Qu'est-ce qui nous fait humain ?
L'amour ? La peur ? La conscience ? L'auto-destruction ? Les rêves ? La vie ? La mort.. Un peu de tout cela ? Ou absolument rien.


Je vais premièrement parler du premier Blade Runner de Ridley Scott, que j'ai vu, pour la première fois (me frapper pas), le même jour que le second, Blade Runner 2049. Bien évidement, alert spoiler du premier opus.


L'alignement des planètes qui requiert d'un scénario parfait (adapté d'un livre de Philip Dick, Totall Recall, Minority Report..), et interprété par quelques acteurs dans un état de grâce, une direction artistique inspirée, du meilleur que j'ai vu, avec une atmosphère de cinéma noir avec des néons, ainsi que d'une bande sonore mémorable n'était pas chose fréquente. Mais ça pouvait arriver. Comme dans Blade Runner, l'original.
Il faut le dire, ce film, ce blockbuster est le meilleur film en matière de réalisation (sinon son meilleur film, bien sûr, c'est Alien), de Ridley Scott.
Le tout, s'est mis au service d'une histoire qui nous parlait de l'identité personnelle et le sens des souvenirs, l'empathie et avant tout, la conscience de la mort comme quelque chose qui nous rend fragiles et aussi, qui nous rend humains.


Des machines qui disent être "Plus humains que les humains".
C'était la devise de Tyrell Corporation dans le film, et c'était si bien fait que pour savoir si c’était des humains ou des répliquants, il était nécessaire de leur faire passer le test Voight-Kampff pour mesurer leur empathie. Comme si c'était le fameux test de Turing.
C'était le trait caractéristique de notre espèce selon ce film, ce qui nous dote d'humanités. Oui, tout cela dans un blockbuster de Ridley Scott, si profond et incroyable, avec des éléments philosophiques et métaphysiques fascinant, avec cette fin cultissime, où le répliquant, celui qui est plus humain que les humains, assume sa fin, et affronte avec noblesse et intégrité, des valeurs que les êtres humains ont perdues. Où les humains se comporte comme des robots, sans expression et insensible.


Dans un film où un détective sans conscience, exécute tout ce qu'il considère que des machines, sans sentir la moindre compassion par ses victimes. Et en face de lui, des surhumains synthétiques dotés de toutes les qualités désirables… Sauf de la durée de vie.
Chaque fois qu'une lumière brûle deux fois plus, elle brille deux fois moins longtemps...
Ils ne veulent pas mourir et c'est cette conscience de la propre mortalité, qui leur rend humains.
Et s'ils auraient fait le test de Voight-Kampff dans cette terrasse à Roy, ils n'auraient pas su qu'il s'agirait d'un répliquant. Juste quand il sent qu'il est sur le point de mourir, c'est quand il décide de laisser en vie Deckard.
Nous n'oublierons jamais ce monologue de tel acteur, l'un des meilleurs de l'histoire du cinéma, il y a tout, de significations, de l'émotion, des sentiments, de la vie...


Un film avec un critique social et moral impressionnant, où l'on voit une planète remplis de pollution, maladie, esclavage, délinquance avec la police qui rode de partout, des villes avec des grattes ciel en forme de la tour de babel... Comme si les pauvres essayer de se rapprocher de l'atmosphère pour partir dans les autres colonies, appelés off-world, remplis de richesses, d'air pur, avec des vrais animaux, liberté et ne plus voir cette roche surpeuplée et industrialisée appeler, Terre.
Sans oublier cette technologie sans limite où les scientifiques jouent à être Dieu tout-puissant en créant des répliquants.
Un film qui nous pose des questions philosophiques (que les répliquants tout comme les humains se pose), comme, qui sommes-nous, jusqu'à quand on va vivre, et après ceci ? Puis des questions d’éthique comme celle de tuer un robot au bout de 4 ans avec des sentiments, des émotions, des souvenirs comme les êtres humains.


Comme dans le "Director's Cut" où l'on pouvait voir explicitement le rêve avec la licorne de Deckard, qu'au final résultait être un implant, un faux souvenir. Mais que dans la version originale, s'insinuait avec subtilité des détails comme l'obsession commune entre les répliquants et Deckard, par les photographies, ses souvenirs qui représentaient un passé imaginaire pour s'accrocher et qui les dotaient d'une identité... Mon Dieu... Quel génie.


Autour de Blade Runner 2049, suite, qui s'éloigne de toutes les suites, remakes, reboots qu'Hollywood produit.
Denis Villeneuve, très fidèle au film original, c'était un réalisateur parfait pour se mettre aux commandes de cette suite, grâce à sa magnifique trajectoire, où il a déjà gagné le respect de tout le monde l'année dernière, avec Premier Contact.
Mais aussi en se démarquant de l'original, capable de se défendre sans problème, ou presque.
Elle est si puissante, la construction narrative que Villeneuve impose... Il est, à nouveau, presque, comme l'originale.
Blade Runner 2049, nous renvoie de retour dans un avenir dystopique, équivalent à la fin de l'humanité, distant, obscur, pessimiste.
Où des répliquants d'une nouvelle et vieille génération vivent ensemble, avec les humains dans un monde de plus en plus hostile.


Il est complet, comme son prédécesseur, le piano, les photos, les publicités d'Atari et Coca-Cola, les origamis, les tests de Voight-Kampff.
On écoute même des fragments de dialogues de celle-ci.
On dirait que cette suite se sent si "écrasée" par l'ombre de l'originale qu'elle doit faire appel à chaque moment pour gagner une respectabilité envers le premier opus.
Donc à ceux qui n'ont pas aimé la version de 1982, il est impossible qu'il puisse aimer celui-ci. On sent que Blade Runner 2049 essaye d'être le digne héritier du premier film, et même de la Science Fiction, comme le fut le film de Ridley Scott.
Il y a de très bonnes idées, le scénario est magnifique, le coup du bébé, la "petite copine" irréelle comme si on regardé le film Her, la fille qui crée les souvenirs.
Tout est parfaitement imaginé pour ce film, et d'une critique sociopolitique et sur la condition humaine atroce. Comme le moment où l'ont voit les enfants avec les ordinateurs, frappant. Tout est dit dans cette séquence.


Mais, oui il y a un mais. Il est beaucoup moins subtil et moins impactant que l'original. Le scénario se force à nous expliquer à chaque instant ce que nous voyons, ce qu'ils font ou sentent les personnages.
À souligner l'évident sans vouloir lâcher la main du spectateur.
Il manque cette touche énigmatique de l'originale, cette touche qui te donne envie de le revoir pour mieux analyser et comprendre les détails de ce qu'il veut nous transmettre. Ici ce n'est pas nécessaire, et c'est pour moi (et pour beaucoup de gens) le grand problème.
Du coup, la charge philosophique n'est pas comparable avec le film de Ridley. Sans oublier que les dialogues sont moins épiques que l'original. Il manque cette poésie, profondeur, sensibilité philosophique et beauté qu'il y avait dans les dialogues du premier film.


Techniquement et visuellement, il est parfait et bien meilleur que le premier Blade Runner. On ne peut pas ne pas admirer la brutalité et la beauté de chaque plan, qui pratiquement, reformule la science-fiction contemporaine en démontrant que le cinéma d'auteur et le blockbuster, peuvent aller main à main, comme le fut Mad Max: Fury Road il y a 2 ans.
Les images imposantes crées par Villeneuve et Deakins (directeur photo) se déroulent, presque, en slow motion aplatie par la musique d'Hans Zimmer. L'action dans ce film, est quelque chose d'assez anecdotique, et qui reste dans un second plan noyé par l'argumentation.
Les acteurs sont magnifiques aussi, de Ryan Gosling à Harrison Ford, mais la mention spéciale c'est pour Dave Batista, que je ne savais pas du tout qu'il savait interpréter... Et qui finalement il est bien meilleur que Dwayne Johnson... Mais surtout Ana de Armas. Elle doit au moins être nominée aux Oscars.


Conclusion, un film très impressionnant, une des meilleures de l'année, car le niveau des films cette année est assez basse... Un film qui n'est pas parfait mais presque, juste ce détail de la subtilité et cette force philosophique de l'original, qui avait captivé pour toujours notre imagination.
Et la vérité, je n'ai pas de préférence entre les deux, chacune a ses points forts, celle de Ridley, sa subtilité dans ce qu'il raconte, et celle de Denis, sa puissance visuelle dans ce qu'il montre.
Une expérience cinématographique impressionnante.


Note Final Blade Runner : 9.1
Note Final Blade Runner 2049 : 8.8

JaviFou08
9
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le 16 oct. 2017

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JaviFou08

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