C'était attendu, toute l'influence du cinéma de Jia Zhang Ke donne enfin naissance à ses premiers enfants. Vraiment quel plaisir de le voir en tant qu'acteur dans un film aussi maîtrisé dans son exécution.
Situé aux confins de la Chine, on est frappé du début à la fin à quel point l'environnement socio-politique donne toute son amplitude au film. Le personnage principale est déterminé à retourner chez lui après des années, et nous fait ressentir tout le poids de sa culpabilité et sa mélancolie qu'il va trainer au bord de sa moto, symbolisées par son chien noir qu'il recueille, comme un miroir de sa propre existence solitaire, rejeté par le monde.
Comme chez Jia Zhang Ke, la logique capitaliste est centrale dans la dynamique de l’œuvre. Elle s'immisce dans la ville telle la tempête du désert de Gobi, et oblige les habitants à l'abandonner petit à petit, laissant de côté les marginaux: les chiens et tous ceux qui n'ont pas d'autres moyens que de rester, qui ne regarderont les J.O de Pékin qu'à travers un grand écran sur un parking de la ville.
Mais la grandeur physique et symbolique de ce cow boy à moto laisse présager aussi la résistance et la résilience, bref très bonne maîtrise et acteur vraiment incroyable