Lors de ses débuts en animation, Walt Disney adaptait, très librement, dans de courtes saynètes comiques, les grands contes populaires, allant même jusqu’à s’approprier la jeune Alice de Lewis Carroll pour l’embarquer dans divers Pays des Merveilles. Ce sera, et c’est toujours, la marque de nombreuses productions des studios. Pour son passage au long-métrage, le dessinateur ne fait pas autrement, et pour ce premier film, sorti en 1937, le génie américain de l’animation porte ainsi à l’écran celluloïd la légende de Blanche-Neige.


Sauce Walt Disney oblige, ici



l’auteur pose déjà les jalons de ses productions à venir



avec notamment la narration ponctuée de chansons, les animaux souriants et affairés dans le sillon des personnages principaux, avec encore une forêt lugubre, personnifiée de visages effrayants, terrible, lors d’une angoissante fuite. Avec le jazz, et ce fulgurant solo de batterie lors d’une improvisation collective dans la maison des nains. Avec un heureux emprunt à l’histoire de Boucle d’Or pour narrer l’intrusion de la pâle princesse dans le réduit crasseux des ardus travailleurs. Avec beaucoup d’humour tendre et léger pour emballer le tout dans une atmosphère de nature tour à tour bienveillante, protectrice, et menaçante. Avec finesse. Toujours proche des personnages autant que du récit. Avec un peu d’amour évidemment, et beaucoup d’amitiés surtout. Blanche-Neige et les 7 Nains, en ce sens, est bien l’étalon de ce qui orientera le choix des projets principaux et leurs développements au sein des immenses studios du maître.


L’animation, ce n’est pas une surprise non plus après ses innombrables expérimentations passées, est superbe pour l’époque. Petit joyau d’histoire. Même si les visages humains ne sont pas des plus transcendants, là encore les jalons des atmosphères Disney s’imposent. La personnification d’animaux identifiables est la règle première, la caractérisation évidente des héros autant que des personnages secondaires, les décors habités de détails parfois animés viennent s’ajouter aux codes en écriture. L’ensemble compose, magiquement,



un ensorcellement visuel admirable :



l’animation est fluide, agréable. Les animaux sont mignons, chacun des sept nains ne peut renier son caractère, et les séquences chantées sont enchanteresses. Tout y est de l’univers de conte de fée assumé autant que réinventé.


Le scénario, évidemment, reste bien maigre, autour de la jalousie et de la beauté fanée. Blanche-Neige victime de ses doux attraits autant que sauvée par ceux-ci. Le propos est léger, sans surprise, un peu cruel même, et la morale n’est pas encore au rendez-vous.


Il s’agit bien d’un coup d’essai.

Magistral,



où tout est déjà là de ce qui sera la signature de l’artiste : un plaisir enfantin dédié aux plus jeunes comme aux plus âgés, un rythme de mélodies qui s’harmonisent en de nombreuses chansons, une petite dose d’humour, une grosse dose de tendresse… En un premier long-métrage, après plus de quinze ans à écrire, dessiner et produire d’innombrables cartoons, Walt Disney amenait là, avec passion et ambition, une douce niaiserie dans le conte de fée, tout en rappelant combien c’était un genre plus cruel qu’il n’y paraissait jusqu’alors.
Et le public retombait en enfance.


Malgré ses faiblesses naïves, indispensable évidemment.

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le 22 déc. 2016

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