Blade Runner 2049 était tellement attendu au tournant que je pense que la communauté va se déchirer en deux (une fois de plus!) entre les fanas convaincus bien avant sa sortie qu'il s'agit indéniablement d'un chef d'oeuvre et les flemmards qui vont crier "booooooring" à la fin de la première heure...


Suite du mythique Blade Runner, il commence sur une enquête qui prend sa source dans les conséquences de la fuite de Rachael et Deckard à la fin du premier film. Joe (Ryan Gosling) est un replicant reprenant la fonction de Blade Runner et chassant les anciens modèles. À la suite d'une élimination, il trouve les traces d'un tombeau ayant abrité une replicant qui... aurait eu un enfant! Évidemment, il y a le côté humain voulant étouffer l'affaire et effacer au plus vite toutes traces de ce miracle et le côté pro-replicant qui voit en ce fait une véritable révolution se dessinant. Mais Joe lors de son investigation pour retrouver la trace de cet enfant va aller de surprise en surprise. Se pourrait-il qu'il soit... né?



You've found the key to civilisation, and all it'll cost you, it's everything.



On retrouve un monde surpeuplé, désolé et tout aussi dystopique que dans le premier. Par contre au niveau décor et animation de rue, je trouve le premier bien meilleur à ce volet-ci. Ici, tout est un peu trop statitque et vide à mon goût, les décors ont souvent un aspect 'maquette' et l'animation de la vie urbaine est plus propre sur soi et bien moins vivante en comparaison avec l'original. Mais celui-ci, surtout pour son époque, était incroyable à ce sujet!


Passé sa scène d'introduction, le film nous emmène dans un lent et étroit fil conducteur proche de l'anesthésie. Cela nous plonge dans un environnement proche du désert ou la solitude se fait sentir. Avant de prendre un nouvel essor via une amulette évoquant un souvenir lointain, un souvenir implanté, à moins que... Et c'est là que le film nous emmène dans une quête identitaire reprenant l'interrogation du premier de manière inversée (mais néanmoins similaire). Ce n'est plus un humain convaincu qui s'interroge sur la possibilité qu'il soit un replicant, mais un replicant usé qui se demande s'il n'a pas véritablement vécu... Et c'est dans cette quête identitaire que l'on va se poser les questions de savoir ce que cela signifie d'être vivant? Un hologramme le serait au final plus que bien des humains? Et à quoi sert la vie si elle ne sert pas de but?


Alors d'un côté technique, le film est incontestablement une réussite! Une photographie magnifique, de superbes plans, un casting irréprochable (si ce n'est Harrison Ford, mais bon, pas vraiment le choix sur ce coup-là) - les personnages féminins sont tous parfaits : ce qui constituent un produit alléchant. Mais la narration aurait pu être meilleure. La première partie du film est un peu trop lancinante à mon goût, alors que la deuxième partie qui est loin d'avoir un rythme effréné est juste canon. Mais cette première partie que j'ai eu du mal à digérer (je le reconnais) m'a semblé s'éterniser inutilement. Le film étant déjà relativement long, je ne suis pas certain que cela le sert véritablement. Qui plus est, certaines intrigues mériteraient plus de développement (c'est le cas notamment des motivations réelles de Wallace interprété par Jared Leto dont le rôle est très léger).



They do not know what pain is yet. They will learn.



Il manque aussi peut-être d'une scène véritablement marquante dans le fil conducteur du script. Mais une scène de sexe (que l'on ne voit pas, juste la séduction du départ) entre Ryan Gosling et son hologramme qui se synchronise à une replicant prostituée est juste canonissime! C'est à sa suite que le personnage de Joi (l'hologramme de compagnie de Joe) prend toute son envergure et casse réellement la frontière du rapport entre l'humain et la technologie de notre quotidien. Brillante scène et d'une beauté incroyable (rien que pour ce moment, je conseille de voir le film)!



I always told you. You're special. Your history isn't over yet. There's still a page left.



On peut finalement reprocher la bande son qui accompagne le film, souvent poussive et forcée. Pas une franche réussite de ce point de vue-là!


Et pour ceux que cela inquiéterait, aucun élément qui permet de déterminer si Deckard est, oui ou non, un replicant. Tout ce que l'on sait est qu'il a mis enceinte la petite Rachael (ce qui comme mon compagnon d'armes Morad me disait, Harrisson ne peut pas s'empêcher de faire dans toutes les sagas auxquelles il participe : SW, IJ, BR, ...).


Bref, une suite bien travaillée, avec une esthétique léchée (mais parfois trop statique que pour être véritablement énivrante) qui remet au goût du jour la notion de questionnement sur ce qu'est d'être et de servir quelque chose en fonction de sa condition de bien belle manière mais qui s'éternise trop dans sa première partie que pour être pleinement jouissive...


PS : Je veux bien la veste que porte Ryan Gosling en guise de cadeau de Noël.

Créée

le 4 oct. 2017

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