Sans en être l'un des nombreux adorateurs, j'aime beaucoup le Blade Runner original du père Scott. L'annonce, trente-cinq ans après, d'une suite au film, devenu culte entre temps, avait de quoi inquiéter les amateurs. Et pour cause, les suites tardives brillant rarement par leur qualité. Mais, et il y a un mais, c'était ici Denis Villeneuve qui allait officier. Loin des tâcherons souvent dévolus à ce type de projets, le réalisateur canadien était un choix pertinent, pour un pari très risqué... et qui s'avère concluant.


Blade Runner 2049 est une franche réussite. Si je dois bien avouer que, dès l'annonce de Villeneuve à la barre, je n'étais plus inquiet, tant le bonhomme avait signé jusque-là une filmo sans faute, l'ampleur du projet, encore inédite pour lui, aurait pu avoir raison de son talent. Dieu merci, ce n'est pas le cas. Villeneuve livre un film aussi maîtrisé que ses précédents, très personnel et respectueux du film original.


Plus long d'une heure que son aîné (!), Blade Runner 2049 jongle avec brio entre les reliques de l'original et la nouveauté nécessaire à la réussite du projet. La mise en scène de Villeneuve est toujours aussi folle, le montage est exemplaire (les 2h45 passent sans aucun temps mort), la photo de Roger Deakins sublime comme d'habitude, et même la bande-son de Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch est à la hauteur.


J'étais particulièrement inquiet sur ce dernier point, surtout après l'éviction tardive de Jóhann Jóhannsson, lui qui avait offert de sublimes bandes-son aux précédents films de Villeneuve, mais force est de constater que ses deux successeurs ont assuré. Je reste évidemment frustré de ce remplacement de dernière minute, et intimement convaincu que sa partition aurait été meilleure (j'espère d'ailleurs qu'elle aura les honneurs d'une sortie d'ici quelque temps), mais la musique finale m'a malgré tout satisfait. On ne côtoie évidemment pas les sommets du travail de Vangelis sur le premier film, mais son héritage est sauf.


Bonne surprise aussi du côté du casting. Tout le monde s'avère très convaincant. Dave Bautista est surprenant, Jared Leto et Sylvia Hoeks inquiétants comme il faut, Ryan Gosling impeccable comme toujours, et Harrison Ford parfait. Ça fait vraiment plaisir de le revoir jouer un bon rôle dans un bon film. Et là, je ne résiste pas à l'envie d'aborder la comparaison avec Le Réveil de la Force, dans lequel il reprenait déjà trente ans après l'un de ses rôles mythiques. Si j'ai beau avoir plus d'affection pour le personnage de Han Solo, son traitement médiocre dans le film de Abrams n'était pas arrivé à susciter en moi autre chose qu'une indifférence polie. Même sa mort (ouais, je spoile sans vergogne, t'as vu ça) m'avait laissé parfaitement insensible. Ici, en revanche, le traitement du personnage est très réussi, et Harrison Ford, très bien dirigé, y est très juste et parfois même émouvant. J'ai ressenti avec Deckard ce que j'aurais aimé ressentir avec Han Solo. Ne reste plus qu'à voir ce que va donner son ultime retour dans le rôle d'Indiana Jones l'année prochaine.


Bref, je ne m'étends pas plus : j'ai adoré, et je crois pouvoir dire que j'ai préféré ce Blade Runner 2049 à l'original. C'est beau, c'est fascinant, c'est puissant, c'est intelligent.


Maintenant, Denis, si tu me lis : signe pour le prochain James Bond.

ServalReturns
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le 14 oct. 2017

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ServalReturns

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