On ne pourra rien reprocher à Birdman d’un point de vue technique. Les images sont belles, la lumière et la photo aussi, les interminables plans séquence sont beaux, les effets spéciaux ne sont pas dégueu et la caméra est stable. La musique, souvent limitée à un seul instrument – la batterie – est singulière mais plaisante (elle s’accorde en plus avec le thème du film).
D’un point de vue du jeu d’acteur, rien à dire non plus. Keaton est très bon et les autres qui l’entourent sont dans la même veine.
Mais voilà, la technique et le jeu des acteurs ne font pas tout dans un film. Il faut aussi un scénario qui tient la route et qui conduit les spectateurs à ressentir des émotions. Des émotions qui font qu’on se souvient de l’histoire et qui nous donne un goût de reviens-y. Sauf qu’avec Birdman, ce n’est pas le cas. En tout cas, pas pour moi.
Si j’ai aimé le côté « coulisses du théâtre » avec les engueulades, les répétitions, les changements de texte, les trucages, les techniciens qui errent discrètement autour des comédiens, des câbles enroulés sur l’épaule ; ne voir que ça pendant deux heures a fini par me lasser. D’autant plus que ce sont toujours les mêmes scènes qui reviennent, avec quelques subtilités, certes, mais qui restent finalement peu ou prou identiques : la pièce se joue face au public, Mike bouleverse la mise en scène, Riggan récupère sa moumoute truquée et se fait sauter le caisson pour de faux, la public est aux anges, Mike et Riggan s’embrouillent, Riggan part se terrer dans sa loge papoter avec son alter-ego retro, pendant que Mike drague la fille de Riggan et on repart comme en quarante.
Tout du moins, c’est comme cela que ça se passe pendant la deuxième moitié du film. Deuxième moitié qui devient donc atrocement longuette. A chaque fondu, je m’attendais à voir apparaître le mot fin parce que je voulais qu’il s’affiche à l’écran. J’aime les coulisses mais pas le matraquage. Et c’est ce qu’Inarritu fait à travers le personnage de Birdman, qui ressasse encore et encore le même baratin : « tu es un être extraordinaire, Riggan, et tu le serais encore plus si tu endossais à nouveau mon costume, parce que c’est ce que le public veut. Car, oui, le public aime les films où ça pète dans tous les sens et où le scénario tient sur un timbre poste. Tout le reste, c’est de l’étron en boîte et ceux qui te disent le contraire sont des truffes ». En gros.
Ce message répété une fois, ça va (des fois qu’on se soit endormi sur le premier sous-titre, ça vaut toujours le coup d’en remettre une couche). Une deuxième fois, ça commence à devenir lourd. Trois-quatre fois encore, on se dit que le réalisateur nous prend vraiment pour des débiles. Et là, ça devient désagréable.
En conclusion, en sortant de la séance, mon cœur balançait entre le 4 et le 6. Quatre parce que j’avais trouvé le temps long et que les rebondissements attendus avec la bande annonce ne sont jamais arrivés. Six, parce que le film a des qualités indéniables et que le mélange réalité/imaginaire est intéressant. Au final, le pendule s’est arrêté sur le 6 mais cela aurait très bien pu être 5. Sûrement pas plus.