J'aime beaucoup la forme du film: un seul mouvement ininterrompu sans coupe de plan visible appelé en jargon cinéma un plan-séquence. A l'intérieur de ce mouvement fluide, dynamique, puissant, le réalisateur nous raconte la névrose d'un acteur autrefois couronné de succès par un rôle de super-héros (Birdman) et qui subit le déclin depuis son refus de continuer à l'incarner.
Cet acteur veut renaître par le théâtre, et l'action débute au moment des dernières répétitions et le remplacement d'un acteur secondaire par un autre (Edward Norton).
Cet autre acteur apparaît exagérément égocentrique et vampirique jusqu'à menacer l'existence de la pièce.
Voilà le début de ce film qui grâce à sa forme emballe à toute vitesse les questions primordiales(quoique archi-connues) chez les acteurs (américains) du choix de carrière, du choix cornélien hollywood (qui rime avec argent) ou pas, de la confusion vie privée-vie publique, du rapport à la critique (assez caricatural)...
Mais le grand enjeu du film est l'amertume ressentie chez cet acteur qui se matérialise par sa dualité c'est à dire la présence de son rôle de superhéros à travers une voix off qui apparaît comme sa mauvaise-bonne conscience. Iñarritu lui confère une réalité alors que tout pousse vers l'irréalité, l'acteur a les super pouvoirs de son personnage ce qui alimente la confusion extrême de l'acteur qui n'arrive pas à se débarrasser de cette ombre encombrante.
Evocation de la fatale névrose des acteurs qui vivent dans leurs rôles, dans leurs personnages jusqu'au point de rupture, Birdman fait un excellent choix de mise en scène, filme avec brio l'espace soit le dedans du théâtre et le dehors des rues new-yorkaises si proches presque imbriquées à l'image de son acteur, Michael Keaton qui est à la frontière permanente du dedans et du dehors.

Sensurround
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le 24 oct. 2015

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