"Les androïdes rêvent-ils de licornes qui gambadent ?"

Blade Runner fait partie, avec Star Wars et Alexandre, des films ayant été le plus de fois remaniés par leur réalisateur. Entre la version workprint, la version ciné, la director's cut de '92, le final cut, on a de quoi se perdre. Ainsi, difficile de dire quelle version est la mieux : certains préféreront le Final Cut de 2007 qui, comme son nom l'indique, reflète à l'exactitude la vision de Ridley Scott, d'autres resteront fidèles à la première version qu'ils ont vue et revue depuis des décennies. Cette "première" director's cut, sortie en 1992 et chez nous un an plus tard en vidéo sous le titre La Nouvelle version de Blade Runner (puis en DVD en 2006 avec l'appellation Director's Cut), est toute autant importante que sensiblement différente.

Scénaristiquement parlant, cette version se veut supérieure au film sorti en salles : plus énigmatique mais également plus explicite dans ses thématiques (Deckard est-il oui ou non un réplicant ?), elle supprime le haddy ending sur la route et rajoute la fameuse séquence du rêve de la licorne, point central de toutes ces interrogations, expliquant l'origami laissé par le policier Gaff à Deckard à la fin du film original. Un détail légitimement équivoque qui rajoute du mystère à une intrigue quant à elle inchangée. Pareillement, l'atmosphère se modifie avec le retrait de la voix-off, appréciée par beaucoup, qui appuyait le côté "film noir" adéquat au film, avec ce héros taciturne déblatérant des monologues intérieurs sous fond de jazz.

Au final, on pourrait dire que cette version, plus rare et moins sanglante, porte bien son nom et reste en définitive la version finale du film. Le Final Cut rajoutera, lui, des broutilles comme des plans alternatifs et remettra les scènes les plus gore de la version '82, le tout auréolé d'une remasterisation intégrale. Bien entendu, autant voir directement la version de 2007 pour une meilleure qualité et l'intégralité des changements.