Pour vous poser le décor, je ne suis pas fan de Denis Villeneuve et de son compagnon musical, Johann Johannsson (R.I.P bien que vous n'ayez jamais réussi à composer selon moi un seul thème marquant) qui n'ont fait qu'enchainer les films que j'ai trouvés surcotés (que se soit Sicario, Premier Contact et Ennemy).


Mais vu que Denis Villeneuve s'est rendu compte que Johann Johannsson serait trop différent de Vangelis, il a décidé de prendre Hans Zimmer, un très bon compositeur qui bosse beaucoup avec Nolan et qui gratifie souvent d'ambiance minimaliste mais épique !


Et Benjamin Wallfish qui a fait les compositions du remake de ça, mais encore là je trouve que Denis Villeneuve n'a pas choisi la bonne personne, mais c'est mieux que Johann Johannsson donc ça allait (à la place de Villeneuve j'aurais tout fait pour que Vangelis fasse les musiques ou j'aurais demandé à Radiohead de s'occuper de la BO car quand j'écoute des morceaux comme Nude, Nationnal Anthem ou n'importe quel morceau de Kid A ou OK Computer, je trouve que le tout aurait marché, avec cette ambiance dystopique et les choeurs de Thom Yorke, ce Blade Runner aurait eu de la gueule).


Le casting était bon mais avec des interrogations: Ryan Gosling (dans La La Land et Only God Forgives il est très bon voire excellent dans Drive), Jared Leto (même si il est un Joker peu convaincant, il a joué dans Dallas Buyers Club et Requiem For A Dream où il est très bon), Batista (qui est un bon catcheur et qui s'est fait remarquer pour sa performance dans les Gardiens de la Galaxie) et Harrison Ford qui était ma plus grande interrogation sur si oui ou non il allait s'investir dans le film car dans ses dernières suites, il ne fait que le minimum syndical.


Alors que je pensais que Blade Runner 2049 était dans de beaux draps, j'ai appris qu'Hampton Fancher (qu'il avait annoncé comme son meilleur script) était au script avec Michael Green (mais vu que ce qu'il écrit c'est en majorité très très mauvais, je pense qu'il n'a que peu contribué au scénario, pour vous donner un exemple de ce qu'il est capable de faire, c'est lui qui a écrit Green Lantern le film, Alien: convenant et Le Crime de l'orient-express) et Ridley Scott (qui est également le producteur du film).


Et rien que la présence du scénariste du premier me redonna espoir en ce film !


L'histoire se passe comme son titre l'indique en 2049, où des humanoïdes issus du génie biologique, appelés réplicants, ont été intégrés dans la société pour assurer la survie de l'humanité. et dans cette société dystopique nous suivrons K, l'un des plus récents modèles conçus pour obéir, travaillant comme Blade Runner au LAPD. Sa mission consiste surtout à pourchasser et éliminer les anciens modèles délinquants.


Et une fois au cinéma, eh bien finalement, la réal de Villeneuve comparé à celle de Ridley Scott est inégale et exagérément déprimante dans sa première partie (sans parler du montage qui ne laisse jamais au film le temps de respirer), je m'explique, Denis Villeneuve oublie l'esthétique du premier Blade Runner qui était certes sombre mais avait énormément de lumière (le premier plan de Blade Runner est juste dingue alors que c'est une maquette avec en fond la musique de Vangelis !) pour jouer avec le concept du : c'est dans les ténèbres les plus fortes qu'on y trouve la lumière la plus vive.


Le premier plan de ce Blade Runner 2049 est quasi identique à l'un des premiers plans du premier sauf que là on ne voit pas dans son regard la réflection de la ville et une flamme, là on a juste le regard d'un Réplicant pour ensuite s'ensuivre sur un décor brumeux rappelant l'europe de l'est, assez déprimant et très vite on se rend compte qu'il y a très peu de musique ... en effet, dans ce Blade Runner 2049, les musiques sont tellement peu présentes qu'on dirait un film muet ... Vangelis avait réussi à faire la BO parfaite, indissociable de l'oeuvre dont elle est extraite, tant elle fait partie d'elle, là on a des thèmes de Vangelis recyclés (qui reste les thèmes les plus mémorables bien qu'ils font fan service) et des bruits du même synthé que Vangelis joué par Zimmer et Wallfish avec des percussions insupportables.


Peut-être pour véhiculer le malaise de K mais vu qu'il est un replicant …


Après on arrive dans Los Angeles et la ville est désertique, dans le premier Blade Runner (même si on sentait l'univers post-apo), la ville était vivante et là, qu'est-ce que Los Angeles manque de vie, dans tous les plans j'ai l'impression que la ville ne vit qu'autour de K (le plan de la bande-annonce est flagrant).


Alors au revoir le côté oppressant, presque claustrophobique, bonjour le manque d'imagination, bonjour la facilité, même si au vu des court-métrages, il y a eu une nouvelle catastrophe dans la ville à cause d'une attaque de Réplicants, la ville devrait tout de même être vivante !


Les autres gros problèmes du film sont le fait que globalement le film est trop lisse, dans des oeuvres comme le premier Blade Runner, Blame de Tsutomu Nihei, Gunnm de Yukito Kishiro ou encore Ghost In The Shell que ce soit le manga de Masamune Shirow que le film de Mamoru Oshii, on sent la crasse de l'univers, un malaise s'installe, malaise avec lequel les auteurs jouent pour inviter son public dans un panel divers d'émotions, là il n'y a rien …


Bref, je vais maintenant passer à quelques points positifs, tout d'abord, je tiens à féliciter le chef op., Roger Deakins qui dès qu'il arrête de trop s'inspirer de Jordan Cronenweth et tentent des choses comme lors du passage à Las Vegas ou lors des passages chez Wallace arrive à donner des plans incroyables malheureusement desservit par le montage ... le nombre de plans supérieur à 10 / 15 secondes est extrêmement rare, le film en devient indigeste car il ne développe jamais rien ... et si vous voulez un exemple prenez la scène où K trouve le cheval, la scène est interminable car Villeneuve ne sait pas quoi faire ...


Deuxièmement, l'écriture, Hampton Fancher n'a pas écrit là son meilleur script, mais il a réussi à bien développer et amener la recherche d'humanité au personnage de K (ou Joe) grâce à de petits souvenirs et des discussions des autres réplicants ...


Mais au final, très vite dans le film, on se rend compte qu'il n'est pas un humain, que ce soit dans sa manière d'interagir avec sa copine (Joi), lors de la scène où il rencontre la résistance ou même à cause de la scène où la vraie fille de Deckard pleure quand elle voit ce fameux souvenir, il y a un parallèle intéressant avec Pinocchio (comme AI de Spielberg) dans le sens où K se demande tout du long s'il ne serait pas l'enfant d'une union entre humain et réplicant, un vrai petit garçon !


Un parallèle peut aussi être établi entre Roy Batty et K car leurs parcours sont en eux-mêmes très proches: ceux de réplicants voulant rallonger leur vie !


Ironiquement on remarque qu'a la fin, la fille de Deckard est protégé des ambitions de la résistance et Wallace alors que sa prise de positions d'un côté ou d'un autre aurait pu bouleverser le monde !


Mais bien qu'Hampton Fancher fît tout en sorte pour que l'on commence à humaniser K, je n'en avais rien à faire !


Et pourquoi ? C'est simple la manière de découper ne nous plonge pas assez avec K, les scènes censées nous prendre d'empathie manque d'ambiance et de finesse du coup, ces scènes deviennent moins impactantes et le visionneur a du mal à n'être qu'avec K alors que le film ne suit quasiment que lui …


La mise en scène de Villeneuve est si faible que tout du long en tout cas, je n'ai pas réussi à avoir d'empathie pour K, la refonte du mythe de Pinocchio marchait bien mieux dans AI ...


Troisièmement, le jeu d'acteur, Ryan Gosling est excellent, toujours dans un jeu minimaliste mais qui sait quand impressionner son public.
La servante de Wallace, Luv joué par Sylvia Hoeks et qui est la réelle antagoniste du film est pas mal (à part dans la scène de fin), son côté sexy / austère a eu le don de me séduire :) (mon côté Larson commence à refaire surface)


Ana de Armas est très bonne mais sa résolution est expédiée en une seconde quand Luv écrase son boitier mais bon sang, la mise en scène est encore une fois toute pourrie et on ne ressent jamais d'empathie pour son personnage alors qu'elle est un élément central de l'intrigue et de la recherche d'humanité de K (d'ailleurs lors de la scène où elle essaye de faire l'amour avec K, aussi bien la mise en scène que la musique sont tellement mauvaise que tout ce que la scène aurait pu apporter aux personnages paraît accessoire, tout le contraire de cette même scène dans Her de Spike Jonze qui a une mise en scène d'une grande efficacité et des musiques discrète, mais servant le propos surtout celle où Joaquin Phoenix chante avec Scarlett Johansson pour offrir l'une des plus belles scènes du film)


Les seuls bémols sont : Harrison Ford … ça m'ennuie mais dans ce film, il n'en a rien à faire, il vient juste chercher son chèque !


à part la scène de combat dans le casino, il ne s'investit pas, surtout lors de la scène où Wallace recrée Rachel (la CGI est d'ailleurs bluffante), il n'essaye même pas de se sentir concerné alors que Deckard normalement face à Rachel qui est morte en donnant naissance à son enfant devrait lui faire quelque chose au début, jusqu'à ce qu'il voie qu'elle n'a pas les mêmes yeux que Rachel mais non, Harrison Ford n'a pas voulu jouer le jeu ... donc cette scène qui aurait dû nous prendre aux tripes se finit par une simple balle dans la tête de la clone de Rachel et nous laisse vides d'émotions, alors que justement le premier Blade Runner communiquait énormément d'émotions différentes en prenant aux tripes ... Je n'ai pas eu l'impression de voir Deckard mais la princesse Peach qui subit le film !


Et Jared Leto qui joue Wallace aka le nouveau Tyrell qui avec ses monologues teintés de questions méta-physiques sur comment créer cet enfant prophète ou comment tromper la mort arrive à attiser la curiosité mais niveau implication, il est limite ... de plus, Jared Leto subit encore une fois, le syndrome Suicide Squad où on ne le voie que trois fois et son arc narratif n'est pas résolu, pour le coup Hampton Fancher a mal joué le coup !


En bref, un film qui n'est pas totalement mauvais sans qu'il soit pour autant bon et pour la suite d'un film comme Blade Runner c'est loin d'être suffisant !


Un petit dernier pour la route afin d'encore plus illustrer mon propos, lors de la scène avec les hologrammes, cette fois-ci le jeu de lumière est excellentissime, la dichotomie entre Elvis Presley et ce futur dystopique est très cohérente problème : il n'y a pas de découpage et le montage est pourri, ça cut toutes les 5 secondes, la musique qui suit et précède le rock du morceau d'Elvis est inexistante (comme dans tout le film à part quand Villeneuve remet des thèmes de Vangelis et à ce moment il aurait fallu en mettre un), de plus, il n'y a aucune préparation à cette scène et c'est là qu'on se rend compte que même quand il y a un matériel intéressant la mise en scène est totalement nulle ...


Après Villeneuve fait des efforts,


(lors de la scène avec l'hologramme où K se rend compte que Joi avait été programmé pour donner le nom de Joe, qui est excellente avec l'impression qu'elle est un démon, ou lors de la scène de fin où on a une sorte de Pietà inversée dans le sens où K a cru être l'enfant prophète alors que ce n'était pas le cas, mais a décidé de se sacrifier pour aider Deckard à retrouver sa fille à la place de le tuer ou de le laisser à Wallace, il se couchera alors, accueilli par la douce étreinte de la neige symbole d'innocence et de pureté exactement comme la Vierge Marie qui prend son fils dans ses bras après qu'il se soit sacrifié)


mais ce n'est pas suffisant, Roger Deakins fait du très bon boulot quand il installe sa patte, il y a des questionnements cohérents mais il n'arrive pas à la cheville du premier, j'ai beau adorer le cyberpunk, jamais au grand jamais, je m'ennuierais à faire une analyse philosophique de ce film, il tente tellement de tout résoudre que ça en devient chiant alors qu'avec le premier, j'ai de quoi faire une dizaine de pages d'analyse philosophique ou d'analyse de théories, tant il a de quoi faire !


Pour que ce film se rapproche du niveau du premier, il aurait fallu que Nicolas Winding Refn se charge du projet, qu'Harrison Ford se donne à fond et que Vangelis revienne ou bien que Radiohead s'occupe de la BO, là on aurait surement eu avec le même casting, un grand film !


Là j'ai vu un épisode banal de Black Mirror ou un remake fade de Her, pas la suite logique du légendaire Blade Runner …

Albator_Larson
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le 30 sept. 2018

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Albator_Larson

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