Blade Runner, the original, repassait en séance UGC Culte cette semaine, sortie de BR2K49. L'occasion de revoir ce film que j'aime beaucoup, dont l'univers m'a pas mal marqué. En sortant de la séance, je m'étais dit "Un film comme ça ne pourrait plus être fait aujourd'hui."


C'était sans compter que le lendemain, je courrais voir sa suite.


Que Blade Runner 2 existe pouvait faire peur, mais qu'il existe de cette manière rassure tout de suite : 2h43, Denis Villeneuve, la final cut de Denis Villeneuve, tout portait à croire que ce nouveau Blade Runner avait évité l'écueil dans lequel il aurait été facile de tomber, c'est-à-dire faire un film de SF/action banal avec un Ryan Gosling sexy, pour rameuter des gens de maintenant, qui n'ont pas connu le 1er. Parce que Blade Runner est un film en avance sur son temps : à sa sortie en 1982, tout le monde disait "hum lol c pas ouf on comprends rien", et aujourd'hui encore il est pas hyper facile d'accès pour tout le monde (je connais pas mal de personnes, de mon papa fan de SF à mes potes fans de ciné, qui disent qu'ils ont du mal, qu'ils s'endorment devant, qu'ils pigent que dalle).
Bref tout ça pour dire que le nouveau Blade Runner est un film qui prend autant de risques que le 1er et qu'il vaut le détour rien que pour le mérite de proposer un vrai truc dans la continuité du chef d'oeuvre qu'est devenu le 1.


Mais pour ce qui est de ma vision des choses, je suis incapable de dire si je l'ai aimé ou pas. C'est quand même fou. Disons que ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, ce qui est en soi une bonne chose, mais du coup, ça s'avère décevant. En fait ce que j'avais adoré dans le 1er, c'était l'univers, c'était les décors, l'ambiance tant visuelle que sonore, les claviers de Vangelis, tout ce qui conférait au film une atmosphère à la fois sombre et belle, presque poétique, très contemplative. Je m'étais laissé hypnotisé par ça comme un enfant, et je m'attendais à retrouver la même chose dans le 2. Grosse erreur, hehe. Car Blade Runner 2049 n'est, en premier lieu, pas le même film (nan mais c'est bien de le repréciser quand même), donc normal que ce soit différent, et, en second lieu, est autant le nouveau Denis Villeneuve que le nouveau Blade Runner. C'est à 100% un film de Denis Villeneuve. Et j'ai pas mal de mal avec Denis Villeneuve.


Denis Villeneuve, pour moi, c'est un peu comme Radiohead : tout le monde s'accord à dire que c'est un génie, qu'il a énormément de talent, et ce qu'il fait est parfois mainstream et là ça passe, parfois totalement biscornu, indescriptible, expérimental, froid, et de ce fait difficile d'accès pour le grand public. Exemple : Premier Contact : très bien. Enemy, Sicario : je hais.


Dans Blade Runner 2049, exit les villes avec pleins de néons (presque exit puisqu'on en voit quand même), exit la musique très mélodique de Vangelis, on part pour une ambiance très grise, froide, glaciale même. Les paysages sont déserts et grisâtres, la musique est constituée de bruitages très rauques, dissonants (genre un moment y'a un Heeeeeeeeuuuuuuuuuuuuuuuuuu assez imposant). Je suis pas vraiment rentré dedans à cause de ça, déçu de pas avoir mes synthés et mes néons partout. Mais je suis idiot, parce que comme je le disais c'est pas le même film, et en plus là ça se passe genre 30 ans après, dans les cendres d'un Black Out, donc c'est normal que une ambiance post-apo tristounette pèse un peu. En plus quand j'y réfléchis, dans un monde de machine sans âme, cette ambiance est LOGIQUE. Mais elle m'empêche de rentrer dans le film, c'est quand même con.


Il y a souvent de très bonnes idées malgré tout, liste exhaustive c'est parti :



  • Le bout de BO de Hans Zimmer, "Misa", qu'on entend pour la 1ère fois lorsque K décolle pour l'orphelinat en s'envolant au dessus de la mer, est très beau (là c'est mélodique j'aime bien).

  • La scène d'amour entre Ryan Gosling, Joi, et la prostituée, ces 2
    dernières "fusionnant" l'une dans l'autre en transparence, et donnant
    lieu à des images assez incroyables de doubles-mains qui déshabillent
    Ryan.

  • Toute la scène chez la Dr. Stelline, fabricante de souvenirs, toute sa conception d'un goûter d'anniversaire est assez folle à regarder

  • Toute la scène chez Deckard, dans cette ambiance totalement orangée, avec ces immenses statues de femmes qui se dressent dans le sable. Et dans le casino, avec les hologrammes d'Elvis et de Marilyn qui pop comme ça en buggant, c'est assez déstabilisant.

  • Le design des bureaux de Wallace, le nouveau Tyrell : un palais orange avec des reflets d'eau everywhere.

  • La fin, avec le retour du thème original repris par Hans, lorsque Ryan s'allonge dans la neige. C'est tout simplement beau, voilà.

  • Bon je le cale ici histoire de redire ce qui a déjà été dit, mais la lumière est magnifique en tout point, ces jeux d'ombres, de couleurs chaudes et froides, c'est vraiment super beau quoi. Il y a déjà des images qui deviennent instantanément iconiques.


Et puis, on y vient, la thématique traitée. Je vais tenter d'écrire ce que j'en ai compris.


Deckard et Rachel, après la fin du 1er, se sont enfuit, et ont pu survivre car ce sont des Nexus 8 et non des Nexus 6, de ce fait ils peuvent vivre plus de 4 ans. Normalement incapables d'éprouver des émotions, nos deux amis androïdes ont su être plus humains que l'humain, et se délivrer l'un l'autre de cette incapacité à avoir des émotions. Et ils ont eu un gosse. Ou deux en fait. Disons que techniquement, ils ont une fille, qui a été déclarée "inapte" ou un truc du style et qui vit recluse dans un laboratoire à créer des souvenirs pour les autres répliquants. Mais en est-elle elle-même une ? Car techniquement, c'est la fille de 2 machines, donc c'est une machine, mais en même temps, c'est la FILLE de 2 machines. Donc elle est née. Donc elle a une conscience, une âme. Mais ça, c'était en partant du principe que Deckard est un répliquant. Si Deckard est un humain, et qu'il a eu un enfant avec un répliquant, mais ça ouvre encore plus de choses ma parole. La fille est-elle totalement humaine ? Répliquante ? Both ? Olalalalala
Elle crée donc des souvenirs pour les répliquants, et un jour, un des répliquants dont elle a créé le souvenir, l'agent K, découvre que ce souvenir n'est pas artificiel, qu'il est réel. Que quelqu'un l'a vraiment vécu. Mais est-ce lui ? L'agent K est-il cet enfant, dans l'orphelinat, qui a brûlé son cheval de bois ? Est-il donc le fils de Deckard ? Est-il le frère du Dr Stelline, qui aurait mis son propre souvenir dans sa mémoire pour le mener à elle et à son père ? OU ALORS est-il "la même personne" que le Dr. Stelline, qui se serait servie d'un pauvre répliquant pour lui permettre de retrouver son père, vu qu'elle est enfermée dans un labo ? Tant de questionnements sur l'identité, ce qu'on est et ce qu'on croit être. Dans le 1er film, Rachel et Deckard sont des répliquants qui ne savent pas qu'ils sont répliquants, ils pensent avoir toujours été humains. Ici, K croit avoir toujours été un répliquant, et se pose la question de savoir s'il est, peut-être, plus humain qu'il ne le croit. Oh c'est fou. K serait peut être quand même le fils "spirituel" de Deckard, au sens où il est un répliquant qui va sortir du système dans lequel il vit pour mener une révolution. Et puis à partir du moment où il a les souvenirs de la fille de Deckard, il existe, il vit en tant que fils de Deckard.


C'est dingue. En écrivant ça, je me rends compte que ça soulève pleins de questions, de thèmes super intéressants et profonds, et le film les parsème tout du long dans une atmosphère très opaque, brumeuse, sans te le servir tout cuit. J'ai envie de le revoir. Olalalalala. Ce film renferme bien des choses j'ai l'impression.


Il faut que j'aille le revoir.

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le 7 oct. 2017

Critique lue 475 fois

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Zliott

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