Black Panther is back !

Ce film, c'est d'abord un film que je ne voulais pas voir. Dès l'annonce de la mort de Chadwick Boseman, je pensais impossible, et même indécent, de faire un Black Panther 2 : allaient-ils faire T'Challa en CGI ? Comment expliquer la mort d'un super-héros à la force surhumaine ? Comment agencer ce Black Panther 2 avec le MCU ?

Pourtant, doucement, je finissais par être tenté, surtout lorsque j'ai vu la possibilité de voir une scientifique super-héroïne (parce que les super-héros guerriers c'est bien, mais les super-héros scientifiques c'est mieux). Après tout, Black Panther était un bon Marvel : loin de l'excellence, mais agréable à regarder, et surtout à écouter - sa bande-son me hante.

Cependant, je n'attendais pas grand chose de Black Panther: Wakanda Forever. Je m'attendais à y voir un film essayant maladroitement de s'en sortir malgré la mort de son personnage principal. Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je suis entré dans la salle.

Tout d'abord, le sujet qui fache : scénaristiquement, les premières minutes sont une catastrophe car il n'y a absolument aucune explication sur la mort de T'Challa. Pourtant, je peux comprendre qu'il n'y ait pas eu d'autres solutions, et la catastrophe de ces premières minutes est rapidement oubliée, notamment grâce à la belle cérémonie qui arrive peu après.

Et surtout, cette mort soudaine, dès les premières minutes, permet d'introduire le sujet principal du film. Black Panther: Wakanda Forever est un film qui a choisi d'aborder le deuil de manière frontale. Dès les premières minutes du film, on plonge dedans comme dans un gouffre, et il parcourt tout le film. Aucun personnage du film n'y échappe : le Wakanda entier pleure la mort de leurs dirigeants, les habitants de Talokan pleurent leur terre perdue, et Namor pleure sa mère. Il est intéressant de noter que c'est l'un des seuls films du MCU à aborder un sujet si grave de manière si directe, et malgré le fait que j'ai beaucoup aimé cette initiative, je dois avouer qu'elle a un défaut : dans la salle, des enfants étaient à côté de moi, et ils n'ont rien compris au film. Je dirais presque que Black Panther: Wakanda Forever est un film de super-héros (exclusivement) pour adultes.

Ensuite, Talokan est une réussite. J'étais très dubitatif lors de leur première apparition ("mais pourquoi il y a les mecs d'Avatar dans le MCU ??"), mais au final le film donne suffisamment d'explications, et surtout suffisamment de lore, permettant non seulement d'accepter l'existence de ce nouveau peuple dans le MCU mais surtout de les comprendre.

Les habitants de Talokan (les talokaniens ?), après avoir été rejetés de leur propre terre, ne veulent au final qu'une chose : la tranquillité. Comme le Wakanda, le secret les protège, mais contrairement au Wakanda, ils continuent et veulent continuer de garder le secret. Ce contraste entre le Wakanda qui s'ouvre au monde et Talokan qui veut rester secret, mélangé avec les nombreuses similitudes entre les deux peuples (peuples cachés, cités magnifiques ayant un trésor à garder du reste du monde...) créé un duo plutôt intéressant à voir, et assez subtil par rapport à ce que le MCU a l'habitude de nous montrer.

Surtout qu'il faut l'avouer : Talokan est beau, et côté photographie/images, il n'y a rien à redire au film. Il n'est pas exceptionnel, mais il fait bien ce qu'il a à faire.

Cependant, le côté du film qui m'a particulièrement marqué est la bande-son. Définitivement d'influence plus "moderne" qu'au premier volet, elle est toujours aussi marquante, et souligne parfaitement l'action. La seule chose que l'on peut reprocher, c'est que - dans mes souvenirs - il n'y a pas de thème particulièrement marquant, contrairement au premier volet où le thème du Wakanda s'était propagé comme une traînée de poudre sur internet.

Enfin, certains reprocheront que le film n'ait pas assez "d'action", qu'il soit moins "épique" que son prédécesseur - et je les comprends ! Après tout, les films de super-héros sont connus pour avoir des scènes d'action incroyables, des super costumes, des héros irréprochables ou presque combattant des méchants qui sont super méchants... éléments que l'on retrouve peu dans ce deuxième volet.

Cependant, j'ai apprécié cette démarche très sérieuse, avec peu d'humour (on peut toutefois noter la scène de rencontre entre Okoye, Shuri et la scientifique qui a fait rire beaucoup de gens dans la salle) et peu d'éléments classiques des super-héros, même si elle étonne par moments.

Au final, le film existe pour transmettre un message clair et net sur le deuil : la douleur est normale, mais la vengeance est inutile, et il faut apprendre à accepter l'état des faits. Ce qui est surprenant, c'est que le film a été créé dans la même démarche : pas de T'Challa en CGI, pas d'évitement de sujet... la mort de Chadwick Boseman est montrée, acceptée, et l'histoire continue tout de même d'évoluer.

Et je dois avouer qu'ayant connu deux deuils difficiles cette année, ce film, malgré ses défauts évidents, m'a fait du bien. J'y ai trouvé quelque chose de vrai, de sincère, et la fin m'a fait pleurer à chaudes larmes. Car quiconque ayant connu le deuil sait que lors de certains moments de grâce, il arrive de sentir la présence de ceux que l'on a perdu. Et comme dit Shuri, ce ne sont que des illusions que notre cerveau créé pour nous conforter - mais comme le dit si bien la mère, mieux vaut-il des souvenirs qui créent de la douleur, ou des "illusions" qui nous confortent ?

À quiconque lirait cette critique en état de deuil : j'espère que comme Shuri à la fin du film, vous trouverez l'apaisement, et la force d'avancer.