Black Panther par AntoineRA

Des éloges qui pleuvent pour un Roi qui trône fièrement sur la concurrence. Marvel/Disney réussit de nouveau à conquérir le public, et mettre cette fois les critiques à genoux devant la réflexion sociale engagée par le film. Et heureusement que les scénaristes ont approfondi un tantinet cet aspect, en prime d'excellents acteurs pour les rendre vivants, car la formule Marvel n'est finalement pas tant révolutionnée. Néanmoins, cette découverte d'une toute autre culture, à la fois indigène et hautement évoluée, permet de tracter une grande partie de l'attention en dehors des ficelles usuelles du genre.

En effet, on découvre le Wakanda et son histoire, ses différentes tribus, et les opposants au trône. On entre dans l'intimité de son roi T'Challa, héritier endeuillé et désormais détenteur du costume Black Panther et des capacités surhumaines incombant à son titre. On apprend à connaître ce roi cool, dans un esprit très Obama, et surtout son entourage avec Danai Gurira en Okoye, générale de l'armée royale, impériale mais non dénuée de cœur, et Letitia Wright en Shuri, sœur de T'Challa, et véritable apport électrisant au film, rayonnante et pleine d'humour. Bien sûr, il y a Chadwick Boseman en personnage titre, mais son charisme diminue malheureusement tout au long du film. Côté protagoniste, la pioche est excellente. Andy Serkis nous sert un Ulysses Klaue baroudeur et illuminé, dont on regrettera la courte présence. Et surtout, l'antagoniste phare, Michael B. Jordan, qui joue un Killmonger au charisme spectaculaire, totalement impitoyable et extrémiste.

Ses motivations sont par ailleurs vraiment touchantes et sincères, faisant totalement écho aux thèmes socio-politiques du long-métrage, notamment sur le fait de révéler l'existence de la technologie au vibranium - ultra-cheatée au passage - et de la vraie civilisation wakandaise au reste du monde, ou de continuer à vivre dans le secret et suivre les anciennes traditions. Ces enjeux changent des thèmes habituels du MCU et permettent une lecture plus sérieuse et engageante. Le réalisateur parvient même à créer, par endroit, une charge émotionnelle que l'on avait rarement ressentie dans un Marvel, en particulier grâce à sa superbe direction d'acteurs. Par contre, l'énorme forcing ethnique, que ce soit dans ce focus permanent sur les traditions wakandaises, ou bien la bande-son à l'orientation très tribale évoque rapidement des parallèles avec Avatar.

Toute la résonance scénaristique, et le fait que le film se passe en grande partie dans cette culture totalement nouvelle vole en partie la vedette à Black Panther, qui ne se montre pas tant que ça, hormis dans le feu de l'action. D'ailleurs, de ce côté, et sur la majorité de l’œuvre, la mise en scène de Coogler est plutôt quelconque. On note surtout un excès dans la colorisation des costumes au Wakanda, tout comme dans les scènes nocturnes bardées de néon. La plastique du film n'aurait pu être plus familiale, malgré des accès de violence. Pareillement, les effets spéciaux ne se montrent pas spécialement époustouflants, même s'ils permettent de rendre réaliste ce Wakanda si indigéno-futuriste. On remarque des plans sur fond vert assez pauvres, et certains plans larges bien fades.

Au final, Black Panther n'offre pas une relecture complète du film superhéroïque, même si son cadre dépaysant apporte un réel vent de fraicheur, à la façon d'un Gardiens de la Galaxie. Ce sont surtout les thèmes réfléchis qui hissent le film vers le haut et, ce que l'on retiendra au bout de deux heures, ce sont avant tout les nouveaux personnages brillamment introduits et développés dans cet énième épisode du MCU.