Bleeding Steel
4.1
Bleeding Steel

Film DTV (direct-to-video) de Leo Zhang (2017)

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Je sais que je devrais arrêter d’attendre quelque chose de chaque nouveau film de Jackie Chan. Surtout après le calvaire qu’auront été ses dernières bobines. Chinese Zodiac, c’était mauvais. Skiptrace, c’était mauvais. Kung Fu Yoga, ce n’était pas mauvais, c’était très mauvais. Railroad Tigers et The Foreigner sont à priori bons, mais je ne les ai pas vus. Je devrais sans doute arrêter de m’infliger déception sur déception et juste garder en mémoire tous ces films de Jackie qui ont bercé mon enfance et mon adolescence. Mais non, je suis têtu, j’insiste, et je m’inflige son dernier gros film en date, Bleeding Steel de Leo Zhang. Bleeding Steel, c’est quoi ? C’est une comédie d’action de science-fiction à tendance cyberpunk MTV. Oui, tout ça. Mais surtout, Bleeding Steel, ce n’est pas bon, et ça rajoute un Jackie Chan de plus à ma liste « Putain, faut que j’arrête de regarder les nouveaux Jackie Chan ».


Bleeding Steel, c’est un gros budget chinois de 65M$US réalisé par le jeune Leo Zhang dont c’est le 2ème film, qui a envie de concurrencer les grosses machines hollywoodiennes au box-office local. Outre Jackie Chan, dont c’est la première incursion dans la science-fiction, on retrouve dans le casting la jeune chanteuse taïwanaise Nana Ouyang (To The Fore de Dante Lam), le jeune comédien/chanteur Show Lo (The Mermaid de Stephen Chow), la jeune Erica Xia-Hou dont c’est le premier film, Callan Mulvey (Batman vs Superman, la série Hartley Cœur à Vif) ou encore la jolie Tess Haubrich (Alien Convenant).
Le film commence pourtant très bien dans ses 15 premières minutes. On est dans quelque chose de noir, de dramatique, avec en prime une fusillade, presque gore par moment, et moult effets pyrotechniques. Le ton est extrêmement sérieux, violent, désespéré, sans aucune once d’humour, pour une scène qui aurait carrément pu faire office de final à un bon polar HK mâtiné de SF. On se dit que, punaise, si tout le film est comme ça, y’a moyen de passer un excellent moment ! Mais passé cette introduction qui déménage, le film prend des airs plus « jackychanesques », avec l’ajout de gags enfantins et de bastons un peu plus de son cru. Pourquoi ce changement de ton ? Pourquoi ne pas rester dans un style très noir comme cette introduction ? Certes, j’ai aimé Jackie Chan, comme beaucoup, pour ces films mélangeant humour, bastons et cascades. Mais aujourd’hui, ça ne fonctionne plus, c’est redondant, c’est fatiguant. On a pu voir qu’il était très à l’aise sur des films sérieux (New Police Story par exemple) et que le public l’avait suivi et acclamé pour cela. Même s’il reste leste à 64 ans, il est clairement temps de se renouveler…


Parce que là, ce n’est même plus amusant, et on tombe dans le ridicule. Bleeding Steel accumule parfois les clichés à un point que ça en devient grotesque. Mais le pire reste l’accumulation d’invraisemblances dans son scénario et son montage. Les scènes s’enchainent souvent de manière étrange, comme s’il manquait un liant entre elles. Elles pourraient presque être indépendantes chacune dans son coin (il n’y a qu’à voir les 15 premières minutes comparées au reste) et c’est de toute façon le scénario de manière générale qui n’a aucun sens. Bleeding Steel a le cul entre deux chaises, mais deux chaises tellement éloignées qu’on a du mal à aller de l’une à l’autre. La partie Cyberpunk d’un côté, l’autre tout à fait « normale » de l’autre. Pourquoi ces soldats en armure complète futuriste ? D’où sort cette technologie de cœur en métal ? Tout cela aurait pu être intéressant si tout l’univers du film tournait autour mais ce n’est pas le cas et il préfère nous raconter les querelles de cantine de la jeune héroïne, ou nous faire subir une pseudo scène d’action absurde avec une statue en forme de main qui finit en doigt d’honneur. On ne l’avait pas du tout vu venir dis donc…
Car même les scènes d’action (outre la première donc) sont à coté de la plaque. La baston au sommet de l’opéra de Sidney aurait pu donner quelque chose d’excellent si la mise en scène n’avait pas été ratée, mais en l’état actuel des choses, c’est simplement raté. On n’y croit plus. Et cette shaky cam par moment, arrêtez ça ! Le film finit en apothéose avec un final parmi les plus cons qu’il m’ait été donné de voir (le bras coupé et… sa suite). On se consolera avec le générique de fin et, comme d’habitude chez Jackie Chan, son bêtisier qui nous montre en plus des extraits du tournage de la première scène et ses vrais effets pyrotechniques nous prouvant une fois de plus que ça a une toute autre gueule que des CGI dégueulasses.


Malgré un début excellent, Bleeding Steel rejoint très rapidement Kung Fu Yoga, Skiptrace et autres Chinese Zodiac au rayon des films récents de Jackie Chan qu’il faut oublier. Passez votre chemin, ce n’est pas bon. On se demande parfois comment Jackie Chan choisit ses films…

cherycok
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le 26 juil. 2018

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