Je sors du remake de Blanche Neige et les Sept Nains des studios Disney au titre amputé de référence aux personnes de petites tailles réalisé par Marc Webb (après les "Amazing Spiderman" que je n’ai pas vu).
J’ai tendance à me préserver des critiques avant de découvrir un film, mais dans ce cas, l’écho des reproches adressés à cette œuvre a été tellement puissant qu'il m’était impossible de l’ignorer : des actrices principales aux prises de positions politiques controversées, un irrespect du matériau d’origine, un discours accusé de wokisme à outrance, et une esthétique terriblement laide
Pour ce qui est du premier reproche, je ne pense pas qu’il soit utile de s'intéresser outre mesure aux prises de positions de nos si brillants et réfléchis acteurs hollywoodiens qui ont, bien souvent, pour principaux talents d’être cinégénique, d’arriver à l’heure sur un plateau de tournage et savoir être de bonne humeur sur commande quand il s’agit de rencontrer fans, photographes ou journalistes. De plus, reprocher à une œuvre la personnalité d’un de ces interprètes ne me semble pas avoir beaucoup de sens.
Concernant le second reproche et le suivant, ils se rejoignent naturellement, Blanche Neige 2025 étant considéré comme infidèle à l'œuvre d’origine parce que wokiste. Certes, ce film n’est pas en tout point semblable à son prédécesseur et c’est pour le mieux ! Qui souhaitait réellement que, comme ce fut le cas avec l’atrocement ennuyeux Roi Lion, ce film reprenne plan par plan l'œuvre de 1937 pour le transposer bêtement en live action ? Un film d’animation à des particularités qu’un film en prises de vues réelles ne doit pas reproduire s'il ne veut pas être totalement à côté de la plaque. Qui plus est, les ajouts et modifications sont plutôt bienvenues, enrichissant le background de la petite histoire par une vision plus générale du contexte dans laquelle elle se déroule.
Oui, l’héroïne ne s’éprend plus d’un homme du seul fait de son statut social mais par une histoire impliquant une réciprocité dans les actes permettant de faire naître le sentiment amoureux. Oui, elle fait prendre conscience à ces partenaires qu’ensemble ils seront plus forts unis que divisés et ne se contente pas de les servir/séduire en échange de leur aide. Sérieusement, qui aurait souhaité que le film soit fidèle à des représentations aussi datées et nauséabondes que celles présentes dans la version contemporaine de Walt ?
Et puis je me suis souvenu qu’en 2025 l’homme le plus puissant du monde s’est fait élire sur un programme reposant sur la haine de la diversité et que Bob Iger (Directeur général de The Walt Disney Company), sentant le vent tourner, à récemment déclaré « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif n°1. Nous devons d’abord divertir. Il ne s’agit pas d’envoyer des messages ». Donc quand Blanche Neige passait le balai pour des personnages infantilisés du fait de leur petite taille, il n’y avait pas de message? Ayant, par la force des choses, pris bullshit en 2eme langue durant toute ma carrière professionnelle je vous offre ici ma traduction: « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif n°1. Nous devons d’abord nous mettre bien avec le pouvoir en place. Il ne s’agit pas d’envoyer des messages contraires à ceux qui sont en mesure de nous faire payer plus d’impôts ». Les haters peuvent donc se réjouir, ce film est probablement le dernier de chez Disney à se permettre de telles outrances.
A propos du procès en laideur du film, je conseille aux personnes se sentant en accord avec ce reproche de ne jamais se risquer à regarder le remake de Pinocchio, ils risqueraient de perdre la vue par brûlure de la rétine et ainsi manquer toute future occasion de critiquer une oeuvre péchant soit disant par excès de wokisme (et de ce fait perdre tout prestige social puisque celui-ci était principalement basé sur la contestation de ce fléau détruisant notre belle civilisation). Mais il serait malhonnête de sauver le film à l’aune de cette comparaison qui ferait passer Olivier Baroux pour un génie de la réalisation avec la quadrilogie des Tuche. Blanche Neige oscille entre le bon pour les costumes; le moyen pour les décors très “parc Disneyland”, plutôt raccord avec cet univers hors du temps et enfantin, mais manquant parfois de profondeur; et le médiocre concernant les sept amis de la princesse. L’idée d’en faire des créatures magiques en CGI aurait pu fonctionner si l’exigence technique avait été au rendez-vous, ce n’est ici, comme pour les animaux de la forêt, clairement pas le cas.
Ma critique des critiques étant terminée, voilà ce qu’elle aurait pu donner si j’avais vécu dans la chaumière de nos mineurs numériques ces deux dernières années. J’ai vu un film sympathique que je montrerais volontiers à un enfant pour qui j’aurais de l’affection (si je le déteste ce sera le remake de Pinocchio). L’histoire valorise la beauté intérieure, l’entraide et la diversité, valeurs pas très à la mode mais chères à mon cœur. Les chansons inédites sont entraînantes et font avancer le récit, les reprises sont correctement adaptées à cette nouvelle histoire et titillent ma corde nostagique. La reine est suffisamment inquiétante pour impressionner les plus jeunes tandis que les adultes pourront s’amuser de son attitude kitsch à souhait. On est loin de la radicalité de l'œuvre originale à la fois émerveillante et terrorisante mais la revisite de ce conte, trop lisse pour marquer les esprits, reste plus que convenable.