(Ne lisez pas cette critique si vous n'avez pas vu le film)


Un monde froid, lugubre, dénaturé du vivant, où l'intelligence artificielle, la robotique et la technologie sont devenues les pièces maîtresses d'une société malade attiré par le toujours plus, le perfectionnisme et la perte de sens.


N'est-ce pas ce vers quoi tend l'humanité ?


Pour moi Blade runner 2049 (prolongement fidèle de son aîné), c'est avant tout cette sensation d'anticipation réaliste faisant froid dans le dos sur l'avenir de notre monde.
Les films de science fiction ayant marqué leurs époque, semblent souvent nous plonger dans un avenir pas si lointain, reflet de l'image que renvoi l'humain à un instant T.
C'est en cela que Blade runner 1er du nom peut-être qualifié de chef-d'oeuvre. Tout a été imagé, construit (inspiré par le roman de K.Dick) par Ridley Scott il y a 35 ans. Et l'impression que cette réalité, très lointaine de nous à l'époque, semble de plus en plus proche aujourd'hui est effrayante.


Vu les bases posées par son illustre aîné, qu'apporte réellement ce nouveau Blade runner 2049 ?


Tout d'abord, il est à souligner que le scénario d'Hampton Fancher et Michael Green réalisé par le trés bon Denis Villeneuve tient la route. Et c'est bien là le plus important dans une suite. Cette idée que l'intelligence artificielle puisse devenir notre semblable en tout point (jusqu'à la procréation), nous dépasser dans tous les domaines et parvenir à nous dominer, vise juste. Stephen Hawking voit d'ailleurs l'humanité courir à sa perte si nous ne changeons pas notre notre manière de concevoir l'IA.
Quelques scènes tirent sur la fibre nostalgique du 1er film mais celles-ci sont savamment bien dosés. Mieux encore elle profite clairement au déroulement de l'intrigue principale.


Dans un second temps, il était tout aussi important de préserver et prolonger cette ambiance si particulière au 1er film. Et encore une fois, cette partie du contrat est remplie avec succès. Cet esthétisme de couleurs froides, sur fond violacé et bleuté, est poussé à son paroxysme avec les moyens technologiques actuels, avec de la nouveauté dans un Las Vegas orangé.
La photographie est indéniablement sublime, jonchée de paysages et de lieux jouant sur les couleurs, composant avec l'essence même de Blade runner.
La mise en scène est parfaitement exécuté et le réalisme qui s'en dégage est impressionnant. Nous sommes à des années lumières de tous ces films tapissés à outrance de fond vert, sans âmes et qui ne vous procure aucune émotion (coucou Marvel and co...).


Le film prend le temps de poser ses bases, d'assumer ses choix et de vous faire contempler son univers hypnotique, dépressif et noir. Pour ma part je n'ai ressenti aucune longueur (ce qui est rare pour un film de 2h45).


Avec Denis Villeneuve, le détail de chaque scènes, chaque plans est minutieusement travaillé. Les nombreux plans montrant Joe à bord de sa peugeot (LOL le placement Marketing) surplombant les différents environnements sont admirables et laisse sans voix. Notamment, ce plan somptueux au début du film, montrant un L.A surpeuplé, asphyxié, sombre, vidé d'humanité, qui résume bien le réalisme que veut influer le réalisateur. Ce réalisme est présent pendant la majeure partie du film, que ce soit dans ces immenses hologrammes en ville (Hello Time Square) la relation amoureuse réplicant/I.A holographique (qui pousse le vice à son comble), un Las Vegas radioactif abandonné (A quand la prochaine catastrophe nucléaire ?), des enfants travaillant à la chaîne (Hello la chine, le Bangladesh...), un arbre mort et des figurines en bois vestiges du vivant disparu ( Hello la destruction en cours de l'environnement).


Je trouve également le choix des acteurs très bon, Ryan Gosling est impérial dans son rôle de réplicant nexus 9, Ana de Armas en hologramme est éblouissante, Jared Leto qui vient nous questionner philosophiquement sur l'existentialisme, la religion, la conscience, est excellent également. Et notre bon vieux Harrisson qui tire son épingle du jeu en tant que 1er géniteur d'une nouvelle forme de vie.


La musique composée en partie par Hans Zimmer est pour moi un des principales défauts du film, très loin de l'enivrement ressenti par celle de Vengelis. Celle-ci est surtout présente pour plonger le spectateur dans l'action mais elle n'arrive jamais à dépasser ce simple rôle.
Le rôle de Sylvia Hoeks est un poil trop caricatural dans le rôle de la "méchante" et aurait gagné à être plus charismatique.
Réside également ce sentiment que le film apporte trop de réponses. Là où son aîné laissait bien plus la place à l'individu d'avoir recours à sa propre interprétation des choses, celui-ci nous apporte régulièrement trop de réponses. Les questionnements se font plus rares et le réalisme prend la place sur l'imaginaire.


Ce Blade Runner 2049, dépressif, anxiogène, esthétique, réaliste, hypnotique nous plonge intrinsèquement dans un futur croquis de notre monde tel vers quoi il s'engouffre actuellement.

JohnDurden
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le 5 oct. 2017

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JohnDurden

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