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Ethan Hawke + Scott Derickson + kidnapping d'enfants = "Black Phone", terrible film d'épouvante

En cette pré-période d’Halloween, j’ai décidé de regarder une seconde fois « Black Phone » sur mon ordi juste avant d’aller voir sa suite au cinéma. J’avais visionné le premier opus sur la bibliothèque Canal + lorsque j’étais abonné.

Production Blum qui reçut le Saturn award 2022, ce film est une adaptation de la nouvelle sobrement intitulée « Le téléphone noir » publiée en 2004. Pour l’anecdote, c’est Joe Hill, l’un des fils de Stephen King !!, qui l’a écrite. Bonne première nouvelle !

Ensuite, il s’agit de la troisième collaboration entre le réalisateur Scott Derickson et l’acteur Ethan Hawke (on peut compter « Sinister » ainsi que « Black phone 1 & 2 »). Revigorant, à s’en mordre les doigts et… à s’en faire peur !


« Black Phone », synopsis : années 1970, dans une bourgade des Etats-Unis. Finney, un ado mal dans sa peau, se fait kidnapper par un tueur en série qui l’enferme dans une cave. Grâce à sa sœur qui fait des rêves prémonitoires et à l’esprit des anciens condamnés, il va se battre contre tous ces démons pour essayer de s’en sortir vivant… .


Le réalisateur Scott Derickson nous sort d’une expérience étonnamment ébouriffante. Doublée d’une ambiance délétère qui nous maintient sous tension. Big phone !

Ici, pas d’effet de style de la part de la mise en scène, juste une mise en situation en un climat hostile qui se transforme en huis-clos pour un jeu de la mort, au bout du téléphone, qui joue avec nos nerfs. Big big phone… !

L’éternel combat du bien contre le mal est relevé malgré tout avec panache, et ce avec une pointe d’ironie concernant les mauvais sorts qui peuvent s’abattre sur l’un ou l’autre des personnages principaux, Finney, ou un coup du sort impromptu pour le tueur en série.

Angoissant à souhait, sans jamais jouer avec les bases du film d’horreur moderne (avec les fameux jumpscares et autres effets visuels attendus), le film joue avec nos peurs les plus profondes pour mieux nous amener à les vaincre.

Le film en profite pour défier la mort avec une âme, une âme pure, celle d’un enfant. Un enfant qui combat le mal. Mal incarné par ce visage sidérant de froideur, d’animosité et d’autorité. Un personnage malsain dans toute sa splendeur, d’autant que le masque orné de bois de cerf est plutôt bien fait (créé par un certain Tom Savini, la légende du maquillage et de la création d’effets pour le cinéma d’horreur -notamment pour George A. Romero avec « Zombie », « Creepshow », « Le territoire des morts »...), un plus pour la conception des costumes. un personnage de cire, machiavélique et qui joue avec nos nerfs.

Le tueur en série, bien que malgré tout sujet central du film, n’apparaît que peu à l’écran, ce qui renforce les aspects de nos angoisses et de nos peurs les plus primaires. Ce qui ajoute un plus côté des effets visuels pour la victime lors de ses hallucinations et des précédents enfants tués et de ses prétendus visions. Ces effets sont très bien réalisés (et qui foutent la pétoche de par ces rendus visuels) et qui ancrent encore plus ce film non pas comme un slasher des 90’s mais bien comme un film d’épouvante des 70’s, voir film de terreur tel le « Massacre à la tronçonneuse » (de 1974 !) évoqué ici.

Tous ces parallèles montre que Scott Derickson, qui a débuté sur le scénario de « Urban legend 2 », use des clichés habituels pour mieux les détourner et les réinventer à sa manière, tel le concept du téléphone, fascinant et permettant de mettre en relief le récit et le monde des morts.

Le réalisateur de « The gorge » nous prouve, grâce aussi à sa mainmise sur le scénario, qu’il arrive à nous kidnapper et nous enfermer dans sa cave pour mieux nous faire comprendre son cinéma (d’horreur).

En découle une mise en scène globale, singulière et mystérieuse.

Si le réalisateur de « Le jour où la terre s’arrêta » et de « Doctor Strange » ne signe pas ici un chef d’œuvre de l’horreur, il arrive à mettre en place une ambiance d’épouvante digne des plus grands classiques de l’horreur (« Shining », « L’exorciste », « Simetierre », « Halloween »...) tout en les combinant à sa manière. Pour marquer les esprits.

Et ce, grâce aussi, à une petite musique douce (de Mark Korven, le compositeur de « Cube ») qui ne freine en aucun cas ni l’avancé du récit, ni les retournements de situation facile, mais facilite l’entrée de l’épouvante dans nos âmes. Brrrrr…. !


Du côté des interprètes, on a Mason Thames (son premier grand rôle lui vaut ici, sur ses petites épaules, toutes les horreurs, pardon les honneurs !, puisqu’il porte « Black phone » à bout de bras !! Jeune talent à suivre ; vu cet été dans le live action « Dragons ») qui joue le gosse Finney de manière si naturelle et désarmante qu’il nous scotche devant notre écran grâce à son irrésistible charme. Good phone, Finney !

Face à lui, Ethan Hawke (« Croc-blanc », « Bienvenue à Gattaca », « Training day », « Lord of war », « La vérité », autant de métrages marquant depuis la décennie des 90’s) interprète avec une maestria digne des plus grands un kidnappeur majuscule. Hawke incarne avec brio ce tueur d’enfants machiavélique. D’une envergure incomparable, d’une justesse effrayante, à toute épreuve, ce rôle de psychopathe lui sied à merveille. Une composition ‘hannibalienne’, qui se rapproche d’un jeu à la Hopkins par ce rôle psychologique qu’il joue à la perfection. Un très beau rôle de composition. Vive les kidnappings… !

Les seconds couteaux qui m’ont frappés (c’est le cas de le dire !) sont :

- Madeleine McGraw (débutante grâce à Eastwood sur « American sniper », elle est déjà passée par la case « Ant-man » et « Toy story 4 »), l’émouvante sœur de Finney ;

- Jeremy Davies (« Il faut sauver le soldat Ryan », « Dogville » de Van Trier), convaincant en père abusif ;

- James Ransone (« Ken Park » le révélant à la critique, il tourne ensuite sous les ordres de Spike Lee, Paul Haggis, Andy Muschietti) en coloc’ étonnamment loufoque ;

- et Miguel Cazarez Mora, punchy à souhait, le copain de Finney qui sait se battre.


Pour conclure, « The Black Phone »(2022), tourné en à peine un mois de temps !, se profile comme étant cette série B solide et efficace pour un divertissement glaçant et intelligent, et peut se targuer d’être ce petit bijou de l’épouvante pour une belle réussite du genre (que Roger Corman apprécierait sûrement !).

Ou quand Scott Derickson, le nouveau maître de l’horreur made in 2000’s (« L’exorcisme d’Emily Rose », « Sinister », « Délivre nous du mal »…), nous fait sa leçon de cinéma ...d’épouvante !


Accord parental souhaitable ; interdit aux moins de 14 ans.


Spectateurs, si vous vous endormez, la Mort n’est pas si loin… !


PS : je suis allé voir « Black Phone 2 » dernièrement, ça a été une vraie surprise de ma part. Au lieu de vous parler technique comme je l’ai fait plus haut, une pensée sur ce deuxième volet.

Le pouvoir du cinéma, c’est de nous faire rêver ...par un téléphone noir, un soir de songe. ‘Songes d’une nuit d’été’, songes d’une nuit d’hiver, le cinéma est là pour nous faire rêver : le divertissement dans toute sa splendeur, d’une infinie justesse sombre et enivrante. Le cinéma dans toute sa torpeur… . A méditer.

brunodinah
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le 21 oct. 2025

Critique lue 12 fois

brunodinah

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