Quatre ans après avoir intégrée la Suicide Squad, Harley Quinn rempile pour une aventure "collective" où elle réussit cette fois à montrer tout son potentiel. Ce film, qui n'est pas une suite mais que l'on pourrait rapprocher d'un spin-off, n'avait pas de grands efforts à faire pour surpasser son prédécesseur, décevant à tous les points de vus. J'avais d'ailleurs écrit une critique à l'époque, qu'il faut vite que j'actualise ! C'est parti pour mon avis détaillé sur ce blockbuster aussi haletant que épuisant.


Birds of Prey illustre parfaitement cette notion de cinéma pop corn, vivant et divertissant uniquement par son spectacle. Spectacle il y a et le terme se matérialise littéralement lors de la bataille finale, se tenant dans une fête lorraine et constamment illuminée de néons mouvants. Cette dernière remplit d'ailleurs son contrat, jouissive et plutôt bien réalisée pour ce qui est d'insuffler du dynamisme aux chorégraphies. Ce qui me gêne, c'est qu'on est bien dans du divertissement bête et méchant où le rythme ne faiblit certes pas, mais à quel prix? Cette omniprésence d'action, de péripéties et de nervosité est utilisée pour empêcher le spectateur de réfléchir. Les artifices sont partout, que ce soit les trop nombreux ralentis complètement désuets ou la musique qui fait passer le long-métrage pour un clip de deux heures. Il faut donc se rendre à l'évidence après Aquaman et Shazam, DC Comics a bien décidé d'abandonner les thématiques matures et complexes ou la recherche esthétique de Snyder. Désormais, tout est question de divertissement et de produit marketing...


Néanmoins, il faut souligner le réel effort de narration dont fait preuve le long-métrage en adoptant le point de vue (et même les pensées) de Harley Quinn, insufflant une originalité bienvenue au genre super-héroïque et permettant de garder son récit rythmé. Le spectateur, voguant entre passé, présent, futur et digressions amusantes, ne peut pas voir le temps passer. Le gros point fort du long-métrage réside évidemment dans le personnage d'Harley Quinn qui est, sans surprise, la vedette d'un film qui lui est entièrement dédié. N'en déplaise à ce titre beaucoup trop long, c'est Margot Robbie qui domine la compétition. Pétillante, folle et très impliquée, elle fait vivre son personnage avec une interprétation réussie, mention spéciale au travail sur la voix et les intonations qu'elle a du faire. Voir le quotidien de l'ex du Joker permet vraiment d'ajouter la dimension humaine qui lui manquait, donnant aux spectateurs une nouvelle raison de l'adorer. Toutefois, il y a une contrepartie. Les personnages secondaires sont évincés, relégués soit à de la pure figuration au point où le film aurait carrément pu se passer d'eux (Black Canary, Montoya) ou agissant en Deus Ex Machina (Huntress, génialement interprétée par Mary Elizabeth Winstead). On sent que leur incursion dans le récit est forcée et qu'elles sont un peu là en touristes. C'est vraiment dommage car les bases des personnages sont intéressantes et ont du potentielles mais ces Birds of Prey restent jusqu'à la fin des esquisses. Aucun temps mort ou pause dans le récit ne permet un semblant de développement. On ne ressent donc rien pour leur sort, cette non-impression est en plus accompagnée d'un je-m'en-foutisme accablant.


De plus, nous avons une fois de plus la preuve que créer des bons méchants n'est vraiment pas le fort des films DC Comics. Black Mask demeure le typique méchant sadique grandement inspiré du Bad Guy de Léon, réalisé par Luc Besson, auquel tente vainement de faire référence étant donné que la relation entre Harley Quinn et la fillette est bien trop faible pour justifier leur attachement final. Le personnage d'Ewan McGregor (qui donne toute son énergie malgré la pauvresse d'écriture) relègue sans cesse ses tâches et n'agira en vrai antagoniste qu'à la toute fin du film. Nous avons de nouveau affaire au célèbre syndrome du Big Boss trop occupé pour assurer son rôle de méchant. Il reste à distance des personnages mais aussi du spectateur, ce qui amoindrit l'impact de son charisme, surtout que sa psychologie n'est pas du tout travaillée et ses intentions totalement sommaires.


Il reste toutefois des points positifs à aborder, à l'image d'un féminisme complètement forcé qu'on aurait pu craindre et qui finalement, est assez bien dosé pour ne pas que cela me sorte de l'histoire; ou encore de la disparition de cette terrible gentillesse qui avait contaminé et condamné la Suicide Squad aux yeux des fans. Ici, nous avons droit à de vraies anti-héroines badass, permettant à au récit et plus généralement à l'univers DC Comics de retrouver une certaine cohérence et une crédibilité rassurante. Certes, le classement R-Rated est très gentillet mais c'est mieux que rien.


Je finirais en vous prévenant qu'il ne faut pas chercher du renouveau dans Birds Of Prey, on voyage constamment en terrain connu, la tension dramatique est portée disparue et même s'il y a quelques légers efforts de mise en scène pour la rendre énergique et lisible, elle reste banale, peu intéressante accompagnée d'une direction artistique assez pauvre. Heureusement que les reshoots ont permis aux chorégraphes de John Wick de tourner les scènes d'actions, un des points forts du film qui rehaussent la qualité de l'oeuvre finale. Tout le monde n'est toutefois pas Matthew Vaughn avec les incroyables séquences musclées de Kingsman. Ainsi, on pourrait apparenter le film à un paradis d'artifices, partageant une saveur aussi insipide que satisfaisante. On maintient tout de même le coup de coeur sur Harley Quinn, qui semble désormais porter tout DC Comics sur ses épaules. Peut être sera-t-elle aidée par la guerrière amazone? Réponse en juillet !

Sinar1107
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le 5 févr. 2020

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