Black Dog, si elle n'était pas nommée, pourrait être le nom de cette ville isolée, balayée par les vents de poussière, les tremblements de terre, cette ville de ruines qui bientôt sera rasée mais surveillée au loin par un loup blanc. Ce décor parfait de western où les âmes errent dans des rues traversées par des virevoltants, des sacs plastiques et, bientôt, par un tigre.
Black Dog, s'il n'était pas nommé, pourrait également être le nom de ce personnage qui, mutique, mystérieux, gardant précieusement secret son passé, a tout du héros bronsonnien, armé de sa moto couverte comme lui de cicatrices.
Black Dog, évidemment, puisqu'il n'est pas nommé, pourrait être le nom de ce chien, échappé d'une meute sauvage. De quoi les chiens sont-ils ici la métaphore ? Le film demeurera suffisamment flou pour attiser la curiosité, jouant sur les tons pour mieux brouiller les pistes. Un coup parias d'une société qui les rejette, les cache au profit de cette grande éclipse (sociale, politique, économique) spectaculaire que sont les JO de 2008, ils seront ensuite l'incarnation d'une liberté reprise après la fuite, et finalement l'humanité perdue des humains, à l'image de ce héros solitaire aux traits canins.
Black Dog c'est en tout cas le titre d'un western audacieux et symbolique, poisseux et granuleux, déroutant mais toujours curieux, une ode à la liberté où les riffs de Pink Floyd ont remplacé les sifflements de Morricone.