fans qui attendaient désespérément qu'un grand film soit récompensé par l'Oscar du meilleur film depuis Le Discours d'un Roi (The Artist, Argo et 12 Years a Slave ayant été jugés sympathiques, sans plus, par un grand nombre de critiques populaires), c'était l'occasion de - peut être - renouer avec ce qui fait l'essence des Oscars, et de voir - peut être - un film passer à la postérité. A mon sens, cette première attente n'est pas totalement comblée.
Au niveau des acteurs, tout le monde s'accorde à dire que Michael Keaton était un choix évident pour un tel rôle, et je suis d'accord : force est de constater qu'il est irréprochable. Edward Norton est à claquer, exactement ce qu'on attend de lui. Surtout, Emma Stone est absolument méconnaissable et réalise une magnifique performance, le film s'élevant d'ailleurs dans ses confrontations avec Keaton, peut-être trop peu nombreuses. Je serai plus réservé sur la performance de Naomi Watts qui, tout l'inverse d'Emma Stone, n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Venons-en à la réalisation, qui est peut-être ce qui a été le plus encensé concernant le film. Alors que les thématiques abordées étaient intéressantes, je regrette que Innaritu soit tombé dans un symbolisme simpliste, enrobé d'une réalisation parfois géniale, trop souvent caricaturale. J'ai le sentiment que certains effets ne servent pas le film, mais que le réalisateur cherche simplement à faire démonstration de son talent. Pour les thèmes traités, j'aurais aimé qu'Innaritu analyse plus en profondeur cette "inattendue vertu de l'ignorance", qui ne transparait pas suffisamment dans le film : en somme, un film qui aurait été un peu plus explicitement philosophique, un peu moins symboliquement pragmatique.
Ne nous y trompons pas : Birdman reste un bon film. Il ne rejoindra pas la liste des mauvais films primés aux oscars (coucou, 2009 ! ). Le jeu, les dialogues, les personnages sont parfaitement réussis ; mais Innaritu aurait pu faire preuve de moins d'orgueil pour réaliser un film plus vrai, plus parlant, et, sans doute, moins compliqué. Une réussite...Pas un chef-d'œuvre.