Blade Runner : le problème de Turing élargi

Une bonne histoire de SF c'est avant-tout une bonne idée. Et Blade Runner n'échappe pas à la règle, qu'il s'agisse du roman (Do Androids Dream of Electric Sheep?) ou du film.

Et l'idée de départ c'est le Test de Turing. Influencé et fasciné par la lecture en 1950 de l'article fondateur du père du concept d'ordinateur, Philip Kindred Dick développera 18 ans plus tard une histoire qui reprend les deux questions fondamentales qui l'auront toujours hanté tant dans son oeuvre littéraire que son Exégèse : Qu'est-ce que la "réalité" ? ET Qu'est-ce que être "humain" ?

Ici il s'agit du problème de Turing dans une version étendue. Réussir le Test pour une machine n'est pas de nature ontologique. Peu importe de savoir si elle est intelligente en soi, ou si elle est dotée d'une conscience. Seul le comportement est un observable (c'est tout le problème en cybernétique du concept de boîte noire et donc de ce qu'il y aurait à l'intérieur), et si une machine semble présenter un comportement intelligent POUR quelqu'un, alors elle doit/peut être qualifiée "d'intelligente" ; au sens de Turing. L'être humain ne se réduit pas qu'à ses fonctions cognitives et PKD pose la question plus large : si un androïde suffisamment élaboré avait une apparence et un comportement tels que nous ne pourrions pas le distinguer d'un "véritable" être humain, devrions-nous le qualifier lui-même d'humain ? Mais il explore aussi les relations que nous établissons entre humains en les transposant au couple homme-machine. Ainsi : Pouvons-nous aimer un Androïde ?

De toutes façons la réponse est incluse dans la question. Si nous ne pouvons pas faire la distinction entre un humain et une machine, le problème ne se pose plus POUR nous.

Quant au film, au-delà du développement de ces idées et questions inspirées de la philosophie de l'esprit, ce qui en fait un classique d'anthologie de la SF c'est aussi le développement de l'histoire sur fond de polar noir, l'ambiance visuelle des décors et du traitement de l'image, et surtout la musique : une des plus belles BO du cinéma, signée Vangelis.

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le 12 juil. 2014

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