Quand on a aimé l'oeuvre visionnaire de Ridley Scott (uniquement sa version réparée pour ma part, quelle musique! Quelle photo! Quels decors! Quel Rutger Hauer! Mais là je ne t'apprends rien), et que comme moi on est amoureux de chaque coup de semonce distillé par Villeneuve sur le 7eme art depuis Incendies (pour ma part), on ne peut que gigoter d'excitation (


comme les lombrics de la récolte de Dave Bautista en debut de film


) en attendant que le miracle de la multiplication Blade Runner x Denis Villeneuve porte ses fruits devant nos yeux gourmands. La raison de mon excitation supreme venant de ma confiance aussi absolue qu'aveugle dans la maitrise cinématographique du cinquantenaire quebecquois. Et, sur ce point là, j'avais raison.


Le verdict pour ma part fut le suivant:
J'ai trouvé ce film quasi parfait, subjuguant et à couper le souffle...jusqu'aux 2/3, jusqu'aux résolutions, où toutes les limites d'un scénar finalement moyen nous explosent à la gueule, alors même que toute l'équipe technique du film fait elle sans coup férir un travail parfait jusqu'au générique.


Mais il convient de dédouaner Villeneuve : s'il est coupable d'une chose ici, c'est d'avoir porté sa paire en acceptant de mettre en scène le script de Hampton Fancher, Michael Green et du plus-très-bon-pour-le-service Ridley, ainsi que l'immense défi vraiment casse gueule de faire suite à un chef d'oeuvre d'un tel poids.Et très sincerement, on le remercie pour son panache. Sans lui on peut douter fort qu'on aurait eu quelque chose d'une telle qualité finale. On sent qu'il est bien la locomotive du projet, tirant le maximum d'une histoire bof.


Bon, pour poser directement le negatif , le problème de l'ensemble est le dernier tiers du métrage , où,


de la rencontre K/Deckhard au combat final emballant entre les 2 replicants


, la plupart des scenes tombent comme des cheveux sur la soupe, hormis


la scene avec l'hologramme géant


, très poétique.
En gros l'histoire est captivante, on est immergé et fasciné, et tout ça jusqu'au premier échange entre Deckard et K, qui s'avère être de mauvais gout (


qui citerait un passage de bouquin à quelqu'un venant interrompre plusieures années à se cacher?
-> scene tres wtf


). À partir de là, on ne rate que trop peu de poncifs des sagas épiques cinématographiques (


l'armée de replicants qui se dresse


),
d'incoherences (


comment K retrouve seul le convoi de Deckard?


),
Voire de n'importe quoi (


le coup du clone de Rachel.. gênant


).
Beaucoup avancent que le film est trop long, mais je ne peux abonder dans ce sens, ayant été vraiment choqué en fin de séance de constater à quel point 2h43 peuvent passer d'une si brève traite. Bien sur quand tes sens sont régalés à chaque seconde, ça aide...


Mais dans la globalité du truc, que de bonnes choses:
on aime voir evoluer ces androïdes et autres A.I. (Car ce sont bien eux les poumons du film), ils sont attachants avec leurs reactions émotionnelles d'enfants plus ou moins dotés de super pouvoirs, (


l'idée des larmes de Luv qui coulent d'elles mêmes, traduisant qu'elle est dépassée émotionnellement & l'idée que sa force, sa determination découlent de son besoin d'etre la fille la plus aimée du pere Wallace, illustré aussi par le "c'est moi la meilleure" à la fin, et puis l'espoir profond désesperé de K qu'il s'autoprojette via Joi d'etre quelqu'un de spécial


) tout ceci est touchant et intelligent, ces robots sont tres bien pensés et plus humains que nature. Ils prouvent que l'équipe de développement s'est bien creusé les meninges et avait des bonnes idées en stock, des choses à dire, des questions à poser. Sur le sens de la vie, sur l'éternelle question de ce qui fait de nous des humains, est-ce le fait d'être ou le fait de penser, est-ce le fait d'avoir une âme, et au fond qu'est-ce qu' une âme. Bref ce film n'est pas dénué de fond ni de problématiques comme j'ai pu le lire parfois.


D'un point de vue formel, comme tu as deja pu le lire ou le constater si tu t'es interessé à Blade runner 2049, ce film est un pur trip, une experience délicieuse. Visuellement c'est tout bonnement etourdissant et beau. Tellement réel, bien fait. La photographie, les décors: quel régal. J'aurais littéralement pu rester bien au dela des 163 minutes de projection, à ne faire que contempler la proposition esthétique de Villeneuve et R. Deakins, et les decors, accessoires, costumes.. L'univers imaginé très fidèlement au premier BR est fait d'hologrammes, d'un festival de sublimes couleurs froides, métalisées,


sauf au QG de Wallace et à Las Vegas


, où un or chaud et un orange oppressant prédominent. Le denominateur commun de tout ça est que tout est, d'un point de vue visuel, d'une beauté irréelle, avec des tours de force techniques comme bien sur


les hologrammes de Las Vegas ou la re-création de la Sean Young de 1982 numériquement


(bien que la scene soit définitivement une mauvaise idée, whatthefuckement inutile), mais même plus simplement


les trajets en Peugeot volante


, tout est si impressionnant que ça en ferait presque peur, les limites de ce qu'on peut faire de nos jours en terme d'effets speciaux etant repoussées si loin..


Sur la musique, bien que le score composé par Zimmer et Walfisch ne soit pas un terrassant et beau rève et un classique instantané comme celle de Vangelis le fut jadis, elle reste de sacrément bonne facture et immersive, et son utilisation par Villeneuve à certains moments clés est de très bon gout (


le combat final y gagne beaucoup d'un point de vue épique, j'ai apprécié egalement le moment où K vole vers San Diego et on profite d'un plan sur de l'eau s'écoulant d'un barrage mis en musique avec des synthés si beaux que l'ensemble m'a fait frissonner


).


Dans le cast et les personnages se trouve quelques uns des points négatifs et quelques mauvais choix, je pense à Hiam Abbass en Freysa


la chef de la rebellion replicante


mal ecrite et mal interprétée, et evidamment J. Leto,


dans l'inutile mais traditionnel role du demiurge caricatural sadique qui tire les ficelles tout en élucubrant sur l'histoire de l'humanité dès lors qu'il sort de sa boite, la bouche pleine de loghorrées abscontes, et, bien entendu, avec des motivations incomprehensibles, le jeu ne valant jamais objectivement la chandelle pour ces mechants-là, mais ils s'en foutent, ils sont méchant et ils tuent, c'est comme ça. Si au moins son age était réaliste, car sauf erreur de ma part, il est censé deja peser très lourd au debut des années 2020 de l'univers blade runner, or il ne semble pas avoir plus de 50 ans en 2049.


Bon allez soit. Sinon H. Ford semble aussi cachetonner sur les bords.
Par contre, le reste de la distribution est tres propre et consciencieuse, le choix de Gosling


dans le manteau du flic-cyborg


est a conjuguer au plus-que-parfait. Ana de Armas est bien castée aussi dans le role de la fille iréelle car parfaite (et vice versa). Sylvia Hoeks est excellente


en robot exterminateur, sorte de T-1000 de chair et de larmes


. Enfin Dave Bautista arrive à etre bouleversant en une petite poignée de minutes d'apparition.


Je colle donc un 8/10 à BR2049, bien que d'habitude le scénario est ce qui est le plus sacré et ce qui pose les base no1 de la qualité du film. Ici le scénario n'est pas à s'auto-flageller, il est très très nettement en dessous du niveau global du film, mais la mise en scène l'emporte très largement. Pour son travail sur ce film, Villeneuve peut (comme d'hab) regarder de tres haut ses congenaires, et dans les yeux le Ridley Scott du premier (bien que 2049 ne soit pas un chef d'oeuvre de la trempe de la claque de 82). La maitrise de l'ensemble, la maestria technique est elle à se crever les yeux et fera date, contrairement à l'histoire en elle-même. En ce sens, ce film est finalement en revanche peut etre plus comparable à Avatar.


Edit: revu en VF, et c'est particulierement atroce, et meme nanardisant, donc n'y allez-y qu'en VO, voila ma recommandation no:1

Pili_
8
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le 17 oct. 2017

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Pili_

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