La virtuosité au service de l'ennui

Bon voilà, je l'ai enfin vu. J'ai adoré le premier et quand ils ont annoncé une suite qui ne sera pas réalisée par Ridley Scott, je me suis dit "sans moi". Par la suite, j'en ai un peu entendu parlé, certains disant que c'est une daube mais beaucoup le qualifiant de chef d'oeuvre.

Le film est super bien réalisé, c'est clair: de très beaux plans par ci, par là avec parfois une réalisation inventive. Le casting est parfait (à part une exception), rien à redire. La bande-son est superbe avec des thèmes dans le ton. Bon bah alors qu'est-ce qui va pas?

Bah déjà le scénario. On s'en fout. Franchement, j'ai jamais été happé par l'histoire. La trame de l'histoire d'amour et du héros et de l'IA aurait pu être vraiment touchante mais tombe tellement à plat. Par exemple, le fait de ne pouvoir sentir le contact avec l'être aimé n'est que peu abordé, ils "s'embrassent" au début virtuellement et n'ont pas l'air d'être frustré de ne pas avoir de contact... Puis au milieu du film le thème débarque comme une brique quand l'IA paie une prostituée pour se "synchroniser" avec elle. Ils font leur affaire et hop! On est bien content, on en parle plus. Bah non, ce n'était pas sa peau, ni son odeur et l'IA n'a juste rien senti. Il aurait été plus tragique qu'il la repousse pour ces raisons à ce moment-là. Cela aurait rendu encore plus poignant la séparation plus tard dans le film. Et puis le personnage de l'IA est juste vide et servile donc on y croit pas des masses. La trame paraît cousu de fil blanc au début mais les vrais coups de bambou arrivent bien trop tard.

Et les "méchants" du film. Je n'utilise pas ce mot habituellement mais car c'est très cliché et réducteur mais justement, dans ce cas-là, ce terme leur va comme un gant. L'actrice jouant l'assistante surjoue dans le genre femme fatale ultra cruelle et le personnage de Jared Letho est l'archétype du magnat du business mégalomane qui nous assomme en philosophies de bas étage et expositions de ses plans de conquête du monde. A un moment, on se croirait presque dans une série B des années 60, le rire machiavélique en moins.

Enfin, Denis Villeneuve oblige, c'est long, mais LONG. Entre les dialogues lourds et à rallonge et les plans sur des étendues floues et désertiques ou des mégalopoles sombres et... juste sombres en fait, bah je me suis quand même pas mal emmerdé. Je veux bien avoir des plans atmosphériques mais faut avoir une direction artistique derrière sinon ça sert à rien.

Au final, j'ai trouvé ça plutôt moyen et je n'ai pas résisté à l'envie de regarder ce qui se passait sur mon téléphone par moment, chose qui ne m'arrive que rarement devant un film. Villeneuve style quoi!