J'avais revu le premier Blade Runner en prévision de la sortie du second, histoire d'y apposer un regard peut-être plus... "éduqué" cinématographiquement parlant, mais j'avais trouvé qu'il avait un peu vieilli, tout en gardant en tête que pour l'époque ce devait être un chef d'oeuvre visuel.
J'avoue avoir regardé le second plus par culture cinéma que par réelle attente indomptable et, très certainement aussi, parce que Denis Villeneuve était derrière la caméra. Voilà donc pour le contexte : je ne suis pas un fan de la première heure.


Ce second opus est une claque visuelle et sonore comme on en voit peu. Exit les habituels duo tone bleu/orange pour dire que l'on va vous parler de SF (bon, faut croire que l'affiche elle n'a pas su y échapper). Ici la réalisation et la photographie jouent avec de multiples palettes de couleurs, de nombreuses ambiances approchant parfois le monochrome... et dieu que c'est beau !!! La composition, la lumière, les textures et l'atmopshère sont justes formidables ! Là où la musique m'avait fait décroché dans le premier volet, elle a eu ici le temps d'évoluer et de mieux coller à ce que l'on peut attendre d'une ambiance cyberpunk. La mise en scène est juste fabuleuse et certains plans, que dis-je, TOUS les plans sont mémorables.


Côté jeu d'acteur on est ici approche ici aussi la perfection. Si la production a eu la possibilité de s'offrir des têtes d'affiche, elle ne cherche pas pour autant à nous vendre ces produits comme mais bien à les insérer, les infuser, dans l'ambiance. Les introductions des personnages sont constamment progressives, nous laissant appréhender la personnalité avant l'acteur.


Au final la seule chose qui me manque pour ajouter l'étoiles manquante c'est une histoire plus... prenante. Ok l'éveil de nouvelles espèces, surtout dans le domaine Cyborg, Robot, sont l'apanage de la SF et il aurait été un peu maladroit de crier au spectateur l'importance que ceci revêtait, mais à part un monologue de Wallace ou du lieutenant Joshi, on peine à réellement prendre la mesure des implications dans l'univers dépeint ici.


Autre point, si au long du film on reste énigmatique (mais pas trop) dans le déballage d'informations, j'ai été étonné que par deux fois on prenne quelques secondes avec un montage flashback pour s'assurer que l'on a perdu aucun spectateur. C'est assez bizarre et ça tranche avec la trame générale autrement utilisée, ça fait limite sortir du film surtout quand on peut deviner bien avant ce qui ne deviendra même pas un twist du fait de ce montage.


Par contre j'ai grandement apprécié de s'éloigner de L.A. ou simplement quitter le décor noir, sombre, noir et ténébreux de l'habituel cyberpunk pour découvrir d'autres pendants du Post Apo. La décharge, Vegas, la campagne californienne, la côte océanique, etc... tous ces décors sont juste grandioses et nous immergent à 100% dans ce monde d'où la nature a tout bonnement disparu.


De façon notable Blade Runner 2049 va aussi au delà du premier film qui nous présentait la complexité de déterminer l'humanité d'une machine comme le faisait Asimov, Ian Banks en littérature ou encore Westworld en ce moment sur HBO ; ainsi on se penche sur l'éventuelle implication d'une espèce qui, sans avoir la stature humaine, pourrait prendre son émancipation via la reproduction... mais aussi une porte ouverte sur la nécessité d'une enveloppe charnelle pour "être" en plaçant une intelligence holographique sous les projecteurs.


Difficile d'y distinguer les rares humains mais si l'inhumanité ou l'espoir dont font preuve les IA et Cyborgs de cet opus sont indéniables, alors pourquoi ne pas les considérer équivalents aux humains ? Par ailleurs, en quoi devrions-nous forcément nous demander s'ils peuvent être comparés à l'Homme s'ils peuvent d'eux même devenir une civilisation, une espèce, de même ordre ?


A l'heure où l'on nous ressort des dizaines de sequels insipides d’œuvres majeures des 80s/90s, Blade Runner 2049 se hisse aux côtés de Mad Max Fury Road ou Terminator 2, sur le podium des suites qui éclipsent allègrement leurs volets prédécesseurs.

Créée

le 3 févr. 2018

Critique lue 167 fois

kry

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